EY 2020 Global Alternative Fund Survey

Résilience des gestionnaires de fonds alternatifs en période post COVID-19

 

Selon l’édition 2020 de l’étude mondiale d’EY consacrée aux fonds d’investissement alternatifs et intitulée « EY Global Alternative Fund Survey », les gestionnaires de fonds alternatifs ont persévéré, et parfois même dépassé les attentes des investisseurs en matière de performance, en dépit des niveaux de volatilité extrêmes des marchés, de l’augmentation du volume des transactions et des bouleversements au sein même de la société en lien avec la COVID-19. Toutefois, ces gestionnaires ne répondent toujours pas aux attentes par l’apport notamment de produits répondant à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et liés à la diversité et à l’inclusion.

 

Il ressort de la quatorzième édition de cette étude que le volume d’actifs dédié aux investissements alternatifs est resté inchangé. Toutefois, la concurrence entre classes d’actifs continue de s’intensifier. Sur une analyse de tendance de plusieurs années, la part allouée aux hedge funds diminue encore, atteignant 23% en 2020, contre 33% en 2019 et 40% en 2018. Les investissements en private equity et en venture capital sont restés stable, soit 26%, alors que les investissements en private credit ont augmenté de 5 à 11%, à l’heure où les sondés anticipent le lancement d’un cycle de crédit déclenché par la COVID-19, gage d’opportunités pour ces gestionnaires.

Un changement des produits alternatifs n’est pas le seul bouleversement cette année. Les gestionnaires de Hedge funds, pour 30% d’entre eux, tablent sur un intérêt accru en faveur de la gestion active en raison de la volatilité des marchés induite par la COVID-19, 52% des sondés estimant que la COVID-19 et la volatilité des marchés augmenteront l’intérêt de l’investisseur pour la gestion active. Il convient de noter que près d’un tiers des investisseurs interrogés, soit 30%, ont confirmé qu’un intérêt accru de leur part pour des investissements alternatifs gérés de manière active n’est autre qu’une conséquence de la volatilité des marchés post-COVID.

Les fonds d’investissement alternatifs ont fait preuve de résilience en réponse à la pandémie de COVID-19, le recours à la technologie demeurant un élément moteur de cette réussite.

L’industrie des fonds alternatifs a su faire face à la pandémie de COVID-19 en termes d’attentes des investisseurs et de performance des gestionnaires. La majorité des gestionnaires des fonds alternatifs ont, pour 58% des gestionnaires de hedge funds et 81% des investisseurs en private equity, confirmé que leurs gestionnaires ont répondu ou même dépassé les attentes en matière de performance durant la période de volatilité des marchés résultant de la pandémie.

Sur le plan opérationnel, l’industrie des fonds alternatifs table sur un retour à la normale de ses activités, avec une transition en faveur du télétravail réussie. En dépit de ces perspectives prometteuses, les gestionnaires de fonds alternatifs s’attendent à la poursuite du télétravail pour un tiers (32%) des professionnels back et middle office, tout comme le pratiquent 28% des professionnels du front office. Ce changement souligne l’efficacité et la résilience dont a fait preuve chaque groupe, mais témoigne également des attentions en constante évolution des employés souhaitant bénéficier d’une flexibilité accrue en matière de lieu de travail.

La COVID-19 a accéléré un bon nombre de tendances à la digitalisation observées au cours des dernières années, revêtant d’ailleurs désormais une importance cruciale pour les gestionnaires d’actifs alternatifs. Les investisseurs sont plutôt satisfaits des efforts entrepris par les gestionnaires pour gérer la technologie et les données. Les hedge funds sont plutôt bien perçus pour la moitié des investisseurs sondés (53%) qui estiment que l’industrie des hedge funds est à la pointe de la technologie en comparaison des autres services financiers. Sur base d’analyse des domaines du crédit et du private equity, respectivement 30% et 28% seulement des sondés partagent cet avis. A titre d’exemple, un quart (24%) des gestionnaires de hedge funds utilisent, ou ont l’intention d’utiliser des données avancées visant à prédire le comportement des investisseurs et un tiers, soit 35%, le font pour analyser leurs propres opérations internes.

