L’Imprimerie Centrale: 60 ans, une nouvelle presse et un déménagement

Roland Dernoeden, administrateur délégué de l’Imprimerie Centrale, nous reçoit dans ses nouveaux locaux, rue Emile Bian à Luxembourg – Cloche d’Or. Un cadre industriel, lumineux et fonctionnel. L’occasion de revenir sur 60 ans d’histoire et sur les futures adaptations de l’Imprimerie aux habitudes des consommateurs-lecteurs.

  

L’Imprimerie Centrale a eu 60 ans le 24 février 2021 et vient de déménager de la Gare vers la Cloche d’Or. Est-ce une preuve de jeunesse?

On peut le voir comme cela, en effet! Nous aurions souhaité célébrer notre 60e anniversaire avec davantage de visibilité, mais la crise sanitaire a eu raison de ce projet, malheureusement.

Le déménagement correspond à une adaptation de nos ressources aux exigences du marché. Comme vous le savez, les habitudes de consommation de l’information ont beaucoup évolué. Nous avons tenté de nous adapter et le fait de changer de site est arrivé au bon moment pour notre activité.

 

Nous imaginons bien que le déménagement d’un complexe industriel tel que l’Imprimerie Centrale ne s’est pas fait en un jour…

C’est le moins que l’on puisse dire. En fait, nous avons d’abord déménagé notre atelier de presses digitales en 2019, c’est-à-dire l’atelier qui assure entre autres l’impression de documents sensibles et confidentiels pour le secteur financier.

Au même moment, nous avons acquis une nouvelle presse offset grand format, huit couleurs + laque, qui a été montée directement sur le site de la Cloche d’Or. Une fois cette presse opérationnelle, c’est donc l’activité de l’impression offset et la finition qui ont été déménagées. Et finalement, c’est le personnel administratif qui est en train de prendre ses quartiers à la Cloche d’Or.

 

Le nouveau site offre-t-il plus d’avantages que l’ancien?

Clairement! Le principal atout est que toute la production se fait sur un seul niveau. Plus besoin de monte-charges pour transporter les cahiers imprimés vers la reliure, ou pour faire monter le papier, etc. La production est beaucoup plus fluide. Par ailleurs, les bureaux sont beaucoup moins cloisonnés à la Cloche d’Or qu’à la Gare, ce qui devrait favoriser davantage la communication entre les personnes.

 

Parlez-nous de cet immeuble, qui n’est pas une nouvelle construction…

L’immeuble a été construit dans les années 80. Il a été loué à la Commission européenne pendant de nombreuses années. La Commission s’en servait comme hall de stockage et de distribution de ses imprimés. Une fois le bail arrivé à échéance et face à la diminution du nombre d’imprimés, la Commission ne l’a pas renouvelé.

C’était en 2017. Nous avons alors entamé la réhabilitation de l’immeuble pour le mettre en conformité avec les besoins de notre activité, dans une démarche aussi éco-responsable que possible et, une fois ce travail terminé, nous avons commencé à l’occuper.

 

60 ans, un déménagement, une nouvelle presse… Y a-t-il d’autres nouveautés à l’Imprimerie Centrale?

Comme je vous l’ai dit, il est obligatoire de s’adapter aux nouvelles habitudes des lecteurs et des consommateurs d’information. Nous sommes donc en train d’élargir notre gamme de services. Nous comptons nous positionner sur le marché du packaging. Ce n’est pas vraiment une nouveauté: nous avons l’équipement et le savoir-faire pour réaliser des emballages, mais nous avons souhaité donner un coup d’accélérateur à cette activité. Depuis, nous travaillons avec des acteurs économiques et des institutions luxembourgeoises afin d’optimiser toujours plus nos offres de packagings sur-mesure grâce à la confiance qu’ils nous accordent et au travail rigoureux de nos équipes.

Il y a aussi sur notre nouveau site une activité très intéressante, le Letterpress. Ce sont quatre jeunes créatives qui ont porté ce projet: les Girls on Press (www.girlsonpress.lu). Elles réalisent des produits imprimés à haute valeur ajoutée comme des cartons d’invitation haut de gamme, des cartes de vœux, des cartes de visites, des étiquettes, des marques pages ou des carnets de notes.

La valeur ajoutée de ces produits redonne de la sincérité et de l’authenticité aux projets dans ce monde parfois compliqué et digitalisé. L’activité Letterpress est aussi liée à notre patrimoine industriel et culturel. Cela nous a donné l’occasion d’acquérir des compétences dans des professions en danger de disparition et de rendre productive une activité presque artisanale.

 

Pour terminer, comment voyez-vous les 60 prochaines années? 

Il y a 60 ans, personne n’aurait imaginé ce que serait une imprimerie au XXIe siècle. Je me souviens d’un de nos anciens chefs de service, aux débuts de l’informatisation de notre métier, qui estimait parfaitement impossible qu’un jour on lise un journal sur un écran. Il ne pouvait tout simplement pas le concevoir. Pourtant, c’est arrivé.

Comment consommera-t-on l’information demain, après-demain? Je ne sais pas. Mais je pense que la qualité de l’information et du produit sera toujours un facteur clé; que le respect de l’environnement dans les produits utilisés (papier et encre, mais aussi composants électroniques des supports IT) sera de plus en plus important; que, comme l’information est un des piliers de la démocratie, il y aura toujours des supports écrits. Mais sous quelle forme? Je l’ignore!

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