Des logements au service du citoyen

Récemment distingué lors du Bauhärepräis OAI 2020, le projet « Haff Weirig » a utilement étoffé l’offre de biens proposés par la commune de Mondercange pour lutter contre la crise du logement. En mettant 104 habitations cofinancées à disposition de la communauté, l’Administration communale permet à des ménages à faibles revenus de trouver un foyer spécifiquement adapté à leurs besoins et à leur composition familiale. Un modèle de réussite que nous présentent Jeannot Fürpass, bourgmestre, Sabrina Raspado, architecte pour le service Bâtiments et Génie technique, et Lisa Bremer, assistante sociale pour le service Logements.

 

Présentez-nous le projet de réaménagement de l’ancien site Weirig.

SR: En 2013, la commune a acquis le terrain de l’ancienne ferme Weirig, qui borde le parc Molter situé au centre de Mondercange, puis par la suite le terrain adjacent. La décision a été prise de reconstruire l’ensemble à neuf tout en essayant de garder l’esprit du lieu. Situé sur une parcelle d’environ 90 ares, le nouvel aménagement mixte se compose d’un parking public, d’un point de rencontre, d’un restaurant et de logements sociaux exploités par la commune. Du point de vue architectural, la volonté était de réinterpréter de façon tout à fait moderne la typologie de la ferme en respectant le gabarit de l’ancienne grange. Malgré tout, c’est la forme qui suit la fonction et non l’inverse. Le programme compte douze logements doublement orientés et savamment agencés parmi lesquels dix appartements et deux studios. Chaque appartement, d’une surface de quelque 50 m2, est composé d’une chambre, d’une salle de douche et d’une cuisine intégrée dans la salle de séjour. Les studios, avec leurs 30m2 de surface habitable, disposent d’une salle de douche privative et d’un séjour comprenant une kitchenette. Nous avons également veillé à ce que l’un d’entre eux soit adapté aux personnes à mobilité réduite. Enfin, chaque locataire peut bénéficier d’une cave individuelle.

 

À quelles catégories de bénéficiaires ces biens sont-ils destinés?

LB: Cette résidence peut aussi bien accueillir des personnes célibataires, que des couples ou des familles avec un enfant, sans distinction d’âge, bien que le projet ait été pensé pour répondre aux besoins d’une population jeune, en début de carrière professionnelle, à la recherche d’un logement accessible. Les bénéficiaires sont sélectionnés selon différents critères. Ils doivent se conformer à une condition de non-propriété et, idéalement, de résidence. Ainsi, seules les personnes qui ne sont pas propriétaires d’un bien au Luxembourg ou à l’étranger peuvent avoir accès à ces logements. D’autre part, nous donnons la priorité aux citoyens qui habitent déjà la commune. Enfin, nous étudions les revenus mensuels des aspirants afin de soutenir les ménages les plus précaires. Lorsqu’un demandeur remplit toutes les conditions, nous pouvons procéder à la signature du contrat de mise à disposition et du projet social. Ce dernier est établi en collaboration avec notre équipe d’assistantes sociales et vise à concrétiser les objectifs du locataire. Généralement, le contrat s’étend sur une période de trois ans, avec possibilité de prolongation d’un à deux ans.

 

Vous considérez Mondercange comme une «commune modèle» sur le plan du logement social. En quoi vous distinguez-vous particulièrement à cet égard?

