Encourager la transition digitale de l’artisanat

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, Minusines, leader sur le marché luxembourgeois de la distribution à valeur ajoutée pour le matériel électrique et les solutions d’éclairage, a mis les bouchées doubles en matière de digitalisation. Développant une plateforme virtuelle de communication avec sa clientèle professionnelle, la société entend aider l’artisanat à digitaliser son activité pour rendre ses processus plus rapides et efficaces. Laurent Saeul, CEO de Minusines, nous parle de ce projet qui entend révolutionner la manière dont le distributeur collabore avec sa clientèle.

 

Comment s’est amorcé votre projet de digitalisation en interne?

Fin 2018, nous avions entamé un workshop stratégique appelé «Minusines 2020» grâce auquel nous avons dégagé deux axes stratégiques pour assurer notre développement. Le premier nous imposait de trouver un actionnaire fiable qui nous permettrait de nous projeter sur les prochaines décennies; cet objectif a été atteint lorsque nous avons intégré le groupe Encevo, œuvrant dans le milieu de la transition énergétique vers l’électrique, qui est notre spécialité. Grâce à ce dernier, nous touchons un public plus large; par exemple, nous participerons le 22 septembre prochain à un «Eno-forum» organisé auprès des communes et qui nous permettra de démontrer notre savoir-faire dans le domaine du photovoltaïque, de l’électromobilité et du conseil dans l’éclairage.

Le second axe concernait la digitalisation de nos processus et services. Pour celui-ci, nous avons défini comment un distributeur à valeur ajoutée devrait communiquer avec sa clientèle professionnelle. Nous avons alors imaginé la création d’une plateforme digitale qui nous permettrait d’interagir et de collaborer avec le monde de l’artisanat dans les années à venir. À travers Luxinnovation, nous avons présenté ce projet d’investissement sur la période 2019-2023 au ministère de l’Économie afin d’obtenir un cofinancement. Cette plateforme, qui entraine une véritable transition digitale, est aujourd’hui en construction et a connu une nette accélération en période de pandémie.

 

Quelles sont les étapes de création de cette plateforme?

Le marché cible de cette démarche est l’artisanat, les installateurs et électriciens ainsi que les entreprises de construction qui ont un travail de digitalisation à accomplir. Grâce à l’étendue de notre expertise dans le domaine de la domotique, de l’électromobilité ou encore de l’autonomie énergétique via l’installation de panneaux photovoltaïques, nous avons un rôle d’accompagnement à jouer dans cette double transition, technologique et énergétique.

Si nous les soutenons déjà dans cette transition énergétique, nous concentrons à présent nos efforts sur leur transition digitale. Ainsi, depuis avril 2020, nous avons pris le parti de changer notre modèle de conseil et de vente afin de le rendre plus efficient, tant en termes de temps que de qualité. En effet, jusqu’ici, l’artisan se rendait à notre comptoir pour obtenir un conseil sur un produit et le commander; il perdait alors un temps précieux en quittant son chantier. Nous avons voulu réduire cette perte de temps en lui proposant un conseil virtuel. Nous avons ainsi mis en place une cabine insonorisée et équipée en matériel audiovisuel où il peut être mis en contact avec l’un de nos vendeurs via un outil de visioconférence pour un conseil et/ou une commande.

Mais notre objectif final est de pousser ces clients professionnels à réaliser ces démarches à distance. Ainsi, nous avons développé un «chatbot» sur notre site internet, via lequel un vendeur peut répondre aux questions ou encore envoyer un lien vers une visioconférence si les conseils à délivrer sont plus spécifiques. Les clients peuvent ainsi passer leurs commandes en ligne, de manière beaucoup plus flexible. La rupture que la pandémie a provoqué dans notre quotidien et celui de nos clients nous a permis de mettre en place de nouveaux processus beaucoup plus rapidement avec une meilleure acceptation de la part du monde de l’artisanat. Nous avons su tirer parti d’une situation peu confortable pour apporter davantage de flexibilité à nos équipes!

Avec l’évolution technologique, la complexité de nos produits ne cesse de grandir, nous estimons donc qu’il est essentiel d’établir une bonne communication avec nos clients. Le digital nous a à ce titre beaucoup apporté. En effet, les collaborateurs peuvent créer des «infos sessions» sous forme de vidéos réalisées par visioconférence et publiées sur notre intranet, pour transmettre des informations sur de nouveaux produits, de nouvelles technologies ou autres sujets d’actualité. Ces formations sont accessibles à tous les collaborateurs, qui peuvent les visionner quand ils le souhaitent. Ce principe d’actualisation des compétences, nous voulons également le tourner vers l’extérieur, pour transférer ces compétences à nos clients, et ce, à travers notre plateforme digitale. À plus grande échelle, nous souhaitons améliorer notre efficacité et celle des artisans pour mieux supporter le pays dans sa transition énergétique et sa digitalisation. Nous entendons pour cela collaborer avec les autres acteurs de cet écosystème afin d’accélérer cette transition.

 

Vous avez présenté ces efforts au Premier ministre et ministre de la Digitalisation, Xavier Bettel. Qu’en est-il ressorti?

Nous l’avons en effet accueilli le 8 septembre dernier. Après lui avoir parlé de l’historique de la société jusqu’à son entrée récente dans le groupe Encevo, nous lui avons présenté tous ses efforts en matière de digitalisation à travers la visite de nos locaux. Le Premier ministre s’est dit très impressionné par le dispositif de cabine individuelle mis en place pour amorcer la digitalisation des phases de conseil et de commande.

À l’extérieur, il a pu observer les solutions de bornes de recharge que Minusines commercialise et utilise pour sa propre flotte à majorité électrique. Une visite a également été organisée à l’atelier d’assemblage pour montrer l’importance du métier de tableautier dans la gestion de la production et de la consommation d’énergie renouvelable.

La visite a été diffusée en temps réel en interne à tous les employés de l’entreprise. Celle-ci s’est terminée sur une note de convivialité lors d’une séance de questions/réponses virtuelle avec toute l’équipe.

 

Photo ©Minusines / Sophie Margue

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