«Je ne veux pas chercher des excuses, je veux trouver des solutions»

Cinq mois après son assermentation comme bourgmestre de Steinfort, Sammy Wagner revient sur les projets communaux actuels et futurs et livre sa vision de la cité idéale. Interview.

 

Quels sont les grands chantiers d’infrastructures communaux actuels?

Nous construisons une nouvelle piscine et deux halls sportifs, près du lac de la ville: un petit dédié au club de gymnastique et un grand destiné aux autres associations et clubs de sport. Ce projet de 45 millions d’euros sera mené en deux phases. La première, la construction du petit hall et de la piscine, s’achèvera en 2023. La seconde, la réalisation du grand hall, aura lieu entre 2023 et 2025. Nous voulons ainsi créer un pôle récréatif près du lac, en regroupant toutes les infrastructures sur un même site, près des écoles et de la maison relais. Ainsi, pas besoin d’organiser une navette entre les écoles et les centres sportifs: les enfants pourront effectuer le trajet à pied.

Nous menons actuellement une étude de viabilité pour un projet d’école initié ensemble avec mon partenaire des Verts, et qui respectera les normes de l’économie circulaire. Nous développons aussi un pôle culturel qui mêlera l’existant et le nouveau dans une architecture harmonieuse. Un nouveau centre culturel sera construit près du petit centre culturel Al Schmelz, non loin de la Villa Collart qui a été rénovée. 

 

Prévoyez-vous aussi de nouvelles zones résidentielles? 

Nous élaborons actuellement notre PAG. Nous avons assez de terrains dans le périmètre actuel, à la sortie de la ville, pour créer une zone résidentielle qui accueillera des nouveaux logements et des habitations abordables. Ensuite, il nous restera encore 5,8 hectares de surface que nous pourrions viabiliser pour construire des maisons accessible aux jeunes. Nous disposons en outre d’un potentiel théorique de PAG pour accueillir 10.000 résidents supplémentaires d’ici 2030; mais 7.000 à 7.500 habitants serait plus réaliste. 

 

De nombreux véhicules traversent Steinfort chaque jour. Quels sont vos projets en termes de mobilité?

Nous voulons créer et sécuriser les connexions entre les villages de la commune afin de développer une mobilité douce pour les piétons et de renforcer la présence du vélo. Ce projet me tient personnellement à cœur. C’est en effet un vrai changement de paradigme. Il s’agit aussi de réaménager le centre même de Steinfort, qui est coupé en deux par la N6, avec d’un côté le parc Collart et le centre culturel; et de l’autre, l’école, la maison relais, le lac et les infrastructures sportives. Là, nous étudions donc une possible zone 30, voire un espace partagé, mais nous devons nous concerter avec l’Administration des ponts et chaussées. En effet, la ville est très fréquentée durant la journée, avec le trafic Arlon-Luxembourg-Ville qui croise celui en direction de Hobscheid. 

Je veux que Steinfort garde son caractère de cité pour tous

Nous limiterons aussi la vitesse à 30 km/h dans certaines zones et aménagerons les routes avec des petits changements pour vraiment ralentir ce trafic. Nous ne pourrons résoudre la situation aussi vite que souhaité, mais nous ferons tout pour améliorer la vie de nos habitants. Ce trafic routier détruit l’attractivité de notre village. Nous ne pouvons pas l’accepter! 

 

Comment la ville se prépare-t-elle à la voiture électrique? 

Nous essayons, comme toutes les communes, d’encourager les promoteurs à installer des bornes électriques sur les nouveaux terrains et sur les zones publiques de la commune. Tous nos bâtiments seront aménagés pour recevoir ces stations électriques. Nous étudions de même la mise en place de parkings publics dotés de points de recharge alimentés par des panneaux solaires. La commune essaie aussi, si possible, d’acheter des voitures électriques. 

 

Comment Steinfort se positionne-t-elle en matière de biodiversité?

Nous disposons de zones vertes intégrées dans le réseau communautaire Natura 2000 de protection de la nature et de la biodiversité. La commune possède également un service écologique dirigé par un universitaire que nous avons récemment engagé. Ce département conseille les autres services communaux, mais aussi les citoyens, sur les questions environnementales et sur le déploiement d’espaces fleuris. Nous sommes entre autres membres du Sicona, qui promeut la conservation de la nature dans 40 communautés membres. Nous avons signé les Pactes Nature et Climat. Nous offrons déjà une bonne connexion de transports publics pour aller en ville et pour profiter des zones culturelles hors de la commune. Nous avons des sentiers de promenade dans les forêts alentours, jusqu’en Belgique également. Par ailleurs, nous comptons renforcer nos projets d’infrastructures dans le sens de la biodiversité, et conformément aux consignes de l’économie circulaire.

 

Quelle serait selon vous la cité idéale? 

Ce serait une commune pour tous: pour les seniors, qui ont vécu toute leur vie à Steinfort et qui y ont vu grandir leurs enfants; pour que les enfants nés ou ayant grandi ici puissent y rester, car ce sont eux qui s’engagent dans nos associations, dans la vie de la commune et qui un jour reprendront le flambeau. Je veux que Steinfort garde son caractère de cité pour tous et reste accessible à tous du point de vue immobilier. En tant que décideur politique il est de ma responsabilité d’atteindre ces objectifs le plus vite possible. 

 

Quels sont vos principaux freins et leviers dans la mise en place de vos projets communaux?

Améliorer la qualité de vie des citoyens

C’est clair qu’un projet comme la mobilité ne peut être réglé d’un coup. Et je sais que les changements à court terme ne sont pas toujours réalisables. Je reste donc réaliste. Mais si je peux déjà prendre des petites mesures sans attendre, pour avancer et améliorer la situation ainsi que la qualité de vie des citoyens, je le ferai. Ce qui me freine dans le quotidien, ce sont les lenteurs administratives par rapport à nos demandes. Les ministères n’ont parfois pas la compréhension des problèmes locaux que nous pouvons rencontrer, et là je pense qu’il faudrait encore changer. C’est aussi notre responsabilité de faire avancer les projets le plus vite possible. C’est pour cette raison que j’ai entamé de nombreux projets en parallèle; quand un chantier bloque, je peux toujours avancer sur un autre.

 

Quelle empreinte souhaiteriez-vous laisser en tant que bourgmestre?

Les élections auront lieu l’année prochaine et je n’ai plus beaucoup de temps. À la fin de ce mandat, je laisserai des projets et des plans concrets pour améliorer la vie des citoyens. Je suis en faveur de la participation des habitants aux décisions de la commune. Aussi, j’espère pouvoir leur soumettre ces projets avant les élections. L’année prochaine, je compte dévoiler un plan de développement de la commune jusqu’à 2050. Pour après les élections, j’ai une vision claire du développement de la cité, qui intègre les citoyens et prône l’échange et la cohésion sociale, qui tient compte de l’évolution nationale. Je veux instaurer une politique d’écoute avec les gens, ce qui est pour moi très important.

Nous avons aussi créé un service de l’égalité des chances, et avons pour cela engagé un universitaire qui a les compétences pour mettre en place ses projets et pour créer des tiers-lieux. Je trouve aussi important de ne plus mener une politique paternaliste dans laquelle le bourgmestre se positionne en vieux patriarche qui sait tout, répond à toutes les questions et explique les problèmes. Nous sommes aujourd’hui dans un autre paradigme: un bourgmestre doit désormais connaître les limites de ce qu’on sait et de ce qu’on ne sait pas en matière de gestion d’une ville. Et pour ma part, face aux problèmes, je ne veux pas chercher des excuses, mais bien trouver des solutions. 

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