Soft skills: la clé d’une carrière réussie

La pandémie de Covid-19 a démontré toute l’importance des soft skills: flexibilité, capacité et rapidité d’adaptation sont aujourd’hui davantage valorisées en entreprise. Il ressort même des derniers rapports de l’OCDE que, lors du recrutement, la capacité à apprendre compte davantage que les compétences métier – pouvant être enseignées par la suite. Moins radicale dans son positionnement, Carole Houpert, Learning & Development Director chez Arendt & Medernach, envisage plutôt un rééquilibrage entre compétences métier et soft skills à l’embauche… Retour sur le développement des compétences soft, un enseignement distillé tout au long d’un parcours professionnel.

 

Comment définir les softs skills?

Les soft skills englobent l’intégralité des compétences qui ne sont pas directement liées à l’expertise métier. Il s’agit d’une base commune qui, en y ajoutant des connaissances et expertises techniques, permet d’être un professionnel efficace, performant et équilibré.

Chez Arendt, nous distinguons trois catégories de soft skills. Il y a tout d’abord les compétences que l’on utilise quotidiennement pour bien exécuter son travail, sans toucher à la connaissance métier; la bonne gestion de sa charge de travail et le développement d’une communication efficace avec ses clients sont des exemples d’aptitudes à développer dans ce cadre. On retrouve ensuite les compétences liées au développement du leadership comme la gestion d’équipe ou de conflits ou encore la capacité à inspirer la confiance. Enfin, le développement personnel est nécessaire pour forger son authenticité et asseoir son ancrage, de manière à pouvoir s’adapter à des situations variées, tout en restant soi-même.

Les entreprises voient souvent dans la formation aux soft skills un coût alors qu’il s’agit davantage d’un investissement

Ces compétences soft sont une base qu’il faut développer le plus tôt possible dans sa carrière, car il est plus difficile de désapprendre de mauvais comportements que d’intégrer de bonnes attitudes dès le départ. Les entreprises voient souvent dans la formation à ce type de compétences un coût alors qu’il s’agit davantage d’un investissement. Les soft skills demandent beaucoup de répétitions pour être acquises et les retours de l’environnement de travail sont très importants pour adopter une posture professionnelle. Si l’on n’accompagne pas les jeunes collaborateurs dans la construction de socles solides dès le départ, alors lorsqu’ils monteront en responsabilité, ils pourraient manquer de professionnalisme et d’agilité dans la prise de décisions importantes – comme celles qui ont dû être prises en urgence pendant la pandémie.

 

Quelle a été l’influence de la pandémie sur la perception de ce type de compétences?

La pandémie l’a bien montré: les personnes qui ont le mieux géré cette situation sont celles qui ont fait preuve de résilience et de flexibilité, qui disposaient d’une forte capacité d’adaptation et d’acceptation ainsi que d’une assise forte et authentique. On peut comparer ces personnes à un roseau aux racines solides, qui plie sous le vent, mais reste toujours ancré.

La crise a révélé les capacités de chacun à s’adapter à un nouveau contexte en trouvant de la motivation, en communiquant efficacement avec son équipe, en acceptant sa vulnérabilité: plus les personnes étaient «équipées» et habituées à utiliser ces compétences plus la crise a été simple à gérer.

Cette situation inédite nous a donné à voir une autre facette des fonctionnements internes. Si certains modes de travail qui avaient pourtant bien fonctionné jusqu’ici ont été éradiqués, d’autres, comme le télétravail, sont apparus très efficaces et pourraient gagner du terrain à l’avenir. Dans un même ordre d’idées, des collaborateurs auparavant plus effacés se sont révélés grâce à leurs compétences soft comme leur volonté à prendre en main leur carrière en cherchant à se former. Une constante est à noter: la figure du manager omniscient et référent clé a laissé la place à davantage de collaboration et d’intelligence collective.

En exploitant leurs compétences soft, de petites sociétés ont d’ailleurs redistribué les cartes sur le marché. De petites structures jusqu’alors discrètes se sont en effet réinventées en se diversifiant, en digitalisant leurs services et en élargissant leur public-cible. Dans tous les secteurs d’activité, à partir d’un certain niveau d’expertise et d’excellence reconnu, ce qui différencie les professionnels entre eux, ce sont des compétences annexes comme le relationnel.

 

Quelles formations prévoyez-vous en interne en matière de développement des soft skills?

Lorsque nous intégrons un jeune collaborateur, nous prévoyons un plan d’accompagnement sur les compétences métier, mais également sur les soft skills, afin de lui apprendre à délivrer un service de qualité au client avec l’attitude adéquate et appropriée, à créer un environnement de travail sain avant de pouvoir gérer une équipe. Ces dernières demandent souvent de faire appel à son bon sens. Toutefois, ce que l’on considère comme une évidence doit être explicité pour que les jeunes puissent bâtir leur expérience professionnelle, a fortiori dans un marché du travail qui évolue aussi rapidement. Cela ne veut pas dire qu’il faut se changer soi-même, mais qu’il faut apprendre à se connaître pour savoir ce dont on a besoin pour être efficace.

Chez Arendt, nous considérons cet apprentissage comme un travail progressif: nous commençons par les bases dans les trois catégories de soft skills que nous avons identifiées, nous apprenons aux collaborateurs à mieux se connaître, à construire leur ancrage, pour qu’ils puissent ensuite évoluer à force de pratique et d’accompagnement. Lorsqu’ils monteront en responsabilité, il suffira alors de renforcer leurs compétences.

Les soft skills vont évoluer de plus en plus rapidement avec le marché du travail, elles demandent donc une grande flexibilité et une forte volonté d’adaptation. Les plus jeunes générations sont mieux armées face à ce défi, grâce à des cursus universitaires les poussant très tôt à faire des choix d’orientation qui leur demandent de prendre en main leur évolution.

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