Entre histoire électrisante et avenir lumineux

Depuis sa création en 1971, Socom S.A. conçoit, installe et maintient des systèmes ou sous-systèmes dans l’industrie, les infrastructures et le tertiaire. Au fil du temps, le leader dans le domaine des installations électriques au Luxembourg s’est adjoint les compétences de quatre entreprises partenaires pour offrir aujourd’hui une solution globale: de l’installation électrique à la serrurerie en passant par la sécurité (incendie) et les solutions en HVAC. Si dans le groupe le courant passe, le secteur n’en est pas moins aux prises avec de profonds bouleversements qui mettent le métier sous tension. Marc Thein, président du comité de direction, se prête à un jeu de questions-réponses qui dévoile comment le groupe entend faire du changement une force!

 

Pouvez-vous revenir sur l’histoire de Socom?

Socom a été fondée en 1971 afin de soutenir le milieu industriel, principalement l’ARBED (aujourd’hui ArcelorMittal) et Goodyear. En quelques mois, ce n’étaient pas moins de 150 salariés qui œuvraient pour ces deux premiers clients (qui lui sont restés fidèles jusqu’à ce jour). Au fil des années, et en réponse à la crise sidérurgique, l’entreprise a proposé ses services au secteur tertiaire (en équipant hôpitaux, écoles, maisons de retraite et autres bâtiments administratifs ou commerciaux), tout en diversifiant ses activités dans l’industrie pour finalement offrir des prestations variées relevant aussi bien des métiers traditionnels de l’installation électrique (courant faible, courant fort) que de métiers spécialisés comme le contrôle-commande, les systèmes de sécurité, le montage mécanique ou les réseaux de communication. Depuis quatre ans, Socom s’adresse également au secteur des infrastructures en proposant des services relatifs à l’aménagement de tunnels et parkings, aux énergies renouvelables – notamment le photovoltaïque – ou encore à l’électromobilité. Toutes ces activités – qui génèrent un chiffre d’affaires annuel de presque 120 millions d’euros rien que sur le marché luxembourgeois – sont menées de front par ses 700 salariés.

Un one-stop shop luxembourgeois capable de gérer le génie technique sur un chantier de A à Z

En un demi-siècle d’existence, la société a participé à bon nombre de projets aujourd’hui emblématiques du Luxembourg, comme la «tour rouge» qui abritait les bureaux de la BIL à Belval, l’ancien bâtiment de la Banque européenne d’investissement ou les hauts-fourneaux de l’ARBED. Plus récemment, elle a réalisé l’installation électrique du centre de données de Betzdorf ou encore celle qui permet de recharger le premier camion électrique du Grand-Duché. L’un de ses projets les plus remarquables demeure tout de même celui du tram. Socom a procédé à l’installation des lignes électriques, à l’équipement de quatre sous-stations d’énergie et a mis en place la signalisation routière et ferroviaire ainsi que l’éclairage public. D’ailleurs, le 11 septembre vient d’être inauguré le tronçon du tram vers Bonnevoie, l’un de ses projets également. Actuellement, nous prenons part à d’autres chantiers d’envergure comme ceux des projets SkyPark de lux-Airport ou GRIDX à Wickrange et participons à l’installation de grands parcs photovoltaïques.

 

Aujourd’hui, Socom forme un groupe avec quatre autres sociétés. Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à vous développer en ce sens?

