La digitalisation de la formation à sa juste mesure

S’appuyant sur une expérience professionnelle de 25 ans qui combine à la fois l’audit et la formation, elle a rejoint le groupe Arendt il y a tout juste un an avec l’objectif de combiner, en un seul département, les formations tant externes qu’internes. Le développement de l’humain, la multitude des sujets abordés et la possibilité d’innover, voilà ce qui la passionne dans son métier. «La formation requiert des capacités d’écoute et d’empathie indispensables pour trouver la pédagogie la plus adaptée au sujet, à l’audience mais aussi au contexte», interview de Carole Houpert-Sieger, Learning & Development Director chez Arendt & Medernach, qui revient pour nous sur la digitalisation de la formation et ses facteurs de succès.

 

Le 100% digital est-il une bonne idée dans la formation?

Il y a une vingtaine d’années, aux prémices des formations digitales, certains prêchaient que le présentiel était résolument fini et que bientôt, tous les professeurs seraient remplacés par des robots. L’histoire leur a donné tort parce que tous les sujets ne peuvent être dispensés efficacement via le digital.

Ce dernier est un outil puissant qu’il faut savoir utiliser à bon escient. S’il démultiplie la palette d’outils mis à la disposition des formateurs, le fond du métier, lui, reste le même. C’est pourquoi la clé de voute a toujours été, et restera toujours, la compréhension des besoins et souhaits des apprenants: ont-ils une appétence pour le digital, à quelle dose et sous quel format (est-ce sur poste fixe ou sur mobile par exemple), quel est le temps qu’ils peuvent y consacrer? Toutes ces questions doivent être posées en amont afin de construire un plan répondant aux objectifs et étant adapté aux capacités de l’apprenant qu’il soit un client interne ou externe.

Nous n’utilisons pas le digital parce qu’il est à la mode mais parce qu’il est un outil pédagogique supplémentaire qui décuple l’impact de la formation et accompagne les personnes sur le long terme.

 

Le confinement a t-il été un accélérateur de la digitalisation de la formation?

Les différents acteurs du marché indiquent que si les entreprises n’ont pas plus formé leurs collaborateurs, elles ont effectivement transformé leurs méthodes d’apprentissage. Nous avons dû digitaliser plus intensément nos formations et donc accompagner des formateurs qui n’avaient jamais animé de classe virtuelle. En salle, ces excellents pédagogues repèrent aisément les froncements de sourcils, les regards dans le vide et tous ces petits détails qui laissent à penser que leur discours n’est pas compris. Ce qui est beaucoup plus difficile, voire même impossible, dans une classe virtuelle et c’est pourquoi une animation en digital requiert une scénarisation qui ne laisse quasiment aucune place à l’improvisation.

 

Parlez-nous d’Arendt Institute…

Il s’agit de la structure de formation d’Arendt qui se concentre sur les besoins croissants des clients sur des sujets clés concernant les développements législatifs et réglementaires. Notre équipe se compose d’experts internes qui assurent des cours pratiques et de haut niveau dans tous les domaines d’activité. Du secteur public à la grande distribution en passant bien évidemment par le secteur financier, bancaire, d’assurance et des fonds d’investissement, la diversité des profils et des parcours des apprenants qui nous font confiance est un facteur clé de richesse pour les échanges qui caractérisent les sessions de formation de notre institut.

Nous proposons des solutions d’apprentissage complètes avec un accent particulier sur les questions juridiques, réglementaires et fiscales et concevons également des sessions de formation sur-mesure, des ateliers spécifiques et des sessions d’approfondissement.

 

Quels sont les outils digitaux que vous utilisez et à quelles fins?

Si vous me permettez une analogie: la hauteur que vous pouvez atteindre en construisant une tour en briques lego© dépend moins du type de briques que de la solidité de ses fondations. Il en va de même pour les formations. Certains évaluent avec beaucoup de précision le niveau à atteindre mais oublient souvent de bien spécifier celui des connaissances actuelles des apprenants. Le choix de la technologie se fait toujours en fonction des objectifs à atteindre et des capacités présentes de chacun.

Lorsqu’il s’agit de s’approprier les fonctionnalités d’un software par exemple, quelques tutoriaux vidéo en ligne peuvent suffire. Dès lors qu’il s’agira de s’assurer que les bonnes décisions seront prises eu égard à de nouvelles exigences réglementaires, on privilégiera la simulation immersive avec un avatar qui engendrera des scénarii différents en fonction des choix qui sont faits.

Grâce à l’intelligence artificielle, les chat box sont devenus plus proactifs et repèrent les difficultés rencontrées. Il est désormais aussi possible d’apprendre dans le flux continu du travail. L’instructeur d’antan qui, les mains dans le dos, donnait ses directives à l’oral peut être aujourd’hui remplacé par un coach virtuel repérant les problèmes et les erreurs en vous accompagnant dans vos démarches. Ce dernier permet alors d’apprendre sur le terrain et d’assimiler beaucoup plus rapidement.

Autrefois, les communautés d’apprentissage d’une entreprise se limitaient à la machine à café d’un service ou au restaurant d’entreprise. De nos jours, sur le modèle des réseaux sociaux et le partage des compétences, elles peuvent s’élargir à toute l’entreprise et à son secteur professionnel. Les bonnes pratiques recommandent toutefois la mise en œuvre d’une réelle gouvernance, notamment d’un animateur de communautés veillant à la qualité des contenus diffusés.

Pour ce qui est des formations à long terme, le cursus peut se composer de lectures personnelles, d’e-learning asynchrone sur mobile avec une validation des étapes en ligne, d’une vérification des acquis en salle avec un expert qui répondra aux questions, ajoutera de la théorie et des cas pratiques et enfin de quiz pour ancrer le savoir dans la mémoire à long terme.

 

Quels sont les facteurs de succès de la formation digitale?

Ils sont nombreux dans la mesure où un apprenant va vite décrocher s’il rencontre des éléments polluants comme des difficultés d’accès, un manque de convivialité de l’interface ou même une modernité qui le dépasse.

Il faut tout d’abord s’assurer de la bonne infrastructure de réseau et d’équipement des apprenants et de ne pas oublier de renforcer leurs compétences digitales. Et donc prévoir des formations de remise à niveau et planifier, dans une juste mesure, l’utilisation des outils digitaux asynchrones et des moments d’échange synchrones, en présentiel ou en distanciel. Le graphisme utilisé pour l’environnement digital est également d’une grande importance et il est pertinent de reproduire un environnement familier de l’apprenant, comme celui de son entreprise par exemple.

Si la digitalisation a ses facteurs de succès, l’élément crucial reste toujours l’appétence de l’apprenant. La formation digitale peut donc tout aussi bien s’avérer motivante que répulsive. Tout dépend de la pédagogie sur laquelle elle s’appuie. À nous, organismes et responsables de formation de veiller à ce que outils et méthodologie soient utilisés intelligemment et servent l’objectif ultime de développement des apprenants.

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