La finance durable, une chance pour la planète

Les obligations vertes, sociales et durables ont actuellement le vent en poupe. Leur croissance est impressionnante et n’est pas près de s’arrêter. Mais faut-il pour autant en déduire qu’il s’agit bien plus qu’un phénomène de mode? Pour Giuseppe Corsini, associé chez PwC Luxembourg, la réponse coule de source. La finance durable est une tendance de fond qui va complètement remodeler l’économie de demain.

 

On parle souvent d’obligations vertes, d’obligations sociales et d’obligations durables. Quelles sont les différences entre ces appellations? 

Elles appartiennent toutes à la même catégorie d’instruments financiers, à savoir une finance durable qui respecte les critères sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG). La seule grande différence réside dans leur vocation. Les obligations vertes permettent aux entreprises et aux entités publiques de développer des activités ou des projets avec un impact bénéfique pour l’environnement. C’est le cas notamment des projets investissant dans des centrales de production d’énergie verte comme les parcs éoliens ou solaires. Les obligations sociales ou Social Impact Bonds ont comme objectif de lever des fonds pour financer des actions sociales. On peut ainsi citer les obligations destinées à lutter contre les inégalités sociales et financières de l’épidémie de Covid-19. Quant aux fonds obligataires durables, ils sont en quelque sorte une combinaison des deux outils précédemment évoqués: ils peuvent avoir une finalité à la fois environnementale et sociale.

 

Pourquoi les entreprises et les administrations publiques ont-elles tout intérêt à investir dans des projets durables?

Si vous jetez un œil sur l’actualité de ces dernières années, vous constatez que de plus en plus d’initiatives populaires naissent dans le monde pour demander aux différents pouvoirs en place de s’engager davantage dans la lutte contre le changement climatique, des maladies de type pandémique comme le coronavirus ou les inégalités sociales. Le mouvement Black Lives Matter, qui a gagné en importance suite à la mort de Georges Floyd, en est le meilleur exemple. Ce n’est pas non plus un hasard si le gouvernement luxembourgeois a lancé en 2012 le Pacte Climat qui a été reconduit pour la période 2021 à 2030 (Pacte Climat 2.0) et auquel vient de s’ajouter le Pacte Nature. Aujourd’hui, les gens veulent un monde plus vert et plus durable et un des meilleurs outils pour parvenir à cet objectif reste la finance.

 

Pensez-vous que la finance durable sera amenée à se développer?

Oui, sans aucun doute. Le marché des obligations vertes, sociales et durables pourrait atteindre les 600 milliards d’euros cette année, soit une augmentation de 55% par rapport à 2020! De plus, au cours de ces dernières années, la place financière luxembourgeoise s’est établie comme le leader européen de la finance verte et soutenable. La Bourse de Luxembourg a coté en 2007 la première obligation verte et a lancé en 2016 le Luxembourg Green Exchange (LGX), la première plateforme mondiale de cotation dédiée exclusivement aux obligations vertes.

Et ce n’est pas tout! Bientôt, les critères ESG vont devenir la norme en matière de gestion financière. Depuis le 10 mars 2021, les règles de niveau 1 du règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulations) portant sur la publication d’informations en matière de durabilité dans les secteurs financiers sont entrées en application. Elles seront suivies dès le 1er janvier prochain par un autre règlement européen – la taxonomie. Outre la mise en place d’un cadre juridique et technique, celui-ci aidera les investisseurs internationaux à identifier les investissements répondant réellement aux objectifs environnementaux de sauvegarde de la planète.

Face à de tels développements, une entreprise qui ne répond pas aux critères ESG aura de moins en moins de chances de survivre dans les années à venir.

 

Comment pouvez-vous aider les entreprises à faire face à ce défi du développement durable?

PwC a été un des premiers cabinets de services professionnels au Luxembourg à comprendre l’impact qu’allait avoir tôt ou tard la finance durable sur ses clients, qu’il s’agisse d’entreprises, de producteurs et de distributeurs de produits financiers ou d’investisseurs. Au fil du temps, nous avons ainsi développé une expertise en la matière. Aujourd’hui, toutes nos activités, que ce soit en interne ou en externe, sont menées sous l’angle de la durabilité. Nous aidons entre autres nos clients à définir une stratégie de développement durable et à l’incorporer dans leur stratégie globale, à répondre aux nouvelles exigences règlementaires dans leurs publications et rapports extra-financiers ou à obtenir des certifications ESG pour leurs produits financiers.

Nous pouvons apporter notre savoir-faire aussi bien pour des obligations durables que pour des obligations liées à la durabilité. Dans les premières, l’émetteur s’engage à utiliser les fonds de manière conforme au prospectus et à produire un rapport rendant compte aux investisseurs de son impact environnemental et sociétal. Dans les deuxièmes, l’émetteur s’engage sur des objectifs précis et chiffrés de développement durable à moyen et à long terme comme, par exemple, un certain pourcentage de décarbonisation à une échéance prédéfinie. Des indicateurs de performance intermédiaires (KPIs), mesurant sa trajectoire, sont intégrés dans la structure de financement.

 

Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à la concurrence?

Nous comptons parmi les acteurs les plus importants en ce qui concerne la finance durable. Nous disposons également d’une importante expertise locale ici, à Luxembourg. Nous faisons notamment partie du comité d’éligibilité de LuxFlag, l’agence luxembourgeoise de labellisation.

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