Les bureaux satellites de PwC

La mobilité et le logement sont deux problématiques intrinsèquement liées qui abiment l’attractivité des entreprises. Elles sont bien connues des CEO’s du pays qui peinent à attirer mais aussi et surtout, à retenir leurs talents. Nombreuses sont les entreprises qui essaient de mettre en place des solutions adaptées. Interview de Dominique Laurent, Managing Director, qui revient sur les actions de PwC Luxembourg en la matière.

Ingénieur de formation, Dominique Laurent a été en charge de la gestion de la construction du siège «Chrystal Park» à la Cloche d’Or de 2006 à 2014. Durant cette période, les effectifs de PwC Luxembourg ont presque doublé et il a fallu repenser l’attribution des places de stationnement qui étaient limitées. À l’époque, le grade de manager donnait droit à une place de parking et désormais seuls les associés et directeurs (ce qui représente tout de même 1.000 personnes) ont un accès libre au parking, mais ce, sans attribution.

 

Quelles sont les solutions que vous proposez à vos employés afin d’améliorer leur mobilité?

Même si cette problématique était d’une toute autre ampleur à mon arrivée chez PwC Luxembourg en 2006, nous avions déjà quelques solutions mises en place. Je pense par exemple aux navettes de bus qu’il a fallu optimiser tant au niveau du service que des coûts. En collaboration avec la Ville de Luxembourg, nous avons créé la Job Card qui permettait à nos employés d’utiliser tous les bus de la ville.

Nous avons également établi une série de règles afin de limiter l’attribution des places de stationnement tout en proposant des solutions alternatives. Nous avons par exemple dès 2010 proposé des abonnements au mPass et réalisé une étude annuelle sur les habitudes de déplacements de nos employés. Car ce n’est qu’en comprenant leurs contraintes quotidiennes que nous pouvons proposer des alternatives appropriées. Une application d’autopartage a été développée en interne afin de mettre en relation les résidents d’une même région et les faire bénéficier d’une place de stationnement gratuite. En outre, nous disposons désormais d’une flotte de 1.750 véhicules.

 

Quelles sont les habitudes de déplacements?

Dans la capitale, 95% des travailleurs disposant d’un parking prennent leur voiture alors que 85% de ceux qui n’en ont pas utilisent les transports en commun. La volonté gouvernementale de limiter les places de stationnement est donc fondée mais force est de constater que l’offre d’alternatives n’est pas encore suffisante. Nos employés qui habitent à proximité d’un axe ferroviaire favorisent les transports en commun et les autres, leur voiture.

PwC Luxembourg emploie quelques 3.016 personnes et nos deux dernières sessions de recrutement affichent respectivement 300 collaborateurs en octobre et 200 pour janvier. Il y a dix ans encore, 80% des jeunes recrutés désiraient un véhicule contre 10% seulement aujourd’hui. Sortant des études, un jeune commence généralement sa carrière en étant locataire en milieu urbain, la voiture lui sera dès lors une contrainte à garer. Il sera désireux de solutions de mobilité autres qu’un véhicule individuel. Ce n’est que lorsqu’il aura acquis quelques années d’expérience ou atteint un grade de manager que la voiture revient généralement dans les discussions.

 

Peut-on dire que la mobilité est l’une des bêtes noires de l’attractivité?

PwC Luxembourg continue d’attirer de nombreux candidats mais connait désormais, comme les autres acteurs de la Place, des difficultés à les retenir.

Lorsqu’un talent nous quitte, nous réalisons toujours une interview de sortie et l’argument le plus donné est le temps passé sur les routes pour se rendre au travail et ses répercussions sur la qualité de la vie privée. Le salaire ne peut plus combler les trois heures quotidiennes passées dans les bouchons.

C’est pourquoi nous sommes à l’étude de différents projets afin de proposer des logements de proximité à nos employés, et notamment pour les plus jeunes.

 

Vous œuvrez également à une plus grande flexibilité du temps de travail…

En 2018, nous avons voulu nous préparer à l’arrivée de nos voisins Auchan, Deloitte et AlterDomus en favorisant le travail à domicile. Nous avons donc créé un groupe de travail afin de déterminer les fonctions qui ne nécessitaient pas une présence physique à la Cloche d’Or et développé des applications digitales permettant de capturer le temps de travail qui sert aussi aux déclarations fiscales. Enfin, nous avons ouvert des bureaux satellites à Howald dans le H2O mais aussi à proximité directe des frontières à Oberpallen, Wemperhardt, Belval et Wecker.

Nous veillons également à éviter les situations fiscalement pénalisantes (pour un résident belge au-delà de 24 jours, 19 jours pour un allemand et 29 jours pour un français). Ainsi, jusqu’à deux jours par semaine, ces bureaux satellites permettent de travailler à distance et de manière connectée. Car c’est bien la digitalisation de nos processus qui est la clé de voute de cette décentralisation.

 

Comment s’en porte la productivité?

Contrairement à nos espaces ouverts du Crystal Park qui favorisent le travail en équipe, ces bureaux satellites sont davantage adaptés aux tâches qui nécessitent une concentration particulière. Il suffit de réserver une place en le déclarant à son responsable d’équipe qui via un tableau de bord, peut suivre les positions de ses collaborateurs. Congés de maladie ou extraordinaires, positions géographiques des clients, il peut ainsi tout coordonner.

Aujourd’hui encore, nos associés ont le droit à un bureau individuel mais, là aussi, des changements sont à venir pour aller vers plus de partage. La productivité est optimisée et c’est pourquoi d’autres sites devraient prochainement être disponibles et peut-être également via des bureaux permanents.

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