Une zone d’activité économiquement circulaire

Proche du centre de Schifflange et de la zone commerciale de Foetz, la zone d’activité économique «op Herbett» prend doucement forme. Appliquant concrètement les principes issus de l’économie circulaire, la zone prioritairement dédiée à l’artisanat fera l’objet d’un projet pilote tant dans sa conception que dans sa gestion, qui nécessitera une collaboration étroite entre les secteurs privé et public. Guy Spanier, conseiller climat, et Marc Spautz, échevin de la commune de Schifflange, nous décrivent en détail les principes qui régissent ce projet.

 

Une zone dédiée à l’artisanat

Sortant petit à petit de terre, la zone d’activité op Herbett voit ses travaux d’infrastructures progresser. Alors qu’en son centre la société Batiself construit déjà ses locaux afin de ne pas gêner le reste de la construction par la suite, les travaux d’infrastructures devraient quant à eux prendre fin dans trois mois, date à laquelle les entreprises pourraient commencer leurs propres travaux.

«La zone dispose d’une affectation principalement artisanale, mais nous autorisons également l’implantation de commerces en relation avec l’artisanat, en dehors des secteurs de l’habillement et de l’alimentation déjà fortement représentés à Foetz», précise Marc Spautz. Guy Spanier, conseiller climat, ajoute: «Nous avons donné la priorité aux entreprises de la localité et des proches alentours et avons veillé à la complémentarité des produits proposés».

Alors que 20% de sa surface est dans la main publique et 80% dans celle de propriétaires privés, l’entièreté du projet a été conçu selon les principes d’économie circulaire. La première étape a alors été de planifier l’utilisation rationnelle du terrain pour optimiser la surface à disposition. «Pour l’entièreté du site, nous avons supprimé les reculs latéraux, avants et arrières des bâtiments ce qui augmente la surface utile de 25 à 30% et nous avons imposé une hauteur de bâtiment de 12 mètres, pouvant être répartis en trois étages de 4 mètres ou bien en un étage de 6 mètres et deux de 3 mètres. En élevant les constructions et en les rassemblant, nous gagnons un tiers de surface supplémentaire en comparaison aux autres zones d’activité», nous explique le conseiller climat. Grâce à cette rationalisation de l’espace, le nombre d’entreprises présentes sur la zone est doublé.

La commune a par ailleurs veillé à créer une zone verte occupant 20% de la surface totale au cœur de la plaine du Kiemelbach. Le cours d’eau du même nom sera par ailleurs renaturé. En comparaison des espaces verts de mauvaise qualité environnementale entourant traditionnellement les commerces dans des zones d’activités, cette zone renaturée sera génératrice de biotopes. Des chemins sur pilotis seront aussi construits à travers la zone pour fournir un espace de détente et de rencontre aux salariés et visiteurs. «Nous y créerons également un pâturage extensif au sein duquel un agriculteur de la région pourra produire de la viande de qualité qui pourrait ensuite être exploitée par les restaurateurs de la zone qui devront principalement utiliser des produits locaux», explique Guy Spanier.

 

Mutualiser pour optimiser les ressources

Pour optimiser la gestion logistique de la zone et anticiper les problématiques de mobilité, la commune de Schifflange veut mutualiser un certain nombre d’espaces, d’outils et de services comme des stations de lavage et ateliers de réparation pour faciliter les entretiens des véhicules. «Nous encouragerons la mutualisation des espaces en créant par exemple des stocks partagés avec des aires de manœuvrage et des quais de livraison en commun à deux ou trois entreprises pour communautariser leur transport», détaille Marc Spautz. Les avantages pour les entreprises sont alors écologiques – pour le gain de transport et de surface – mais aussi économiques et logistiques, puisque cela limite les mouvements et facilite la mobilité au sein de la zone. L’échevin ajoute: «Nous encourageons également les entreprises à créer des showrooms communs afin de proposer des solutions complètes à la clientèle. D’autres espaces comme les salles de conférence, les réfectoires et cuisines pourraient également être communautarisés». Les entreprises ont d’ailleurs été invitées à se rencontrer pour exprimer leurs besoins et détecter les possibilités de synergies et d’entraide. «Au-delà du partage de surface, elles pourraient également partager des outils et machines et prévoir des achats groupés pour réduire leurs frais», imagine Guy Spanier.

