Production et application d’enrobés: quelques procédés particuliers

L’entreprise Julien Cajot, du nom de son fondateur, est une société familiale née en 1967 et spécialisée dans la production et l’application de bétons asphaltiques – des revêtements bitumeux servant à recouvrir routes, trottoirs, parkings, pistes cyclables, cours d’école ou encore allées privées. Axel Burkel, directeur technique, revient sur l’un de ces produits, l’enrobé percolé, et sur un moyen de mise en œuvre unique au Luxembourg, un camion-distributeur avec bras télécommandé que l’entreprise met à disposition de ses clients. 

 

L’enrobé percolé: la résistance avant tout

Parmi la large gamme de produits proposée par l’entreprise Julien Cajot, l’enrobé percolé est certainement l’un des plus résistants. Certaines surfaces, comme les sols industriels, les aires de stockage, les parkings pour poids-lourds, les stations-services ou encore les couloirs et les zones d’arrêt de bus, nécessitent un revêtement permettant de supporter des charges lourdes et à une fréquence importante. «Plus résistant que le béton ou qu’un enrobé bitumeux, l’enrobé percolé – sorte de combinaison des deux – est le matériau de choix pour ce type de surfaces. On l’obtient en comblant les interstices d’un enrobé bitumeux avec un «coulis de percolation», à savoir un mélange de ciment, de résines, d’eau et d’additifs. Il résulte de la percolation un enrobé à la résistance mécanique très élevée. Cette technique permet d’accroître les performances en compression tout en limitant l’orniérage», explique Axel Burkel.

Sa mise en œuvre diffère quelque peu de celle d’un enrobé classique. Elle nécessite d’abord l’application d’une couche de base (en bitume), pour garantir la rigidité du support, puis l’étanchéification de la surface (bords, regards et joins compris). C’est sur cette base que peut être appliqué le châssis support en asphalte. La percolation peut commencer après refroidissement de ce dernier. Sa mise en œuvre se fait généralement de nuit, pour éviter une évaporation trop rapide et les risques de fissures. Un temps de séchage de trois à cinq jours est nécessaire pour permettre la circulation sur la surface. 

L’entreprise Julien Cajot a notamment eu recours à cette technique pour le Centre national d’incendie et de secours de Gasperich où elle a appliqué quelque 12.000 m2 d’enrobé percolé. «Nous avons également réalisé la sortie de CFL multimodal où circulent chaque jour une centaine de camions qui empruntent toujours la même voie. D’abord faite d’un enrobé classique, la sortie s’est trouvée fortement dégradée au bout de deux ou trois ans. Nous y avons appliqué un enrobé percolé il y a deux ans et le résultat est beaucoup plus résistant», ajoute le directeur technique.  

 

Un camion-distributeur unique au Grand-Duché 

Voilà près d’une année que l’entreprise est la seule du pays à posséder deux camions équipés de distributeurs d’asphalte télécommandés. Particulièrement recommandés pour la mise en œuvre d’enrobés sur des petites surfaces, ils sont munis d’un bras qui leur confère un rayon d’action de cinq mètres, à 180°, et qui permet de déverser de la matière en hauteur si le chantier se révèle difficile d’accès (derrière une haie ou un muret par exemple). «Le camion, comme le bras lui-même, est entièrement télécommandé. Ainsi, le chauffeur peut, depuis l’extérieur de la cabine, déplacer le véhicule et contrôler le bras. Ce système permet non seulement de diminuer la pénibilité du travail de nos collaborateurs en éliminant le pelletage manuel, mais aussi de réduire le nombre d’ouvriers nécessaires sur le chantier», indique Axel Burkel.

L’autre avantage de ce camion est de maintenir l’asphalte à température plus longtemps. Le bitume dont celui-ci est composé demeure liquide à 180°C mais passe à l’état solide après refroidissement. Son application doit donc être effectuée rapidement, dans les quelques heures qui suivent sa production. Grâce à leur bras qui déverse la matière, les deux camions de l’entreprise Julien Cajot peuvent rester bâchés, ce qui permet de réduire la déperdition thermique. En outre, l’asphalte est acheminé à travers ce bras par une vis chauffée. Il est donc à nouveau mélangé et légèrement réchauffé, ce qui le rend plus malléable et facile à ratisser.

«Nous n’utilisons ces distributeurs que sur nos projets de moindre envergure car c’est là qu’ils sont les mieux utilisés. Toutefois, les plus petits chantiers sont souvent mis en œuvre directement par nos clients. C’est pourquoi nous avons décidé de les proposer à la location. Ainsi, pour toute commande en faible tonnage, nous proposons de louer un de ces camions avec chauffeur formé à son maniement. Tous les matériaux que nous produisons, des matériaux de sous-couche au couches de roulement, peuvent être mis en œuvre grâce à ce distributeur», déclare le directeur technique. Et, puisque l’entreprise possède le matériel en double, elle peut offrir à ses clients un important gain de temps: alors qu’un camion coule l’enrobé sur chantier, l’autre fait l’aller-retour à la centrale de Leudelange pour faire le plein de matériel!

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