Développer des technologies nouvelles et accentuer son attractivité

Quand Sonja Frères reprend les rênes de Soclima en janvier 2020, l’entreprise spécialisée en HVAC pour les bâtiments industriels et tertiaires célèbre ses 40 ans. L’année ne sera finalement pas à la fête. Bien que, depuis, les crises se succèdent, la directrice générale surmonte un à un les obstacles et nous dévoile comment elle entend «faire briller le diamant qu’elle a entre les mains» malgré la conjoncture actuelle. Interview.

 

Pouvez-vous nous présenter Soclima?

Depuis sa création en 1980, Soclima se place parmi les leaders du secteur HVAC au Grand-Duché de Luxembourg. L’entreprise est spécialisée en chauffage, ventilation, climatisation, sanitaire et régulation au sein des bâtiments du secteur tertiaire et industriel. Nos activités comprennent un volet «projets», dédié à l’étude et à la réalisation des travaux neufs, et un volet «services», incluant les services après-vente comme les travaux de rénovation, d’aménagement, de maintenance et de dépannage des installations.

Soclima a d’ailleurs de belles références au Grand-Duché: l’entreprise a réalisé plusieurs installations d’une certaine envergure, entre autres dans les bâtiments de PricewaterhouseCoopers, de Deloitte et d’Auchan (Kirchberg et Cloche d’Or), dont elle assure la maintenance encore aujourd’hui. Parmi les chantiers en cours, citons celui de la future maison de soins Elysis à Esch-sur-Alzette, celui du complexe scolaire de Berchem, le nouveau site de SEBES à Eschdorf ou encore le parking du pôle Cloche d’Or. Nous honorons également d’importants contrats de maintenance, pour ArcelorMittal par exemple, dont nous maintenons les installations de tous les sites en production de froid. Ce sont autant de références dont nous pouvons être fiers.

En collaboration avec les autres sociétés du groupe Socom, nous pouvons proposer une large gamme de prestations couvrant toutes les techniques du bâtiment.

 

Depuis votre arrivée à la direction de Soclima en janvier 2020, vous êtes confrontée à une succession de crises…

Certains considèrent que je n’ai pas eu de chance. Pourtant, je n’ai pas été plus désavantagée que quiconque: personne n’aurait pu être préparé à la situation que nous avons connue ni à celle que nous vivons aujourd’hui. Évidemment, ce n’est pas ainsi que j’imaginais mes débuts au sein de la société, mais j’essaie d’avancer pas à pas, en cultivant un climat positif. Au plus fort de la crise du Covid-19, le challenge résidait dans le débat social et la mise en place d’une communication saine par rapport aux mesures que nous devions adopter. Contrairement aux crises précédentes, celle-ci a été marquée par un certain turnover sur le marché. Si nous avons été relativement épargnés par ce phénomène, nous avons tenté de prendre des mesures afin de fidéliser notre personnel, principalement en essayant d’être à l’écoute de chacun. Cela me semblait d’autant plus important que le secteur est confronté à un manque de personnel qualifié. Or, sans ses collaborateurs, que ce soit sur le terrain ou au bureau, une entreprise comme la nôtre ne peut fonctionner. Soclima est forte d’une équipe de 180 personnes à ce jour et chacune d’elles est un maillon indispensable de la chaîne. Maintenant que la crise sanitaire ralentit, nous tentons de récréer plus de liens avec notre personnel.

Aujourd’hui, ce sont surtout les augmentations des prix, que je ne peux qualifier que d’explosives, qui nous préoccupent. Certains matériaux ont augmenté de 80% alors même que nous avons souvent négocié des marchés forfaitaires non révisables. Ainsi, si nous n’avons pas à nous plaindre de notre carnet de commandes actuel, la question est de savoir si celles-ci seront profitables à la société; d’autant plus que l’inflation s’accompagne d’indexations plus fréquentes et d’augmentations du salaire minimum qui impactent également les affaires. Tous ces éléments représentent un challenge quotidien. Associés aux problèmes de livraison et aux retards de chantier en général, ils nous forcent à jouer au Tetris avec nos projets… Mon quotidien est de décider des prix de travaux à long terme sans savoir de quoi demain sera fait… une vraie partie de poker. Évidemment, Soclima fait partie d’un groupe stable et peut compter sur un actionnariat qui fait preuve de beaucoup d’empathie compte tenu de la situation.

 

Quant à la crise énergétique, vous pousse-t-elle plus rapidement sur la voie des énergies renouvelables?

Notre idée est de nous diversifier, notamment en fournissant du conseil énergétique et en proposant plus de concepts d’énergies renouvelables. En collaboration avec le groupe, nous avons la possibilité de proposer un large éventail de solutions permettant un développement durable. Notre rôle est d’accompagner davantage nos clients dans le choix de leurs installations. En collaboration avec les bureaux d’études et les architectes, nous devons tenter de mettre en place un concept énergétique plus pertinent. Ce dernier n’est pas forcément le moins cher à l’investissement, mais l’est bien souvent sur la durée. Avec l’augmentation des prix de l’énergie, l’écosystème est aujourd’hui plus ouvert aux discussions et tend à se défaire des approches à court terme.

 

Quelles sont vos perspectives de développement pour l’avenir?

Nous souhaitons, bien sûr, continuer à participer à des projets d’envergure, mais aussi développer nos services afin de répondre aux attentes de nos clients qui deviennent de plus en plus exigeants. Nous devons étendre nos compétences dans l’automatisation, la régulation ou encore le BIM pour nous engager sur la voie des Smart Buildings. Nous devrons investir des ressources opérationnelles et financières pour relever les défis qui accompagneront l’émergence de ces bâtiments intelligents. C’est pourquoi nous recherchons et engageons dès aujourd’hui certains profils spécifiques et comptons promouvoir la formation de notre personnel.

Globalement, il s’agit de fournir un travail de qualité, bien documenté et de développer des technologies nouvelles pour accentuer notre attractivité. À cet effet, nous avons commencé la digitalisation de plusieurs processus. Ces évolutions informatiques nous permettront d’optimiser et de moderniser notre manière de travailler, mais aussi de réduire l’impact environnemental de l’entreprise (grâce à une diminution des déplacements et de la consommation de papier, entre autres).

Soclima est bien plus qu’un installateur chauffage/sanitaire et sa visibilité sur le marché n’est sans doute pas à la hauteur de sa valeur. À ce jour, elle réalise un chiffre d’affaires de plus 22 millions d’euros et a déjà servi plus de 400 clients. À mes yeux, c’est un diamant qu’il faut encore tailler et polir. Mon rôle sera de le faire briller!

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