Strassen mise sur la qualité de vie

Limitrophe de la capitale luxembourgeoise, Strassen a tout pour plaire et jouit d’une très belle attractivité. La commune n’a pas cessé d’évoluer depuis le début du millénaire, en témoigne le nombre d’habitants qui croît d’année en année. L’aménagement du territoire est une question clé devant être étudiée mais aussi maîtrisée car elle doit prendre en compte une multitude de paramètres. Nico Pundel, bourgmestre de Strassen depuis février 2021, présente les projets et les grands défis d’une commune qui mise sur la qualité de vie et le vivre-ensemble.

 

Pouvez-vous présenter la commune de Strassen en quelques mots?

Strassen est située au centre du Luxembourg, à quelques minutes de la capitale. Géographiquement bien située, notre commune compte aujourd’hui 10.300 habitants. Parmi eux, 63% sont des résidents étrangers. Notre localité s’est fortement développée ces dernières décennies, si bien qu’elle se classe en 12e position parmi les communes les plus peuplées alors qu’elle est l’une des plus petites du pays en superficie. Il fait bon vivre à Strassen même si des pistes d’amélioration au niveau de la qualité de vie sont toujours en cours de réflexion!

 

Quels sont les projets phares menés actuellement par votre commune?

Depuis 2018, nous travaillons sur le chantier au niveau de la route d’Arlon qui s’étend du centre de Strassen jusqu’aux thermes. Plusieurs projets ont été votés, notamment le déplacement du terrain de football, situé juste derrière notre administration communale, vers le centre aquatique. À la place, nous y établirons une école pour le cycle 2. Ce projet d’un budget de 25 millions d’euros est en cours de conception. Nous espérons démarrer sa construction en 2025 dès lors que le premier match de football sera joué sur le nouveau terrain. Ce projet entre dans le cadre de notre stratégie «Strassen 2030».

Le collège échevinal et moi-même fourmillons d’autres idées mais devons avancer pas à pas. Quelques projets me tiennent particulièrement à cœur, comme celui de l’aménagement d’une maison des jeunes, avec un skate-park situé près du terrain de beach-volley.

Nous avons également ouvert, en quelques jours seulement, la «maison ukrainienne», peu après le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine. L’«Ukrainescht Haus Stroossen» a été inaugurée le 10 mars dernier en présence du ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn. Celle-ci a pour vocation d’être un lieu d’échange, d’aide et de rencontre pour tous les réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays.

Plus généralement, nous souhaitons nous améliorer dans les plus petits détails, en particulier au niveau de la qualité de vie et de la convivialité à Strassen. Cela passe par plusieurs initiatives telles que des concerts que nous avons organisés dans le parc, une plage que nous avons installée en juillet, la mise en place de panneaux d’informations situés sur la route d’Arlon ou bien la création d’un nouveau Gemengebuet plus informatif et moderne. En bref, il est primordial de d’abord penser aux besoins de nos citoyens et de maintenir le contact avec eux pour être au plus proche de leurs préoccupations.

 

Vous avez notamment été la première commune luxembourgeoise à avoir adopté l’application Hoplr…

Effectivement, Hoplr est un réseau social fermé et limité aux habitants d’une même commune. Celui-ci a pour objectif de renforcer les liens dans la «vraie vie», contrairement à la plupart des réseaux sociaux. Nous avons instauré l’application en collaboration avec la Commission de l’intégration pour échanger des informations locales, proposer des services sans démarche commerciale ou encore permettre à nos citoyens de se rencontrer plus facilement. Tout y est centré sur la vie locale! Si l’un de nos concitoyens a besoin d’un outil, d’une aide pour réparer un objet, d’un baby-sitter ou remarque des agissements suspects dans la rue, il peut en faire part sur Hoplr. L’inscription est totalement gratuite. Nous prenons en charge l’entièreté des coûts dans le cadre de notre politique de renforcement de notre tissu social.

 

Vous disiez que votre commune est composée de 63% de résidents étrangers. Qu’en est-il de l’intégration et de l’inclusion sociale à Strassen?

Nous avons un responsable qui s’occupe entièrement de ce volet. Notre commune est la deuxième du pays concernant la proportion de résidents étrangers par rapport au nombre d’habitants. Nous organisons chaque mois un «Café de Babel» permettant à nos citoyens issus de diverses cultures et parlant différentes langues de se rassembler.

Un club de course à pied, «No speed limit» est actif dans notre commune. Il est aussi un exemple d’intégration: chaque mercredi soir, un groupe de personnes aux horizons différents se rejoignent, enfilent leurs baskets et courent dans la forêt! Cela permet de sympathiser et de rassembler les Strassenoises et Strassenois. Pour celles et ceux qui ne sont pas friands de jogging, le club organise depuis peu un «walk and talk». Les promeneurs se retrouvent pour pratiquer le luxembourgeois tout en se baladant dans la nature. Diverses festivités sont également organisées afin de favoriser le vivre-ensemble dans notre localité.

 

Strassen est également l’une des communes les plus onéreuses du Grand-Duché concernant l’immobilier. Malgré tout, elle reste très attractive. Que proposez-vous en matière de logement à coût modéré?

