Le charme de la ruralité allié à la modernité

Située entre le Müllerthal et Luxembourg-Ville, Junglinster présente tous les aspects d’une commune moderne et dynamique tout en conservant son charme rural et sa tranquillité. Romain Reitz, entré au sein du conseil communal en 2003, devenu échevin en 2007, puis bourgmestre en 2015, est un témoin privilégié de l’histoire récente de la commune, mais aussi l’un des acteurs majeurs des changements opérés et décidés au sein de celle-ci. Il revient avec nous sur les différents projets réalisés ces dernières années et ceux à venir.

 

Pouvez-vous présenter Junglinster en quelques mots?

Notre commune compte 8.300 habitants et regroupe douze localités: Altlinster, Beidweiler, Blumenthal, Bourglinster, Eisenborn, Eschweiler, Godbrange, Gonderange, Graulinster, Imbringen, Junglinster et Rodenbourg. C’est la plus grande en termes d’habitants et la deuxième en superficie dans l’est du pays. Junglinster est plutôt bien située géographiquement. Nous avons en effet l’avantage d’être placés à la porte du Müllerthal et derrière le Grünewald tout en étant très proches de Luxembourg-Ville. Les transports publics tels que le réseau RGTR ou les CFL nous permettent d’être bien connectés à la capitale mais aussi aux autres grandes villes du Grand-Duché comme Echternach, Ettelbrück ou Mersch.

Nous disposons également d’une zone d’activité commerciale qui croît au fur et à mesure des années et ceci est un grand atout pour la région car beaucoup de personnes venant des communes environnantes se déplacent jusqu’à Junglinster pour faire leurs achats. D’ailleurs, cette zone sera agrandie puisqu’un supermarché, un hôtel ainsi qu’un centre de loisirs y seront installés au cours des trois prochaines années.

Les travaux pour créer un contournement de Junglinster nous ont aussi apporté davantage de tranquillité car ils ont permis de réguler le trafic routier au sein de nos localités.

Dans la campagne, notre commune jouit aussi de très beaux paysages avec des structures de haies, des forêts et des zones classées Natura 2000.

 

Votre commune est certifiée au niveau 2 du Pacte Climat. Quels ont été les projets mis en œuvre pour obtenir cette certification?

Nous montons actuellement une équipe dédiée au Pacte Climat 2.0. Nous avons effectivement obtenu la certification 2 pour la première mouture grâce à quelques projets. Lorsque nous avons construit nos bâtiments communaux, nous avons travaillé avec des matériaux recyclables. Nos infrastructures fonctionnent aussi grâce à des énergies renouvelables. Tous nos bâtiments communaux sont en effet reliés à une installation de chauffage à distance qui est alimentée par du biogaz issu de la centrale «Lënster Energie» située à Gonderange. C’est un véritable atout car nous n’avons plus recours aux énergies fossiles comme le mazout pour chauffer nos bâtiments.

En matière de biodiversité, nous privilégions le fauchage tardif et la plantation, à différents endroits de la commune, de parterres de fleurs, d’arbres fruitiers ou de haies. Nous travaillons notamment avec le syndicat à vocation multiple SIAS (Syndicat intercommunal pour l’assainissement du bassin hydrographique de la Syre) dans le cadre d’un projet situé entre le plateau de Gonderange et Bourglinster et sur lequel se trouvent des champs de blé et de maïs. Une fois l’automne arrivé, il n’y a plus rien sur ces parcelles. Nous y installerons donc des structures de haies et des fleurs de la région pour améliorer la biodiversité. C’est notamment en travaillant dans ce domaine que nous pouvons faire partie de ce syndicat.

 

Qu’en est-il des projets de construction de logements à prix abordable?

La population est en croissance constante. Nous prévoyons ainsi d’accueillir 9.000 personnes ces prochaines années et cela implique la création de 300 nouvelles habitations. En septembre débuteront les travaux de construction de 21 logements. Il s’agit de quatre maisons à Godbrange ainsi que de dix appartements et sept maisons individuelles à Junglinster. Celles de Godbrange seront construites avec des matériaux traditionnels et recyclables tandis que les maisons à Junglinster seront en bois, sauf dans le sous-sol. Grâce à leurs toitures plates végétalisées, ces logements pourront par exemple accueillir des panneaux photovoltaïques.

Ces habitations seront toutes à prix abordable. Même si le Pacte Logement 2.0 n’est toujours pas signé, nous mettons en œuvre des décisions politiques qui vont dans ce sens. La complexité est de réaliser des logements à coût modéré tout en sachant que les prix de l’immobilier sont très volatiles, particulièrement dans notre commune. Notre positionnement géographique, combiné à la disponibilité des terrains, alourdissent l’équation.

 

Une évolution de la population implique forcément d’autres décisions politiques, notamment en matière d’éducation, d’accueil et de gestion des maisons relais…

Effectivement, nous avons déjà agrandi les maisons relais à Junglinster ainsi qu’à Gonderange, où nous en avons installé une nouvelle. Nous envisageons un autre projet de construction de cette envergure à Bourglinster car nous y possédons déjà les terrains pour accueillir une maison relais. Celle de Junglinster peut recevoir 380 enfants des cycles un et deux. Nous prévoyons d’en construire une autre pour ceux des cycles trois et quatre.

