Une nouvelle ère pour Frisange

Située aux abords de la frontière française, Frisange est un carrefour stratégique pour les frontaliers de l’Hexagone, mais aussi de l’Allemagne, qui se rendent quotidiennement au Luxembourg pour travailler. En pleine croissance, la commune a entamé plusieurs projets de modernisation afin d’offrir de meilleurs services à ses citoyens. Roger Beissel, bourgmestre, nous en dit plus.

 

Pouvez-vous présenter la commune de Frisange en quelques mots?

Frisange est une commune transfrontalière, et plus précisément l’une des entrées de la France vers le Luxembourg. Avec le développement de la région d’Esch-sur-Alzette, beaucoup d’Allemands transitent aussi par notre territoire. Nous sommes, pour ainsi dire, un carrefour pour les frontaliers qui viennent des deux pays.

Nous planifions actuellement une extension de l’école et de la maison relais

Notre commune est aussi riche d’une grande histoire. En témoignent le château d’Aspelt qui a été construit dans les années 1500 mais dont les fouilles archéologiques récentes ont permis de découvrir des fortifications datant de 950 ou encore les sites romains qui jonchent Frisange. Durant la Seconde Guerre mondiale et plus précisément lors de la bataille de Ardennes, le ravitaillement des Américains transitait par ici. Ce conflit aura aussi provoqué un exode massif des habitants de Frisange, Hellange et Aspelt vers l’Auvergne, à côté de Clermont-Ferrand, et vers Saint-Julien-de-Coppel. Cette histoire commune avec ce petit village français a donné lieu à un jumelage, le 22 juin 2004.

Notre population est relativement jeune. Notre commune attire les actifs car elle offre une bonne situation pour se rendre au travail au quotidien. Les connexions avec les bus et les trains sont très bonnes. Quant à l’autoroute A13, elle permet de désengorger la ville et de faciliter la mobilité des personnes qui passent par notre commune en voiture.

 

Toujours en matière de mobilité, la commune envisage de réaménager la Nationale 13…

Depuis la création de l’A13, nous attendons le réaménagement de la N13. C’était une promesse du ministère de la Mobilité et des Travaux publics et de l’Administration des ponts et chaussées. Nous avons reçu un avant-projet sommaire au printemps dernier. L’objectif sera d’y réduire la vitesse, d’agrandir les trottoirs ainsi que d’améliorer et moderniser les arrêts de bus.

La N13 traverse la commune sur toute sa longueur. Elle commence à Aspelt au début du village et se termine à Hellange. Son réaménagement permettra de garantir la sécurité des usagers et de créer une piste cyclable qui longe la route, ainsi que, à certains endroits, une voie uniquement dédiée aux bus pour favoriser les transports en commun.

Enfin, nous profiterons des travaux pour améliorer et rénover les infrastructures souterraines. Notre commune déboursera 5,5 millions d’euros pour le chantier de la N13 alors que son coût total s’élèvera à 18 millions d’euros.

 

Du fait de votre attractivité, la population est en croissance tous les ans. Quelle est votre politique en matière de logements, de maison relais et d’écoles?

Effectivement, la commune croît d’année en année. Il y a 30 ans, nous avons construit une école centrale. Celle-ci a tenu jusqu’à aujourd’hui mais, malheureusement, elle rencontre désormais ses limites. C’est pourquoi nous planifions actuellement une extension de l’école et de la maison relais. Pour l’instant, cette dernière ne peut accueillir que 120 enfants sur les 400 qui fréquentent l’établissement scolaire. C’est peu, mais avec la nouvelle maison relais, nous atteindrons un taux de 90% d’occupation possible. Les travaux devraient démarrer à la fin de l’année 2023 et seront terminés en 2026. Ce 21 septembre a également eu lieu le jury d’un concours d’architecture qui déterminera qui sera assigné à la construction .

Cette politique de planification est menée en étroite collaboration avec un bureau d’études qui réalise des estimations en fonction des terrains disponibles et de la croissance de la population dans le but d’agrandir les infrastructures de façon optimale et intelligente. Nous planifions ainsi des chantiers jusqu’à l’horizon 2035.

Par ailleurs, notre commune est stratégiquement bien placée, les habitations sont donc assez onéreuses et les prix ne cessent de monter (2,5 à 5% par an). Nous affichons pourtant la volonté de participer au futur Pacte Logement.

 

Vous construisez actuellement la nouvelle maison communale. Quelles seront ses principales caractéristiques?

Pour ce chantier, nous misons sur l’économie circulaire. Nous utilisons des matériaux qui nécessitent peu de transport en privilégiant des ressources locales: le bois pour la toiture, la production de béton, etc. Ce concept a également une influence sur la déconstruction future du bâtiment. Une fois démolis, les matériaux qui ont été utilisés pour sa construction pourront en effet être réutilisés plus tard.