En dépit de ces progrès, une marge de progression demeure en matière d’externalisation de certaines fonctions, alors qu’aucun gestionnaire de fonds n’a fait état de services de reporting totalement automatisés. A l’image des technologies avancées, les hedge funds sont plus avancés dans leurs processus d’automatisation, toutes fonctions incluses, et notamment pour la comptabilité de fonds, la trésorerie et la valorisation.

« La COVID-19 a servi de catalyseur dans l’industrie alternative, à la fois dans la manière dont les sociétés recourent à la technologie pour faciliter le télétravail, mais également en matière d’utilisation de la technologie, pour notamment mettre en place des systèmes modernes améliorant la productivité » note Michael Ferguson, Wealth & Asset Management Leader chez EY Luxembourg. Les Hedge funds sont clairement à l’avant-garde, ayant opté les premiers pour l’externalisation. Ils continuent à s’appuyer sur des outils novateurs tels que le machine learning, la robotique et la technologie blockchain pour rester en phase avec leurs activités complexes en constante évolution ».

ESG : des critères à prendre en compte pour les gestionnaires de fonds alternatifs

Les investisseurs se sont progressivement concentrés sur les produits ESG et les investissements socialement responsables mais envisagent également de conclure des partenariats avec des gestionnaires souhaitant privilégier leur propres politiques ESG internes. Comme le met en évidence l’étude, près de la moitié des investisseurs (49%) investissent à l’heure actuelle dans des produits ESG, ce qui correspond à près du double du nombre d’investisseurs incluant des produits ESG dans leur portefeuille en 2019 (26%). En outre, plus d’un quart des investisseurs sont tenus d’investir dans des produits socialement responsables, soit près du double de l’année précédente. Cette tendance s’explique en grande partie par une localisation des investisseurs hors des Etats-Unis, la majorité (84%) d’entre eux étant basée en Europe et investissant actuellement ou prévoyant d’investir dans des produits ESG au cours des deux prochaines années.

Par conséquent, l’investissement socialement responsable reste toujours la voie royale vers la croissance. Toutefois, comme l’illustre l’étude, les gestionnaires alternatifs ne répondent pas à la demande. Seulement un cinquième des gestionnaires offrent des produits ESG, proportion inchangée par rapport à 2019, avec la moiitié seulement d’entre eux capables d’inclure les facteurs de risque ESG dans leur stratégie d’investissement. Ceux à même de mobiliser et de lancer des produits dans la sphère ESG vont bénéficier d’un avantage compétitif, à l’heure ou presque tous les investisseurs (88%) interrogent leurs gestionnaires sur la manière dont ils incluent les critères ESG dans leur processus de décision d’investissement.

Indépendamment des produits, près des trois quarts (70 %) des investisseurs ont déclaré que la politique ESG interne d’un gestionnaire alternatif est d’une importance capitale pour décider d’investir. Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport à 2019, puisque 27 % seulement avaient alors qualifié que cette politique était d’une importance capitale. Les fonds de private equity sont plus avancés que leurs homologues des fonds spéculatifs, puisque près de 64 % des gestionnaires de fonds de private equity disposent actuellement d’une politique ESG, alors que seulement la moitié des gestionnaires de fonds spéculatifs en ont une.

« La plupart des progrès observés dans notre étude sur les questions ESG ont été réalisés en dehors des États-Unis. Néanmoins pour envisager une demande accrue des investisseurs pour ces produits et pour que leurs gestionnaires demeurent des citoyens respectueux des normes, nous nous attendons à des changements », déclare Dietmar Klos, Real Estate Leader chez EY Luxembourg. « Nous constatons l’apport d’une certaine réponse à ces attentes, mais les stratégies traditionnelles des fonds spéculatifs ont fait face à davantage de défis lorsqu’il a été question d’investissements ESG. L’émergence de cadres et de notations ESG, ainsi qu’une intégration plus large des risques ESG dans le processus d’investissement, permet aux fonds spéculatifs de prouver qu’ils sont capables de fournir aux investisseurs des produits qui répondent à leurs besoins futurs ».


La gestion des talents : une préoccupation majeure pour les gestionnaires de fonds alternatifs

Bien qu’ils accordent tous deux la priorité à la gestion des talents, les hedge funds et les sociétés de private equity adoptent néanmoins des approches différentes. Tous deux considèrent l’amélioration de la productivité et l’engagement comme une priorité absolue, 42 % et 31 % d’entre eux la plaçant respectivement en tête de liste. À partir de là, les priorités divergent.

