Combattre un ennemi invisible par l’inertie des populations

Coronavirus et Covid-19, ces mots devenus si familiers à force d’être ressassés par nos esprits confinés n’ont pourtant fait leur apparition dans notre vocabulaire quotidien qu’il y a à peine quatre mois. Aujourd’hui associés à la mise en danger de nos aînés et de nos semblables les plus fragiles, associés également à une crise économique imminente qu’on nous promet sans précédent, ils nous obsèdent.

Nos civilisations modernes sont confrontées pour la première fois à la gestion d’une pandémie. Dans ce contexte mondialisé inédit, nous ne pouvons nous empêcher de juger de l’efficacité des mesures nationales prises pour endiguer la crise – d’abord sanitaire, et dans le futur, économique – à la lumière des modes opératoires observés chez nos voisins européens et plus lointains encore. Fort d’une économie florissante et d’un système de soin à la pointe de la technologie, le Luxembourg n’a pas à rougir de ses efforts.

Forcément moins spectaculaire que les seize hôpitaux créés à Wuhan, premier épicentre de l’épidémie, pour répondre à l’afflux de malades, le Luxembourg peut tout de même se targuer d’avoir anticipé le débordement de son système hospitalier en aménageant en moins de deux semaines quatre centres de soins complémentaires, soit autant de postes avancés contre l’infection répartis stratégiquement sur son territoire.

Progressant à l’aveugle, les politiques semblent faire de leur mieux pour organiser la gestion des événements. Les décisions gouvernementales rapides et audacieuses assorties d’investissements massifs ont d’ailleurs fait du pays le plus grand dépisteur au monde proportionnellement à sa démographie. En première ligne du front médical, c’est le personnel soignant qui affronte chaque jour un risque important de contamination pour déjouer les statistiques meurtrières du virus. 70% des acteurs de ce secteur étant frontaliers, l’Etat a déployé des mesures exceptionnelles pour les loger et faciliter leur quotidien.

En marge de ce combat vital, le front économique, fortement endommagé par les mesures drastiques de distanciation sociale, n’est pourtant pas négligé. Avec 8,8 milliards investis en soutiens divers aux salariés et entreprises, le Luxembourg a cherché à compenser les pertes provoquées par le gel de ses activités tout en veillant à soutenir les plus vulnérables. Les routes désertées d’un pays d’ordinaire miné par de sempiternels embouteillages sont notamment le reflet d’accords fiscaux miraculeusement trouvés avec les pays frontaliers pour favoriser le télétravail. Si l’épidémie devait avoir une conséquence positive, ce serait sans doute celle de prouver l’accessibilité à ces modes de travail alternatifs, tant du point de vue de l’organisation interne des entreprises qu’au niveau fiscal. Les travailleurs, allégés de la contrainte des trajets interminables, voient plusieurs heures de leur journée libérées et passent davantage – ou trop diront certains avec humour – de temps en famille.

La peur reste évidemment le sentiment dominant de cette crise, frustratoirement combattue par le confinement. L’incertitude planant sur l’avenir, même court-termiste, de nos sociétés paralysent des populations déjà plongées dans une inertie physique par nécessité sanitaire. Mises à part quelques irresponsables exceptions, chaque individu retient son souffle – potentiellement infecté – à la fois dans l’espoir d’épargner son voisin et dans celui de voir émerger des solutions concrètes pour mettre fin à ce calvaire quotidien. Confinés, pour les plus chanceux, nous rêvons plus que jamais à un air sain respiré à pleins poumons, aux embrassades joyeuses et sans craintes de nos proches et aux rires dé-digitalisés de nos amis. Quelques plaisirs autrefois simples, devenus synonymes de liberté retrouvée.

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