Une première année soufflée par le Covid-19

Triste bilan que celui de l’année écoulée. Il y a tout juste un an, nos gouvernements nous assignaient à domicile en nous demandant d’y travailler, d’y poursuivre la scolarité de nos enfants et de nous y divertir, soit de faire cohabiter tant bien que mal presque tous les aspects de nos vies entre les quatre murs de notre habitation. Il y a tout juste un an, nous pensions la situation temporaire et l’avions acceptée pour la vie: celle des plus fragiles, celle de nos aînés.

Triste bilan que celui de l’Horesca, dont les portes auront été fermées pendant près de 200 jours au cours de l’année écoulée. Une année est passée depuis que les restaurateurs ont remercié leurs habitués pour leur soutien et les ont encouragés à être patients: leurs tables agrémentées de nouveaux plats imaginés pendant le confinement les accueilleraient bientôt!

Triste bilan que celui de l’événementiel, du divertissement et de la culture, dont les rires, l’émotion et la chaleur se sont instantanément éteints, sans plus jamais se rallumer. Ces lieux qui vivaient de communication et d’échanges ont été relégués à d’insipides rassemblements digitaux, ersatz de rencontres vivantes, et d’expressions artistiques en ligne, avec pour seul public la lumière froide d’un écran.

Triste bilan que celui du monde des voyages et du tourisme, survivant à peine aux coups portés par des restrictions successives. Valises sous les yeux plutôt que dans la soute, les travailleurs du secteur – qui œuvrent dans l’hôtellerie et les transports mais aussi au sein des sites touristiques et des commerces qui en dépendent – ont souffert d’une diminution de 70% des arrivées internationales en Europe en 2020. Cette évasion à laquelle nous aspirons tous, ils ne peuvent plus la vendre, ni en vivre.

Et bien sûr, triste bilan que celui des morts enregistrées. Avec 675 décès depuis le début de l’épidémie, soit 1% des cas détectés, le taux de mortalité au Luxembourg a bondi de 8,5% en comparaison avec l’année 2019.

A ces bilans purement économique et sanitaire vient s’ajouter un état des lieux psychologique inquiétant découlant du climat anxiogène et de la réduction drastique, voire totale, de nos contacts sociaux. Sans même évoquer la catastrophe humaine provoquée chez les plus jeunes, victimes du vol de leurs perspectives et chez les plus âgés, privés d’une (dernière) année auprès de leurs proches, on pourrait penser que l’impact psychologique de la crise sur les travailleurs aurait éveillé l’intérêt des dirigeants, puisqu’il a une incidence directe sur notre économie.

Une progression de 48% du taux d’absentéisme a été constatée entre mars 2019 et 2020. Si les absences liées au virus ont forcément renforcé ces chiffres, la première cause de maladie de longue durée reste les troubles mentaux et du comportement et plus précisément encore les dépressions. En février dernier, un règlement grand-ducal demandait à nouveau à la CNS de se pencher sur le dossier du remboursement des séances de psychothérapie. Le point de blocage réside aujourd’hui dans l’exigence de la part de la Caisse nationale de santé d’une prescription de ces rendez-vous par un médecin quand les professionnels de ce secteur estiment qu’une telle démarche ralentirait l’accès au soin, voire intimiderait le patient au point qu’il renonce à sa démarche.

Concentrés sur l’aspect sanitaire de la crise et obnubilés par la santé de notre économie, les mesures prises par nos dirigeants ont contribué à la fragilisation psychologique de ceux qui la font tourner. Mais quel sera le prix à payer pour cette négligence? Puisque les campagnes vaccinales ne peuvent encore éradiquer le problème épidémique, le gouvernement devra bien affronter la question de la santé mentale de ses citoyens en trouvant le moyen d’accélérer les négociations quant au remboursement de ces soins, dont la crise a accentué la nécessité.

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