D’un point de vue énergétique, des centrales d’énergie et des chaufferies communes seront aménagées. Quant aux déchets, ils devraient également faire l’objet d’une gestion commune. «Cette philosophie sera appliquée dans le terrain public mais nous souhaitons l’étendre à toute la zone», ambitionne le conseiller climat.

 

Construire selon les principes d’économie circulaire

L’architecture de la zone a entièrement été pensée par la commune qui a mis au cœur de sa conception les principes d’économie circulaire. Les bâtiments, dont la performance énergétique atteindra la classe B, suivront un modèle de construction aux dimensions identiques, établi en concertation avec les entreprises. Celles-ci disposeront ensuite des plans de l’architecte de la commune pour mener à bien leur construction. Quant à leur intérieur, elles seront entièrement libres de l’aménager. De plus, ces constructions modulaires ont été conçues de manière à pouvoir rajouter ou démonter des étages selon les besoins de leurs occupants.

Comme dans tout son PAP, Schifflange a défini des critères stricts en matière d’utilisation de matériaux dans les constructions. Le bois doit par exemple être certifié FSC ou PEFC, les pierres naturelles labélisées CE, les toitures en zinc pré-patinées pour éviter qu’il n’entre dans le cycle de l’eau, les isolants halogénés proscrits,… De plus, la commune exige des entreprises l’installation d’une toiture végétalisée au moins sur une partie de la surface permettant une imperméabilisation du sol, la création de zones vertes et de rencontres en hauteur ainsi que de microclimats. Chaque toit disposera par ailleurs d’une infrastructure de production d’énergie solaire et de récupération des eaux de pluies qui sera complétée par la création de bassins de rétention pour les eaux restantes.

La communautarisation des ressources sera également encouragée: un jardinier pourrait d’une part revendre ses copeaux de bois pour l’alimentation d’une chaudière à biomasse au sein de la zone, et de l’autre racheter leurs eaux de pluies récupérées aux entreprises qui n’en ont pas l’utilité! Le transport de ressources serait alors évité grâce à la création d’un cycle de vie des matériaux directement sur zone. «Nous avions jusqu’ici beaucoup parlé d’économie circulaire en théorie, il s’agit maintenant de l’appliquer concrètement sur le terrain», affirme Guy Spanier.

 

Accès et mobilité

L’accès à la zone op Herbett pourra se faire de multiples manières; «Une connexion sera assurée depuis la gare de Schifflange par le biais d’une navette dont les connexions ont été établies en fonction des horaires des trains. Un bus du RGTR s’arrêtera également à proximité et les piétons pourront relier la zone commerciale de Foetz et le centre de Schifflange en quelques minutes», poursuit Marc Spautz.

La piste cyclable qui reliera la zone à la gare de Schifflange est quant à elle déjà presque terminée; elle rejoint ensuite la zone commerciale de Foetz. Deux stations de vélo-location de la localité encourageront d’ailleurs les usagers à privilégier ce moyen de transport. «Nous n’oublions pas les automobilistes et prévoyons des bornes de recharge électriques et la création d’un parking en commun qui servira à toutes les entreprises», nous dit Guy Spanier.

Pour la commune, cette zone d’activité ne doit pas uniquement être le lieu de travail des employés. Le conseiller climat nous explique que «des zones de détente (salle de sport, espaces verts, restauration,…) et d’accueil des enfants devraient y être intégrées en donnant la priorité aux salariés». De quoi également fluidifier le trafic au sein de la zone.

 

Un pont entre le public et le privé

N’ayant pas défini le parcellaire dès le départ, la commune de Schifflange a pris le parti de diviser le terrain en îlots de manière à disposer de davantage de flexibilité pour gérer les besoins des entreprises.

«Des discussions sont en cours concernant la gestion de la zone. Nous pensons qu’il faudrait qu’un seul gestionnaire, co-financé par les propriétaires privés et la commune, soit en charge pour faciliter la gestion des éléments communautarisés», nous explique l’échevin. A l’heure actuelle, la loi prévoit la création d’un syndicat pour la gestion de la zone car la collaboration public-privé n’existe pas encore dans la législation. Le ministère de l’Economie voit dans ce projet pilote l’opportunité d’analyser la collaboration entre le privé et le public dans la gestion d’une zone d’activité économique. «Tout ce que nous élaborerons concernant sa gestion lui servira de cadre pour légiférer sur la gestion d’une zone d’activité créant des ponts entre le privé et le public», conclut Marc Spautz.

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