Compétitivité et croissance versus santé et environnement: où se situent les priorités de nos gouvernements quant au déploiement de la 5G?

A l’heure où nos sociétés redoutent encore les conséquences économiques de la crise sanitaire mondiale, une autre polémique, à la couverture médiatique certes plus discrète, agite les esprits: le déploiement de la 5G. Récoltant malgré le contexte 7.272 signatures, la pétition luxembourgeoise lancée à son encontre en témoigne: l’avancée technologique ne fait pas l’unanimité. Semblant opposer les membres de notre écosystème politico-économique à une large communauté de scientifiques, le débat oppose d’un côté les nécessités d’évolution, de croissance et de rentabilité de nos systèmes et de l’autre des questions sanitaires et environnementales. Entre ces deux camps, les moins engagés ou les plus indécis tenteront de se faire une opinion en sous-pesant ses avantages et conséquences (potentiellement, diront les plus prudents) néfastes. Les complotistes les plus farfelus, eux, s’acharneront à trouver un lien entre son déploiement et la diffusion du Covid-19… Pour trancher la question, un débat se tiendra prochainement à la Chambre des Députés: affaire à suivre.

 

Si l’on parle de l’avènement de la 5G depuis de longs mois, le sujet est plus que jamais d’actualité puisque l’Union européenne avait imposé son déploiement dans au moins une ville de chaque Etat membre à l’horizon du mois de juin 2020. Dans un contexte économiquement fragile, ses atouts séduisent: développement d’opportunités stratégiques et économiques, possibilités de connecter un plus grand nombre d’objets intelligents, assurance d’un débit ultra-rapide et véhiculant mille fois plus de données,… Elle promet une infinité de possibilités et surtout, selon la Commission, une forte croissance du PIB européen.

 

Alors que le calendrier de ce déploiement semble déjà bien en place en Europe, le gouvernement luxembourgeois l’a même listé comme une priorité dans son accord de coalition. Pourtant, les alertes quant au danger qu’il représente pour notre environnement et pour la santé des populations se multiplient. Un appel à son arrêt sur Terre et dans l’espace a même été lancé par un large groupement de scientifiques, médecins et organisations environnementales à travers 218 nations et territoires. Leur crainte principale? Les milliers d’antennes qu’il faudrait déployer pour garantir l’accès à cette technologie augmenteraient drastiquement l’exposition aux rayonnements radiofréquences. Or, aucune étude indépendante du monde industriel et des télécommunications n’aurait été menée de façon prolongée pour analyser les effets biologiques de rayonnements 5G. Certains cancers et autres maladies génétiques, endocriniennes, immunitaires et neurologiques pourraient en découler si l’on en croit les recherches menées sur des rats par le National Institute of Environmental Health Sciences aux Etats-Unis. Et il ne s’agirait là que de l’aspect sanitaire d’un bouleversement environnemental bien plus large…

 

En Chine et aux Etats-Unis, le développement d’infrastructures s’est allégrement poursuivi pendant la crise du coronavirus, présentant l’avènement de la 5G comme un argument de relance économique post-confinement… De quoi faire de l’Europe la grande retardataire quant à la mise en place de cette technologie. Au vu du nombre d’études scientifiques tendant à s’accorder sur ses dangers, la question de la priorité européenne se pose: faudrait-il réellement s’évertuer à rattraper ce retard au nom de sacro-saints profits économiques ou ne devrait-on justement pas ralentir cette course effrénée vers un monde qu’on nous promet futuriste pour en mesurer correctement les impacts sur la nature et la santé humaine? Le principe de précaution devrait ici s’imposer.

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