Une analyse épidémionomique de la crise du Covid-19 au Luxembourg

La gestion de la crise Covid-19 est souvent perçue comme la recherche du juste équilibre entre le sauvetage des vies humaines et le sauvetage de l’économie ou, pour caricaturer, entre les priorités des épidémiologistes et celles des économistes. La question est bien plus subtile et complexe. Sans les interventions en matière de santé publique, un effondrement du système de soins de santé à lui seul aurait pu générer des phénomènes de panique, un effondrement systémique du système financier international et une récession économique bien plus grave encore. A l’opposé, malgré les risques épidémiologiques qu’il implique, le redémarrage de l’économie est nécessaire pour assurer le financement des soins de santé, pour limiter le nombre de faillites, et pour atténuer les effets indirects que le confinement et ses effets économiques engendrent sur la santé mentale. Dès lors que les taux de transmission du virus ont atteint des niveaux très bas, de nombreuses mesures de confinement ont été levées. Une saine gouvernance de la stratégie de déconfinement requiert de bien anticiper le risque d’un rebond de la courbe d’infection et d’identifier les mesures d’accompagnement appropriées. Les recherches collaboratives des économistes et des épidémiologistes sont plus utiles que jamais pour appréhender les coûts et les avantages des politiques publiques.
Au sein de la Task Force pour la coordination du secteur de la recherche publique dans le contexte de la pandémie Covid-19, des économistes et des épidémiologistes ont développé un nouveau modèle qui relie les aspects économiques et épidémiologiques de la crise Covid-19. Calibré sur le cas luxembourgeois et tenant compte des mouvements transfrontaliers de la main-d’œuvre au sein de la Grande Région, ce modèle épidémionomique est utilisé pour chiffrer et anticiper les effets de la crise sur la santé publique et l’économie semaine après semaine tout au long de l’année 2020. La première partie de l’analyse révèle que chaque semaine de lockdown s’est traduite par une chute d’environ 28% de la production nationale hebdomadaire (et par une baisse de 0.54% du PIB annuel). Pendant le lockdown, les industries les plus touchées ont été la construction, HORESCA et les services de commerce de gros et de détail. Etant donné l’importance des services à forte intensité de main d’œuvre qualifiée, le télétravail a joué un rôle majeur, réduisant à la fois l’effet sur la production économique et la propagation du virus. Si le moment est opportun pour lever les mesures de confinement, l’analyse met également en évidence l’incertitude entourant l’évolution des taux de transmission sur le lieu de travail et en dehors. Il y a un risque important que la reprise des activités sociales et, dans une moindre mesure, l’augmentation de la densité des employés sur le lieu de travail puissent entraîner un rebond de la courbe d’infection. Nos chercheurs identifient quelques recommandations visant à minimiser la probabilité d’un tel rebond.
Pour plus de détails consultez la publication sur le site https://www.liser.lu/?type=module&id=104&tmp=4468

Dr. Michal Burzynski ‘Marché du Travail’
Prof. Frédéric Docquier ‘Crossing Borders’

Une publication rédigée par Dr. Michal Burzynski et Prof. Frédéric Docquier, chercheurs au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER)

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