JF: La commune de Mondercange a fourni des efforts importants à ce sujet, en collaboration avec le ministère du Logement dès le début des années 2000, puis par elle-même vers 2005-2006. L’équipe politique en fonction à l’époque avait la volonté d’être un réel moteur sur le plan du logement social et a développé plusieurs projets. Le premier, Maison Bicheler dont le premier contrat de bail a été conclu en 2010, est destiné aux étudiants et directement loué par l’Université de Luxembourg. Suivi de près par la construction de 4 résidences sur le site « Rue de Reckange à Mondercange » comptant 18 logements sociaux (« A Klees ») et 15 chambres universitaires (« A Kazerech ») mis en service en 2014. Louables pour cinq ans, ils s’adressent à toutes les catégories de la population sans distinction. Par la suite, la commune a ouvert le centre senior « A Bosselesch », une structure d’hébergement pour les personnes âgées de 60 ans et plus. Les 26 appartements de la résidence ont été conçus de façon que ses locataires puissent y vivre pour une durée indéterminée et de manière autonome. Par la suite, c’est sur le site de l’ancienne école de Bergem qu’a été réalisée  la structure « Judendwunnen Al Schoul » pour accueillir 18 studios imaginés pour répondre aux besoins de jeunes adultes célibataires âgés de 18 à 30 ans qui étudient ou entrent dans la vie active. Chaque studio de la résidence « Al Schoul » dispose d’une salle de douche et d’une kitchenette et donne accès à une salle commune où les locataires peuvent se retrouver durant leur temps libre. En début d’année 2018, c’est le projet « Haff Weirig » qui est venu compléter notre parc locatif avec ses douze logements sociaux.

Ces projets ont uniquement été créés en vue d’une location sociale. Il ne faut pas oublier les efforts considérables que la commune a fournis en matière de création de logements abordables destinés à la vente. Entre 2012 et 2017, la commune a réalisé le lotissement « Wunnen am Parc » comprenant 55 maisons unifamiliales – dont le prix du terrain s’élevait à 35.000 euros/are.

Finalement, ce qui est véritablement innovant c’est que nous proposons une offre complète: les jeunes qui sortent de l’école trouveront un logement adapté à leurs besoins à Bergem, la tranche d’âge légèrement supérieure appréciera particulièrement les logements proposés à Haff Weirig alors que les plus âgés seront parfaitement accueillis par le centre « A Bosselesch ». Quant aux appartements « A Klees », ils conviendront à tous types de ménages entre ces deux âges. Globalement, chacun de ces projets a toujours obtenu l’aval de tous les partis politiques et a fait l’objet d’un réel consensus dans la commune.

Tous projets confondus, nous louons 74 logements (où habitent 101 adultes et 25 enfants) pour lesquels la commune joue un double rôle de promoteur et de bailleur social. Cela implique la construction, la gestion et l’entretien du bâtiment mais aussi l’établissement des décomptes de charges. Il s’agit également d’assurer le suivi social des locataires et la médiation en cas de conflit entre habitants. Si nous n’avons pas réalisé de nouveaux projets au cours des dernières années, c’est que nous nous concentrions sur le bon fonctionnement des logements déjà existants. Notre commune n’a beau compter que quelque 7.000 habitants, nous avons créé un service Logements qui emploie trois assistantes sociales et une secrétaire. Au niveau du service de la Gestion du Patrimoine bâti, une personne supplémentaire se charge des contrats ou de la maintenance à mi-temps. C’est tout un appareil qui doit gérer ce parc locatif, aussi bien du point de vue technique que social et je suis très fier du mode de fonctionnement mis en place.

 

Développez-vous de nouveaux projets?

JF: Deux projets sont actuellement en cours d’élaboration. Le premier concerne l’extension du centre senior « A Bosselesch ». La commune a acquis les deux terrains adjacents à la structure afin de pouvoir l’agrandir et de préférence créer une liaison directe avec le parc Molter. Notre objectif principal est d’y offrir une gamme de services encore plus complète qu’aujourd’hui, par exemple en y proposant une infirmerie ouverte du matin au soir. Nous souhaitons également atteindre la masse critique qui nous permettrait d’obtenir un meilleur rendement au restaurant.

Enfin, nous projetons la construction prochaine de 25 à 30 habitations à coût modéré ainsi que de plusieurs appartements destinés à la location sur l’ancien site des « Armatures ». Nous sommes occupés à modifier notre PAG en ce sens. Le projet devrait être partie intégrante de l’IBA (Internationale Bauausstellung) transfrontalière Alzette Belval, un programme qui engage tout le territoire du Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) Alzette Belval. Il ne toucherait alors plus seulement au logement mais intègrerait une mixité de fonctions.

Bien sûr, nous avons d’autres idées, notamment dans le cadre du Pacte Logement 2.0, mais il faut encore les concrétiser. Nous cherchons déjà à établir un cadre pour le centre, nous verrons ensuite s’il est possible de construire davantage.

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