Au fil du temps, Socom Participation S.A. a fondé ou racheté d’autres sociétés dans le but de créer une alliance d’entreprises luxembourgeoises appartenant aux mêmes actionnaires et dans laquelle pourraient se développer des synergies. Aujourd’hui, Buffadini, Omnis (née de la fusion de Nic. Olinger S.A. et Omnisecurity S.A.), Ginge Kerr, Soclima et Socom font partie de ce groupe et travaillent main dans la main, pour le plus grand bénéfice de leurs clients. En effet, si Socom est retenue pour intervenir sur un champ de panneaux photovoltaïques, Omnis pourra installer les supports et Ginge Kerr en garantir la sécurité incendie. De même, nous pouvons satisfaire une clientèle qui demande l’installation des techniques du bâtiment au complet: Soclima interviendrait sur le volet HVAC (chauffage, sanitaire, climatisation) et Socom sur l’électricité, de la moyenne tension au courant faible, par exemple. Ensemble, nous offrons à notre clientèle un one-stop shop luxembourgeois capable de gérer le génie technique sur un chantier de A à Z.

Par ailleurs, il est plus facile de faire face à la pénurie dans une grande famille! Par exemple, au niveau du personnel, les opportunités que nous pouvons offrir, notamment en matière de formation, attirent sans doute davantage de candidats vers nous.

 

Justement, votre groupe recrute activement. Quel message souhaiteriez-vous adresser aux candidats potentiels?

Aujourd’hui, malheureusement, les jeunes gens qui frappent à notre porte le font par dépit et plus par vocation comme cela a pu être le cas à une certaine époque. Devenir électricien, menuisier métallique ou serrurier est bien souvent une option sur laquelle ils se rabattent après un échec scolaire. C’est pourquoi nous devons absolument revaloriser le secteur de l’artisanat. Non seulement il souffre d’une image très traditionnelle, mais il a aussi la réputation de mal payer. Il est vrai qu’un apprenti gagne relativement peu, mais passé les trois années d’apprentissage, il a la possibilité de faire une belle carrière en devenant chef de projet, chef de chantier ou chargé d’affaires. Pour preuve: bon nombre de salariés qui ont commencé leur carrière chez Socom la terminent chez Socom!

Un groupe comme le nôtre se doit d’être précurseur en offrant au marché ce qu’il ne demande pas encore!

La représentation du métier est erronée elle aussi. Les jeunes s’imaginent qu’un électricien fait des saignées et tire des câbles à longueur de journée. Ce n’est en réalité qu’une partie de son travail, qui tend d’ailleurs à s’amenuiser tant la profession évolue à vitesse grand V. Aujourd’hui, nous utilisons beaucoup d’ordinateurs, devons avoir des notions de programmation, etc. C’est devenu un tout autre métier auquel nous pourrons les former tout au long de leur vie professionnelle. Par ailleurs, j’aimerais rappeler aux jeunes qui ont participé aux grèves mondiales pour le climat du vendredi que travailler dans l’artisanat, c’est contribuer à la mise en œuvre concrète des solutions écologiques qui corrigeront les erreurs de ma génération.

 

Quels sont les défis que le groupe devra affronter au cours des prochaines années?

Un groupe comme le nôtre se doit d’être en permanence à l’écoute du marché, voire d’être précurseur en offrant à celui-ci ce qu’il ne demande pas encore! C’est un défi pour nombre de sociétés. À l’heure du «tout fait», on peut se demander si, demain, les bâtiments ne seront pas fournis avec les techniques déjà incorporées, ce qui ne nécessiterait plus que l’intervention d’un informaticien. Un scénario peut-être fantaisiste mais qui traduit certaines craintes quant à l’évolution du métier. Celui-ci ne risque pas de mourir de sitôt, car beaucoup de bâtiments demandent encore à être rénovés, mais l’image de l’électricien qui réalise des saignées à coups de marteau et de burin va disparaître petit à petit. C’est pourquoi nous développons aujourd’hui d’autres activités, comme la gestion informatique de l’énergie, et nous intéressons à de nouvelles technologies telles que l’hydrogène, encore faiblement représenté sur le marché.

Pour faire face au changement, Socom et ses partenaires pourront compter sur une équipe de direction jeune et motivée qui a pris la relève de la génération précédente partie récemment à la retraite. Le renouvèlement des différentes directions a sans conteste été un grand succès. Désormais, nous sommes prêts à affronter les 50 ans à venir!

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