Des actions concrètes pour réduire la quantité de déchets produite par habitant

Schifflange s’est fixé un objectif de taille à l’horizon de l’année 2023: passer sous la barre des 100 kg de déchets produits par habitant chaque année. A travers des actions de sensibilisation mais aussi en trouvant des filiales de revalorisation pour un nombre toujours plus grand de produits, les efforts communaux portent leurs fruits. Guy Spanier, conseiller climat pour la commune de Schifflange, nous présente les dernières actions menées pour atteindre ces ambitions écologiques.

 

Quelle est la philosophie de la commune en matière de gestion des déchets?

Nous tentons, à travers notre règlement sur la gestion des déchets, d’avoir une influence sur la production de détritus grâce aux différentes redevances que ce dernier prévoit (taxe de raccordement, de mise à disposition d’une poubelle, de vidage et de poids). La première taxe s’élève à 18 euros par raccordement par mois. Elle peut toutefois être réduite de moitié en adhérant à la collecte des biodéchets, des papiers et cartons ainsi que des verres. Les citoyens sont informés trimestriellement du nombre de vidages et du poids jeté dans un objectif de conscientisation. De plus, nous offrons un vidage de 120 L et 10 kg par mois; en triant correctement, les taxes peuvent donc être fortement réduites.

Notre règlement prévoit également l’obligation pour les résidences à partir de dix unités de se munir d’un sas à ordures dont l’ouverture ne peut se faire qu’à l’aide d’un badge d’identification. Grâce à ces sas fournis par E-trash et Lamesch, il est possible de calculer le nombre d’ouvertures par ménage et de les facturer en conséquence. Notre règlement stipule aussi que les résidences à partir de 20 unités doivent installer un centre de recyclage interne pour le tri des déchets plus problématiques, allant au-delà des PMC, papier/carton et verre.

 

Quelle évolution notez-vous dans la quantité de déchets produite par les Schifflangeois?

Jusqu’en 1998, 271 kg étaient jetés chaque année par habitant. Cette année-là, nous avons équipé les poubelles de badges d’identification et avons fournis les données des récoltes aux citoyens, ce qui a diminué la production d’ordures annuelle de 74 kg par personne.

Malgré les campagnes de sensibilisation menées entre 1998 et 2016, aucune amélioration n’était notée. Nous avons alors introduit la taxe de raccordement incitative et ajouté une récolte gratuite pour les papier, verre et PMC. Grâce à ces incitatifs, la production de déchets est tombée à 166 kg par an et par habitant. En 2017, nous avons rendu le sas à ordures en résidence obligatoire et avons ainsi atteint les 152 kg. Cette nouveauté a opéré un véritable changement dans les mentalités des syndicats, aujourd’hui demandeurs de solutions de ce type.

En 2018, nous avons poursuivi nos efforts en obligeant à l’utilisation de gobelets consignés en plastique et réutilisables lors des festivités communales. Ainsi, nous avons réduit la part de déchets à 137 kg. Enfin, en 2019, nous sommes devenus la première commune à utiliser l’Ecobox de la SuperDrecksKëscht lors des fêtes de la commune. Nous avons également mis à disposition des couverts et supports en matière recyclable pour éviter les déchets plastiques alimentaires; ainsi nous sommes retombés à 129 kg. Notre nouvel objectif est de descendre sous les 100 kg produits par habitant et par an d’ici 2023. C’est un vrai défi car même si nous connaissons une baisse régulière, nos efforts sont de plus en plus ciblés, nous devons donc les multiplier pour atteindre les baisses spectaculaires de nos débuts!

 

Parlez-nous par exemple du projet «collecte balle de tennis»…

Ce projet a vu le jour en 2019 suite à une réflexion de notre bourgmestre sur le potentiel de recyclage des balles de tennis. Pratiquant lui-même ce sport, il s’est à juste titre demandé pourquoi nous ne tentions pas de les revaloriser… A travers la SuperDrecksKëscht nous avons analysé les possibilités qu’offrait le marché ainsi que leurs coûts et avons trouvé la société adéquate.

En collaboration avec notre club de tennis, nous avons installé des bacs pour récupérer les balles usées dans le hall. En un an, nous en avons récolté 3.854, ce qui représente 222 kg de déchets. Une balle est composée à 65% de caoutchouc, qui, après avoir été séparé du feutre – malheureusement impossible à recycler – sera broyé et réutilisé dans la fabrication de revêtements de sol sportif, par exemple.