Naturellement, et en raison de la population qui augmente d’année en année, les écoles fondamentales ont aussi été agrandies et peuvent à ce jour accueillir dix classes supplémentaires. Nous comptons plus de 700 élèves dans notre commune, ces travaux étaient donc indispensables. Le Lënster Lycée International School, qui accueille les enfants et adolescents d’origine étrangère, sera lui aussi étendu. Les travaux démarreront l’année prochaine.

 

Le Luxembourg est un pays multiculturel, quels sont les efforts déployés par la commune en matière d’intégration?

Nous avons, en interne, un collaborateur qui est responsable de ce volet. Nous travaillons également avec le GRESIL (GRoupe d’Échange et de Soutien en matière d’Intégration au niveau Local), soutenu par le ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région.

En avril dernier, nous avons accueilli 37 demandeurs de protection internationale à l’ancien Euro-Hôtel à Gonderange qui est désormais transformé en une structure d’hébergement. Ce sont des familles originaires d’Érythrée, d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie. Leurs enfants sont déjà intégrés dans les écoles de la commune, tandis que leurs parents suivent des cours de langue et entament les processus d’intégration pour, à terme, trouver du travail. Des entrepreneurs aux alentours m’ont déjà personnellement appelé pour m’indiquer qu’ils sont prêts à embaucher.

Par ailleurs, tous les deux ans, nous organisons la «Fiesta Integrale» qui permet à tous les habitants de la commune de se réunir et de découvrir les spécificités de chaque culture, dont notamment les produits culinaires. Ce moment de partage et de folklore a malheureusement dû être annulé en raison de l’épidémie de Covid-19. De même pour le Café des langues qui reprend, malgré tout, petit à petit.

 

Comment l’épidémie de Covid-19 a-t-elle été gérée dans votre commune?

Dès le début, en mars 2020, nous avons pris les bonnes mesures et notre personnel communal, qu’il s’agisse d’ouvriers ou fonctionnaires, a fait preuve d’une grande discipline en respectant les gestes barrières et toutes les mesures de précaution. Lorsqu’il était possible, le télétravail était obligatoire et a très bien fonctionné, même si aujourd’hui l’ensemble de nos collaborateurs est en présentiel.

Nous avons également distribué des masques à nos citoyens et donné des bons d’achat à la population afin d’aider les commerces locaux et la restauration touchés par l’épidémie. Ces mêmes citoyens ont aussi fait preuve d’un élan de solidarité en organisant un groupe pour aider les plus vulnérables et les personnes âgées à réaliser certaines tâches comme les achats de première nécessité.

Étant donné le recul de l’épidémie et la vaccination, cet été marque aussi la première édition de la «Lënster Plage» en extérieur pour que les personnes puissent se retrouver et parvenir à recréer du lien social.

 

Comment la commune de Junglinster prend-elle le virage de la digitalisation?

La digitalisation est un sujet qui est évidemment mis sur la table à chacune de nos réunions. Nous avons déjà introduit le mode de paiement «Digicash» et nous réfléchissons à mettre en place la facturation par email afin d’éviter l’utilisation excessive du papier. Cet aspect entre notamment dans les réflexions qui s’articulent autour du Pacte Climat.

Le service de communication travaille également sur la signalétique des sentiers pédestres. Nous veillons à installer des «QR Codes» en lieu et place des grands panneaux explicatifs pour éviter la pollution visuelle de nos beaux paysages. Il suffit de scanner le code sur son smartphone afin d’obtenir toutes les informations relatives à l’endroit où l’on se situe. Il en va de même pour les noms de rues par exemple.

En ce qui concerne la communication institutionnelle, nous sommes présents en ligne via notre site internet, mais aussi via les réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram. Notre magazine «Mag Junglinster» est également distribué sur tous les canaux disponibles, à savoir en ligne et sur le support papier, et sera très prochainement relooké.

 

Quels sont les grands défis à venir pour la commune?

Comme au niveau national, les sujets qui tournent autour des logements et de l’impact climatique font partie des défis de toutes les communes, dont la nôtre.

Le prochain défi est lié à l’augmentation du nombre d’habitants. Nous prévoyons l’extension de l’administration communale qui accueillera très bientôt 17 bureaux supplémentaires.

Il s’agit de trouver l’équilibre entre les prévisions de la croissance de la population et les investissements dans les infrastructures. Être trop en avance ou être trop en retard nuirait au bon fonctionnement de la commune.

 

Un dernier mot sur votre parcours au sein de Junglinster?

J’ai démarré la politique en 1995 et je suis entré au conseil communal de Junglinster en 2003, avant de devenir échevin en 2007, puis bourgmestre en 2015. Ces 18 années passées à la direction de la commune m’ont énormément apporté.

La politique communale, c’est avant tout une vocation. À Junglinster, même si les différences politiques existent, nous trouvons toujours un terrain d’entente. Personnellement, j’ai toujours voulu faire évoluer les choses. En ce sens, nous avons réalisé de nombreux projets et construit des écoles ou des grandes salles de sport. Nous avons acheté des terrains et investi dans de nombreux domaines pour les citoyens.

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