Pour une transmission d’entreprise réussie
Les entreprises naissent, croissent, se développent, prospèrent, parfois ferment, et très souvent, sont transmises. Essentielles mais volontairement ou involontairement omises, les transmissions d’entreprises sont indispensables à la bonne santé financière d’un pays. Pascal Monteil, Manager Business Banking chez ING Luxembourg, revient sur les rôles de la banque lors d’une transmission d’entreprise ainsi que sur les multiples enjeux de celle-ci, pour l’acquéreur comme pour le vendeur.
Quels sont les principaux enjeux à considérer lors d’une transmission d’entreprise?
Lorsqu’un ADE (Ayant droit économique) ou UBO (Ultimate Beneficial Owner) se retire, se pose de manière quasi-systématique la question de la transmission. Il peut décider de céder son entreprise à ses enfants, à ses employés ou à des personnes externes. Cela provoque des incidences professionnelles et personnelles car le propriétaire de la société se sépare d’une entité qu’il a fondée de ses propres mains et, par affect, craint logiquement de tout voir s’écrouler. Des questions d’ordre fiscal surgissent également. ING intervient sur certains de ces aspects.
Quel est le rôle de la banque en matière de transmission d’entreprise?
Notre première mission gravite autour du conseil avec une cellule spécialisée dans le «Wealth Management». En d’autres termes, nous nous occupons de l’ingénierie patrimoniale afin de structurer et de proposer une solution pérenne en accompagnant le client. Parfois, et selon les cas de figure, nous travaillons avec des sources externes concernant des dossiers plus volumineux car ceux-ci peuvent dépasser le cadre du métier de banquier.
Notre deuxième mission s’articule autour du côté financier et des investissements lorsqu’un propriétaire nous introduit auprès des futurs acquéreurs. Nous proposons alors divers produits et solutions. Nous étudions d’abord les profils des acheteurs. Nous devons ensuite activer le levier afin de lancer un nouveau cycle économique pour l’entreprise transmise. Cela dépend notamment de la maturité du business. L’objectif est de proposer une solution viable à l’ADE historique en discutant avec lui sur l’ensemble des aspects de la transaction. Celui-ci recevra effectivement une entrée conséquente lors de la vente, nous devrons évoquer avec lui les différentes options. Nous l’accompagnons ainsi pour lui offrir également une solution en matière de placement ou d’investissement.
Vos clients pensent-ils forcément à une éventuelle transmission, qui peut peut-être sembler lointaine, mais qui se prépare en amont?
Différents corps de métier sont impliqués dans une transmission d’entreprise: avocats, experts en immobilier, fiscalistes, etc. En tant que banquiers, notre rôle est aussi de sensibiliser nos clients par rapport à ce sujet. Une transmission se prépare avant son exécution et pour une durée variable. Les approches changent en fonction de la structure de l’entreprise et de la complexité du dossier.
En tant que banquiers, notre rôle est aussi de sensibiliser nos clients à la transmission d’entreprise
Nous rendons nos clients attentifs à ce qui est relatif aux faits dits événementiels pouvant être aussi divers que variés et aussi bien professionnels que privés: un départ du Luxembourg, une retraite, un mariage, une conjoncture au sein du secteur d’activité, etc. Lors d’un premier rendez-vous avec un client, s’il n’y a pas de feedback directement, celui-ci prend le temps d’y réfléchir, d’en discuter avec son entourage pour ensuite nous recontacter à plus long terme. Ce travail proactif est indispensable.
Il n’y a pas de date idéale pour commencer à envisager une transmission d’entreprise. Il faut seulement être attentif au contexte et à la conjoncture actuelle. Si le propriétaire d’une entreprise songe à la transmettre à ses enfants, il est nécessaire de leur confier des responsabilités et de déléguer progressivement. Tout le monde n’a pas forcément la fibre managériale, la personnalité, la vision ou la capacité à bien s’entourer.
De plus, les processus KYC (Know Your Customer) sont de plus en plus complexes et la plupart des PME ne maîtrisent pas ces types de régulations. Notre rôle est aussi d’expliquer pourquoi ces mises en conformité existent et sont utiles.
Quels sont les prochains défis pour ING Luxembourg?
Les prochains défis sont essentiellement liés à la digitalisation pour maintenir une qualité de service pour nos clients et leur permettre de conserver une longueur d’avance sur leur business.
En ce qui concerne la transmission d’entreprise, une étude du STATEC a démontré qu’environ 75 à 80% des parts sociales des sociétés au Luxembourg sont détenues par des personnes ayant 60 ans et plus. Une attention toute particulière est donc portée à ce constat car ces prochaines années seront fortement marquées par des transmissions. Nous organisons également des formations en interne et des tables rondes à ce sujet pour y être préparés.