D’un point de vue énergétique, nous exploiterons la géothermie pour chauffer la nouvelle mairie. Cela nous permettra de gérer le chaud et le froid. Si la période est beaucoup trop rude, nous avons tout de même la possibilité de profiter du chauffage au gaz naturel du centre sportif. Enfin, nous récupérerons l’eau de pluie pour les toilettes et sanitaires.

De plus, nos documents ont tous été archivés et une place leur est d’ores et déjà dédiée dans la nouvelle mairie. Ceux-ci seront ensuite digitalisés, notamment les très vieilles pièces qui datent de l’époque où Frisange était encore sous affiliation française. Nos citoyens pourront les consulter numériquement.

Actuellement, nous sommes quatorze employés et fonctionnaires dans la commune et avons atteint la capacité maximale. Avec le nouveau bâtiment, nous l’augmenterons à 36. Grâce à nos nouveaux bureaux, à l’augmentation de nos effectifs et à la finalisation progressive de nos chantiers, nous pourrons davantage nous occuper du Pacte Climat et du Naturpakt, puisque nous aurons la possibilité d’engager des collaborateurs qui seront complètement dédiés à ces projets.

La mairie sera également pourvue d’un grand Bierger Center. La fin des travaux est prévue pour octobre 2022. Le bâtiment actuel sera dès lors détruit pour laisser place à un parking souterrain sur lequel se trouvera une place de village. Ce chantier sera quant à lui terminé en juin 2023.

 

En juin dernier, la commune a inauguré le château d’Aspelt en présence de nombreuses personnalités. Quelle est désormais la place de ce bâtiment historique dans la commune?

Nous sommes propriétaires du château depuis 1991, mais la famille qui y logeait pouvait y habiter jusqu’en 2004. Depuis lors, faute de moyens, la bâtisse s’est dégradée. L’ancien collège des bourgmestre et échevins voulait y installer la nouvelle mairie, ce qui n’était pas en phase avec nos objectifs politiques. Nous souhaitions donner une raison d’être au château et nous avons décidé de l’utiliser comme un lieu de culture.

Celui-ci se compose désormais de deux salles de mariage, d’une salle d’exposition et d’une salle de concert. Beaucoup d’artistes, à savoir des photographes ou des sculpteurs, se trouvent dans la commune et auront ainsi une vitrine pour exposer leurs œuvres. Si le bâtiment principal est rénové, il reste encore les annexes. Celles-ci accueilleront à l’avenir une salle de spectacle de 120 personnes pour des concerts ou des pièces de théâtre, ainsi que deux gîtes pour attirer les touristes.

 

Vous envisagez également de créer un nouveau terrain de football…

Nous souhaitons effectivement établir une modification ponctuelle du PAG pour installer le nouveau terrain qui sera placé au même endroit que l’actuel. Or, celui-ci est orienté d’est vers l’ouest et a une pente de 50 centimètres. Nous souhaitons désormais l’orienter du sud vers le nord car il sera plus facile de le mettre à niveau.

Cependant, nous devons renaturer et compenser la nature dans les environs pour que le ministère de l’Environnement puisse nous accorder le droit de réaliser cette nouvelle infrastructure.

 

Qu’en est-il du centre de recyclage?

Nous sommes en plein travaux d’aménagement. Il fonctionnait bien jusqu’alors mais il était très difficile d’accès pour les containers. Le centre de recyclage sera prêt en fin d’année. Un système de driving sera mis en place afin de faciliter l’organisation, tant pour les exploitants que pour les citoyens. L’idée est de pouvoir entrer dans le centre avec sa voiture et se garer devant les containers dédiés à chaque type de déchets.

 

Quels sont les autres projets mis en œuvre par votre commune?

Nous travaillons avec l’asbl Juki pour créer une maison des jeunes en collaboration avec un éducateur. Un nouveau home des scouts est également en cours d’élaboration.

Concernant l’intégration, nous coopérons avec l’ONA (Office national de l’accueil) pour accueillir une cinquantaine de réfugiés dans une structure dédiée. Malgré quelques rares réticences, l’acceptation des habitants par rapport à ce projet est très bonne.

 

Un dernier mot sur votre parcours politique dans la commune?

Personnellement, j’ai toujours habité à Frisange. J’ai commencé ma carrière en politique en 2000 en tant que conseiller communal durant deux mandats, puis j’ai été échevin pendant six ans avant de passer dans l’opposition. J’ai été élu bourgmestre en 2017 et je vise encore un second mandat pour ensuite me retirer de la vie politique.

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