Si l’impact à l’échelle communale reste limité, nous espérons montrer l’exemple à la cinquantaine d’autres clubs de tennis du Luxembourg qui pourraient, ensemble, collecter jusqu’à sept tonnes de balles. D’autres communes se sont déjà renseignées et nous espérons qu’elles nous emboiteront le pas.

 

Vous avez également lancé un projet concernant les mégots de cigarette…

En 2020, nous avons installé des cendriers dans la commune dans le cadre de l’action «Zéro MéGO!». A l’heure actuelle, nous comptons dix emplacements. Notre action de distribution de cendriers de poche sur un stand de sensibilisation avec des panneaux explicatifs est malheureusement tombée à l’eau, mais nous espérons que le contexte sanitaire nous permettra de la mener à bien au printemps 2021.

Au total, 8 millions de mégots sont jetés chaque minute dans le monde. Sachant qu’un seul d’entre eux mettra 15 années à se dégrader et polluera jusqu’à 500 litres d’eau une fois acheminé aux canalisations par la pluie, nous trouvions urgent d’agir à ce niveau. Nous remarquons déjà les effets de cette action, notamment au niveau des arrêts de bus où on ne retrouve presque plus de mégots au sol. Une fois collectés, ces derniers seront ensuite transformés en mobilier urbain.

 

Quelles sont vos actions auprès des plus jeunes?

Une sensibilisation est faite dans les écoles par les professeurs. Notre stratégie est de conscientiser les enfants car en rentrant à la maison, ils auront ensuite un impact sur toute la famille. Par exemple, en 2018, nous avions lancé une campagne incitant les écoliers à venir à l’école en marchant. Ceux qui avaient effectué un certain nombre de trajets à pied avaient alors déjà reçu une gourde.

L’année dernière, nous avons remis à chaque élève une gourde et une «lunchbox» en métal à la rentrée. Avec cette boîte, ils pourront transporter leur repas du midi sans devoir produire de déchet d’emballage. A cause de l’épidémie de Covid-19, nous les avons finalement distribuées à l’occasion de la Saint-Nicolas. Ce cadeau était accompagné d’une documentation expliquant l’impact environnemental positif de l’utilisation de ce type d’outil.

Dès que la situation sanitaire le permettra, nous débuterons également la distribution de gourdes en métal aux associations sportives. En parallèle, nous sommes en train d’installer des fontaines à eau dans les halls sportifs et prévoyons également d’en intégrer au milieu urbain.

Avec ces dispositifs, nous voudrions éviter les déchets plastiques. Dans la même idée, nous avions d’ailleurs réalisé en 2018 une vidéo de sensibilisation sur les déchets jetés dans les rivières ou dans les rues. Dans le cadre de ce projet financé par le programme de coopération territoriale européenne Interreg, nous voulions montrer comment ils étaient ensuite acheminés par les canalisations dans les stations d’épuration. En collaboration avec les communes françaises des alentours, Villerupt et Audun-le-Tiche, ainsi qu’avec les communes d’Esch-sur-Alzette, Sanem, Mondercange, Kayl, Bettembourg et Roeser, nous avons ainsi soulevé le problème des microplastiques qui se dégradent dans nos eaux et que nous finissons par réingérer.

 

Quels sont vos projets de réduction de la production de déchets pour l’année 2021?

Tout abord, nous voudrions finaliser les actions menées en 2020 en replanifiant la distribution de gourdes dans les associations sportives et en mettant en place notre action de sensibilisation autour des mégots. De plus, nous aimerions organiser des actions comme par exemple des marches, des tours à vélos et peut-être une nouvelle marche transfrontalière lors desquelles nous pourrions offrir des gourdes à tous les participants.

Par ailleurs, nous venons d’intégrer le programme de collecte Valorlux au 1er janvier. Nous étions jusqu’alors la seule commune à ne pas y participer car nous estimions qu’elle était insuffisante. Valorlux a récemment complété son offre en proposant la collecte d’emballages et de barquettes en plastique ainsi que des pots de yaourt, c’est pourquoi nous avons décidé d’y adhérer.

Enfin, cette année le Syndicat Intercommunal à Vocation Ecologique (SIVEC) compte agrandir son centre de recyclage à Schifflange en mettant l’accent sur la réutilisation de matériel de seconde main. Il est projeté d’y créer un stand plus grand pour le dépôt de produits pouvant être récupérés par d’autres citoyens.

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