Un nouveau souffle dans le secteur de l’éolien

Les technologies éoliennes ont évolué à tel point sur les 20 dernières années que bon nombre d’acteurs du secteur misent sur le «repowering», c’est-à-dire sur le remplacement d’éoliennes d’ancienne génération. C’est le cas de Soler, qui entend bien tripler sa production annuelle d’ici 2030 sans pour autant multiplier par trois ses éoliennes en fonction. Explications avec Paul Zeimet et Guy Uhres, respectivement administrateur délégué et responsable des énergies renouvelables chez Soler.

 

Un bond technologique

La technologie éolienne a fortement évolué au cours des 20 dernières années, que ce soit en termes de puissance ou d’efficience. Presque trois fois plus hautes que les éoliennes d’ancienne génération (avec une hauteur de noyau de 159m), celles qui sont produites aujourd’hui attrapent le vent plus facilement et disposent en outre de rotors de diamètre plus large et de génératrices plus puissantes. Ainsi, une nouvelle turbine permet non seulement d’exploiter la force du vent sur des sites de plus faible altitude – là où un ancien modèle n’aurait pas pu être assez rentable – mais aussi de produire à elle seule plus d’énergie que plusieurs éoliennes d’ancienne génération. C’est pourquoi, lorsqu’une turbine arrive en fin de vie (après environ 20 années de service), on envisage son remplacement pour tirer profit de son emplacement particulièrement venteux. C’est ce qu’on appelle un «repowering».

Sur les quatre parcs que construit actuellement la société Soler, trois sont des projets de ce type. «Prenons l’exemple de l’ancien parc Wand & Waasser: nous allons y remplacer trois éoliennes de 1998 par une seule de nouvelle génération qui multipliera par six la production d’électricité annuelle du parc. Pour atteindre les 12,8 millions de kWh en moyenne par an que générera cette seule turbine, nous aurions dû en construire 18 à l’époque. Le nouveau parc sera exploité par une nouvelle société, Wandpark Esch-Sauer S.A., créée par Soler et l’actionnaire de l’ancien parc», explique Paul Zeimet.

 

De nouveaux projets à part entière

Le repowering d’un site s’aborde comme un nouveau projet en tant que tel. «Études environnementales, évaluation des incidences, autorisations, mesures de compensation; tout est à recommencer. Le site doit même être complètement renaturé au préalable: des fondations en béton jusqu’à la dernière pale, tout doit être démantelé. Seules quelques infrastructures nécessaires à la connexion au réseau peuvent être conservées. Organiser le démantèlement des anciennes éoliennes et la construction des nouvelles est un véritable défi en termes de planning. Bien qu’anciennes et nouvelles éoliennes ne soient pas construites exactement sur les mêmes coordonnées géographiques, elles restent relativement proches les unes des autres et les emplacements en construction peuvent donc subir les vibrations du démantèlement des anciennes turbines et fondations voisines», développe Guy Uhres.

L’année dernière, Soler s’est lancée en tout dans le remplacement de treize éoliennes de générations différentes réparties sur trois parcs par six turbines flambant neuves qui produiront deux fois plus d’électricité que leurs prédécesseurs. «Pour la première fois au Luxembourg, nous avons démantelé des éoliennes de type Enercon E-66 avec tour en béton précontraint. Alors que nous avions une certaine expérience dans le démantèlement des mâts en acier, qui nécessitent assez «simplement» d’être dévissés et démontés, nous avons dû, pour ce projet d’envergure, nous associer à Hagedorn Service, une société spécialisée dans le démantèlement professionnel d’éoliennes. Nos équipes ont relevé le défi avec brio. Leur savoir-faire et leur vigilance ont permis d’éviter tout accident sur le chantier», déclare Paul Zeimet.

Une éolienne nouvelle génération multipliera par six la production annuelle du parc

Ce qui fait aussi la réussite de tels projets, c’est la forte adhésion qu’ils rencontrent auprès des politiques et de la population locale puisque, lorsqu’un repowering se projette, ceux-ci sont habitués à la présence des éoliennes et détiennent déjà des parts dans les sociétés qui exploitent les parcs.

 

Un taux de recyclage proche de 100%

Contrairement aux informations véhiculées par les détracteurs des énergies renouvelables, une éolienne est quasiment recyclable à 100% (le taux actuel dépassant les 90%). «Lorsqu’une éolienne est démantelée, le béton est généralement réutilisé sur place pour créer les chemins d’accès aux nouvelles infrastructures et l’acier repart dans les aciéries. Les seuls éléments qui ne peuvent être recyclés à 100%, à l’heure actuelle, ce sont les pales, qui sont constituées de matières composites. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elles finissent enfouies sous terre, loin de là. Elles sont par exemple incinérées pour produire de l’énergie et les déchets qui en résultent sont utilisés dans l’industrie du ciment où ils remplacent le sable. Cependant, certaines firmes estiment pouvoir commercialiser des pales 100% recyclables d’ici deux ou trois ans», indique l’administrateur délégué.

«Bien sûr, certains éléments en bon état peuvent faire office de pièces de rechange. Nous avons ainsi déjà revendu des pales, certains composants électriques ou d’anciennes turbines.  Il y a un marché pour ces pièces en Europe de l’Est», ajoute Guy Uhres.

 

Des ambitions à la hauteur des objectifs nationaux

Augmenter la puissance des parcs existants est une solution qui prend tout son sens au regard des objectifs à atteindre pour réussir la transition énergétique. «La volonté du gouvernement était d’atteindre les 240 GWh de production d’énergie éolienne en 2020. Avec les 206,8 GWh que nous avons générés cette année-là, nous avons très largement contribué à la réussite de cet objectif. Aujourd’hui, ce sont des ambitions revues à la hausse qui orientent notre stratégie. Le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) vise désormais une production d’énergie éolienne de 674 GWh à l’horizon 2030, soit près du triple de la production actuelle. Chez Soler, nous nous sommes fixé le même but et entendons, bien que nous ne soyons pas l’unique acteur sur ce marché, remplir l’objectif de l’État avec nos projets futurs. Le tout dans la mesure du raisonnable et toujours avec l’adhésion de la politique et de la population locale», annonce son administrateur délégué.

Une chose est sûre: en investissant 35 millions d’euros dans ses trois projets de repowering actuels, la société Soler démontre qu’elle s’engage sur le long terme! 

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