Dans le cadre de certains PAP, nous achetons des terrains aux promoteurs pour les remettre sur le marché sous deux formes: bail emphytéotique ou location sociale. Nous souhaitons vivement donner une chance à tout le monde d’habiter à Strassen, notamment aux jeunes. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas pouvoir garder nos jeunes Strassenoises et Strassenois au sein de notre commune… qu’ils quittent pour s’installer plus loin où les prix sont moins élevés. Nous disposons déjà de plus de 40 appartements loués à titre de logements à coût modéré. Nous tenons à ce que la qualité de construction de ces logements soit identique à celle des autres habitations.

Installer des «tiny houses» sur différentes parcelles détenues par des propriétaires souhaitant louer leur terrain

Récemment, nous avons eu l’idée d’opter pour des «tiny houses». Ce sont des petites maisons conçues pour maximiser l’espace et les fonctionnalités. Nous projetons d’en installer sur différentes parcelles détenues par des propriétaires souhaitant louer leur terrain et ne désirant pas construire dans l’immédiat. Nous visons notamment les «Baulücken» sur lesquels nous installerons ces habitations que nous louerons ensuite à des prix défiant le marché locatif actuel. Modulaires, les «tiny houses» ne nécessitent aucune fondation. Seuls les raccordements à l’électricité, à l’eau, aux eaux usées, à internet, etc. doivent être effectués. Si le propriétaire en question souhaite récupérer sa parcelle, nous enlevons et déplaçons la structure sans la démolir. Nous sommes convaincus que ce projet est une réponse adaptée à la crise du logement actuelle dans notre commune, mais aussi à l’échelle du pays.

 

Comment gérez-vous la croissance annuelle de la population?

Strassen a connu une très forte croissance de sa population ces dernières années, passant de 6.000 habitants en 2000 à 10.300 en 2021. Environ 200 personnes s’installent annuellement dans notre commune. Il est ainsi nécessaire de prévoir nos infrastructures publiques en fonction de ces évolutions. Par exemple, 7,5% de notre population sont inscrits dans notre école fondamentale. Sur 200 personnes, cela représente en moyenne 15 enfants de plus qui côtoient nos infrastructures scolaires, soit une salle et une classe supplémentaire par an. Ces chiffres sont stables.

Partant de ce constat, nous avons inauguré la nouvelle école fondamentale Antoine de Saint-Exupéry en septembre 2021. Cette structure modulaire s’élève sur trois étages et a été conçue pour être à la pointe de la technologie en matière de durabilité. Elle a obtenu la certification DGNB qui récompense les constructions durables respectueuses de l’économie circulaire.

 

Justement, quelle place accordez-vous au développement durable et aux aspects liés à l’économie circulaire dans votre commune?

Tous nos projets sont construits sous le prisme de la durabilité. Notre commune est d’ailleurs engagée dans le Pacte Climat et nous disposons d’une Climat Team au sein de laquelle tous les citoyens peuvent se rassembler pour travailler sur ces sujets. Celle-ci a développé de nombreuses idées et activités qui sont toutes liées de près ou de loin à l’économie circulaire et à la préservation de l’environnement telles que des «repair cafés» ou des vide-greniers. Par ailleurs, nous avons aussi instauré l’antigaspi dans nos écoles.

En outre, les toits du nouveau complexe scolaire Antoine de Saint-Exupéry et du bâtiment communal ont été conçus pour accueillir des panneaux photovoltaïques. Nous prévoyons d’en installer très prochainement afin de profiter de l’énergie solaire et d’être plus respectueux de notre environnement.

Nous avons enfin opéré à une refonte des taxes déchets pour limiter le contenu des poubelles grises.

 

Strassen a énormément évolué ces dernières années. Comment voyez-vous la suite du développement de votre commune?

Nous avons tellement grandi qu’il est aujourd’hui difficile d’améliorer une qualité de vie déjà très haute. Lorsque nous étions une commune plus petite, c’était plus facile. Plus une commune se développe, plus elle entreprend des initiatives globales, c’est un fait.

Penser aux besoins de nos citoyens et maintenir le contact avec eux pour être au plus proche de leurs préoccupations

Nos clubs et associations fonctionnent à merveille. Notre équipe de football évolue a un très bon niveau, notre club de volley-ball est champion depuis plusieurs années, nos clubs de karaté et de tir à l’arc obtiennent de bons résultats, etc. Nous supportons les jeunes et leur encadrement au sein de ceux-ci depuis très longtemps. Ces prochaines années seront désormais tout autant consacrées aux seniors et aux personnes à mobilité réduite car nous établissons actuellement un plan pour déterminer ce qui est nécessaire pour améliorer leur bien-être dans notre commune.

Enfin, la mobilité reste le plus grand défi à Strassen. Nous sommes situés aux abords d’une autoroute surchargée et bruyante qui nuit à notre qualité de vie. Nous sommes en discussion avec le ministère de la Mobilité et des Travaux publics pour étendre le trajet du tramway qui était initialement prévu jusqu’au CHL. En allongeant celui-ci, nous parviendrons à désengorger le trafic dense de la route d’Arlon et celui de l’autoroute!

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