Les sociétés de private equity donnent la priorité à l’augmentation de la représentation des genres, plus de la moitié (56 %) déclarant qu’il s’agit d’une des trois premières priorités, et un quart (24 %) la plaçant en tête des impératifs. En outre, plus de la moitié (52 %) des cadres déclarent que l’augmentation de la représentation des minorités ethniques constitue une des trois priorités essentielles. La mise en œuvre de stratégies visant à accroître la diversité des sexes et des ethnies est moins bien classée dans la liste des priorités des gestionnaires de fonds spéculatifs, 26 % des gestionnaires considérant l’augmentation de la représentation des sexes et 23 % l’augmentation de la représentation des minorités ethniques comme l’une des trois premières priorités.

Les investisseurs, en revanche, sont très conscients de la nécessité d’une plus grande diversité. Presque tous les investisseurs notent que la politique de D&I d’un gestionnaire joue un rôle dans leur décision d’investissement. Cela est particulièrement important pour attirer des capitaux de l’extérieur des États-Unis, car presque tous les investisseurs hors des États-Unis notent que les politiques de D&I jouent un rôle essentiel dans la décision d’investissement.

Si une prise de conscience est cruciale pour parvenir à une plus grande diversité, il existe une marge de croissance importante, car la majorité des gestionnaires de fonds alternatifs (68 %) ont des politiques de D&I informelles, voire aucune politique. Si l’on compare les fonds spéculatifs et les sociétés de private equity, 33 % et 26 % respectivement n’ont aucun plan formel. Près de deux gestionnaires sur trois (62 %) ont mis en place une politique de sensibilisation et dispensent une formation sur les préjugés et l’inclusion (59 %) dans le cadre de leurs initiatives D&I. À partir de là, on constate des baisses importantes, car une minorité de cadres a déclaré parrainer des groupes de diversité, des formations aux entretiens, l’instauration d’objectifs de diversité et autres initiatives. En outre, les fonctions de front office continuent de pâtir d’un manque important de diversité. Plus de la moitié des gestionnaires de fonds spéculatifs (56 %) et 39 % des sociétés de private equity comptent moins de 10 % de femmes aux postes de front office, soit un classement presque entièrement inchangé par rapport à 2019 (53 % pour les fonds spéculatifs et 35 % pour les sociétés de private equity).

Une organisation ethniquement diversifiée est également essentielle au succès d’une organisation et constitue un axe d’orientation majeur pour les investisseurs. D’un point de vue diversité des genres, les minorités sous-représentées représentent un pourcentage encore plus faible de la main-d’œuvre des gestionnaires de fonds alternatifs. Les deux tiers des gestionnaires de fonds alternatifs (65 %) et plus de trois sociétés de private equity sur quatre (78 %) ont indiqué que moins de 10 % des employés du front office sont des minorités sous-représentées. Le back office s’avère être légèrement plus avancé que le front office pour les gestionnaires de fonds spéculatifs et de fonds de private equity, mais la grande majorité des gestionnaires ont indiqué qu’ils disposaient d’équipes de back office avec une représentation des minorités de 30 % ou moins.

« Plusieurs raisons justifient l’importance de la diversité pour les gestionnaires de fonds alternatifs, mais le comportement et les attentes des investisseurs demeurent néanmoins en tête de liste », déclare Laurent Capolaghi, Private Equity Leader chez EY Luxembourg. « Comme le démontre l’enquête de cette année, la plupart des investisseurs estiment que leurs organisations sont plus diversifiées que celles de leurs gestionnaires de fonds, et une grande majorité (96 %) d’entre eux souhaitent allouer davantage de fonds aux entreprises dirigées par des femmes et des personnes issues de minorités. Le temps est venu pour les gestionnaires de fonds alternatifs d’intensifier leurs efforts et d’embaucher une main-d’œuvre plus diversifiée. L’expérience et les connaissances de ces personnes s’avéreront bénéfiques pour arriver à de nouvelles idées qui, en fin de compte, profiteront aux investisseurs ».

 

L’étude complète est disponible à l’adresse suivante : https://www.ey.com/en_lu/wealth-asset-management/does-accelerating-adaptation-present-obstacles-or-increase-opportunities

 

Communiqué EY

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