Pour un marché de l’immobilier accessible à tous

Alors que la crise sanitaire fait craindre l’émergence d’importantes difficultés économiques dans de nombreux secteurs, celui de l’immobilier s’apprête à faire face à une aggravation de la situation dans laquelle il était déjà embourbé. La Fondation pour l’Accès au Logement (FAL), comblant les failles d’un marché immobilier devenu inaccessible aux revenus les plus modestes, se prépare à accompagner davantage de personnes en difficultés à se loger dignement. Explications avec Gilles Hempel, directeur de la FAL.

 

L’inclusion par le logement

La Fondation pour l’Accès au Logement est née en 2009, en même temps que le concept de la gestion locative sociale, un système qui vise à mobiliser des biens inoccupés pour les louer à des prix abordables afin de lutter contre l’exclusion sociale par le logement. En sa qualité d’établissement d’utilité publique, la Fondation peut proposer des habitations qui se situent en moyenne entre 30 et 40% en dessous des prix du marché.

Avec l’Agence Immobilière Sociale (AIS), le département en charge de la gestion de son parc locatif, la FAL propose des habitations de toutes tailles, répondant aussi bien aux besoins des familles nombreuses à faible revenu que des personnes isolées exposées à la précarité.

En tant que locataire, l’AIS garantit au propriétaire le paiement mensuel du loyer, même en cas de non-occupation. De plus, elle surveille l’état d’entretien de son bien et y réalise même de menus travaux. Quant au bailleur, il profite d’une exonération fiscale de 50% sur les revenus locatifs nets.

La FAL œuvre également à l’accompagnement social de ses bénéficiaires afin d’augmenter leurs chances de réintégrer un logement non subventionné. Malgré leurs efforts, tous n’ont toutefois pas cette chance. C’est pourquoi la fondation s’est récemment lancée dans la promotion immobilière sociale. Via son nouveau département «Abitatio», elle construit désormais des appartements destinés à la location à long terme pour des ménages à revenus modestes qui ne seraient pas parvenus à trouver une habitation sur le marché immobilier classique. 47 nouveaux logements (répartis sur 9 projets) viendront bientôt gonfler le parc de 560 biens aujourd’hui géré par l’AIS.

 

Un ancrage local

Que ce soit dans le cadre de ses activités de gestion ou de promotion, la Fondation collabore étroitement avec les administrations communales. «Nous sommes conventionnés par une cinquantaine de communes du pays avec lesquelles nous travaillons main dans la main. Ces administrations, toujours désireuses de promouvoir le logement abordable, manquent toutefois souvent de moyens ou de compétences pour mener à bien leurs projets. Si elles possèdent les terrains ou les bâtisses qui pourraient accueillir des logements sociaux, c’est la crainte de ne pouvoir assurer la lourde charge que représente leur gestion qui constitue le frein principal. C’est pourquoi nous leur proposons, contre un terrain en emphytéose, de petits et moyens projets de construction et leur gestion complète», explique le directeur de la Fondation.

 

D’une gestion de crise à l’autre

La FAL a été créée dans le but de promouvoir et de garantir l’accès au logement des personnes défavorisées. Force est néanmoins de constater que la problématique s’est désormais élargie à des personnes actives sur le marché du travail et même parfois à la classe moyenne. Une situation qui risque de s’amplifier en raison de la crise économique qui menace d’exposer davantage de personnes à la précarité. «Jusqu’à présent, contrairement à d’autres organisations qui proposent des aides alimentaires par exemple, nous n’avons pas encore enregistré de hausse significative des demandes. Nous devons toutefois nous y préparer. Nous nous attendons effectivement à ce que la crise du logement soit aggravée par les difficultés économiques qui découleront de la crise sanitaire. Les plus touchés seront sans doute les jeunes diplômés qui peineront à trouver du travail et, par conséquent, un logement. Le confinement a démontré qu’il était possible de se priver de beaucoup de choses, mais pas d’habiter. S’il est difficile de faire des projections, il est fort probable que nous devrons redoubler d’efforts pour faire face à une crise du logement qui, il faut le souligner, était déjà très grave avant que la situation actuelle ne vienne la compliquer», estime Gilles Hempel.

Contrairement au premier marché immobilier qui a fait l’objet de mesures gouvernementales pour minimiser l’impact de la crise sanitaire sur les locataires, le modèle proposé par l’AIS «est déjà parfaitement approprié pour faire face à ses conséquences», considère son directeur. «Nos loyers sont déjà adaptés aux faibles revenus de nos bénéficiaires. Il s’agira non pas de revoir notre dispositif mais de l’élargir, c’est-à-dire de gérer plus de biens et de renforcer la construction de logements abordables. Pour ce faire, nous espérons recevoir davantage de ressources de nos ministères de tutelle», poursuit Gilles Hempel.

En attendant, le premier projet de promotion immobilière d’Abitatio, sept appartements qui devaient sortir de terre au printemps à Niederkorn, accueillera finalement ses premiers locataires en septembre ou en octobre.

Lire sur le même sujet: