Soler ou l’énergie renouvelable
Les objectifs luxembourgeois en ce qui concerne la part des énergies renouvelables est de 11% en 2020 et de 25% en 2030. La Société Luxembourgeoise des Énergies Renouvelables y participe en s’occupant du développement de projet, de la planification, de la construction et de l’exploitation d’installations de production d’énergie à partir de sources renouvelables dans différentes régions du pays. Interview de Guy Uhres, responsable des énergies renouvelables, et de Paul Zeimet, administrateur délégué de Soler.
Comment se développent les projets éoliens?
PZ: Ce sont les communes qui, bien souvent, nous sollicitent pour estimer leur potentiel en termes d’énergie éolienne. Or, il est en règle générale préférable d’adopter une approche régionale qui réunit plusieurs communes. C’est par exemple le cas de notre projet à la Moselle pour lequel cinq éoliennes sont actuellement à l’étude pour les communes de Flaxweiler et de Wormeldange.
Une soixantaine d’éoliennes, reparties dans différent projets, sont actuellement en développement ou à l’étude.
Pour chaque projet, des études environnementales doivent être réalisées au préalable…
GU: Nous devons en effet réaliser une évaluation d’incidents sur l’environnement. Cette évaluation porte sur le son, les ombrages, le champs visuel des habitants mais aussi sur la faune et la flore. Nos experts agréés apportent un soin particulier aux oiseaux et chauve-souris. Une année durant, ils sillonnent les sites; repèrent les nids au printemps et les zones de chasse en été. Et ce, dans le but d’éviter les collisions et de réduire au maximum l’impact écologique des éoliennes.
Les grandes migrations se font à de beaucoup plus hautes latitudes que les éoliennes. Néanmoins, au lac du Der (France), des observateurs nous avertissent de la migration des grues cendrées et ainsi nous pouvons précisément prévoir leur arrivée au Luxembourg. Nous arrêtons alors les éoliennes en prévision et il en va de même en cas de brouillard qui réduit la visibilité des rapaces chassant dans les champs en contre-bas par exemple.
Et une fois que les études sont réalisées?
PZ: Elles doivent être validées par l’administration. S’en suit le permis de construire et les procédures d’autorisation Commodo-Incommodo. Des mesures de compensation peuvent être requises comme trouver des terrains alentours, dont l’herbe coupée chaque semaine permettra aux rapaces d’y chasser par exemple. L’agriculteur labourant sa terre en contre-bas doit nous prévenir pour qu’on puisse arrêter les hélices et éviter les risques d’impact avec les oiseaux qui y chassent. Une ligne téléphonique est à leur disposition et une équipe est dédiée aux arrêts temporaires.
GU: Il existe également des mesures d’atténuation comme l’implémentation de haies et de vergers. La création de structures linéaires sert à orienter les chauves-souris et les fruits attirent les insectes dont elles se nourrissent. Il faut dès lors réussir à convaincre les propriétaires terriens.
Il arrive parfois qu’il faille également déplacer et reconstruire des nids, créer des lisières dans les forêts et même sauver des arbres à cavité par exemple.
Soler anime des réunions d’information dans lesquelles vous répondez aux inquiétudes des citoyens…
PZ: Dès lors qu’il y a une volonté de la commune de poursuivre un projet et que la faisabilité technique est validée, nous présentons le projet aux citoyens. Les inquiétudes récurrentes sont la pollution de leur champs visuel, le bruit et la protection de l’environnement. Nos 20 années d’expérience nous ont fait adopter un principe simple qui est celui de la transparence. Et ces réunions en amont du processus de développement nous permettent de répondre aux questions des citoyens.
Contrairement aux habitants du Nord, ceux du Sud n’ont pas réellement d’expérience des éoliennes. Ils connaissent néanmoins les grands parcs belges et allemands et ont donc peur d’une telle densité près de leurs habitations. Il faut donc expliquer que nos projets ne comportent que deux à trois éoliennes contre dix chez nos voisins et que nos règles appliquées au développement et au choix des sites sont bien plus strictes.
GU: Ces réunions d’information publiques réunissent en moyenne entre 50 et 120 personnes; ce qui prouve l’intérêt des citoyens en la matière. Au Luxembourg, les distances entre les éoliennes et les habitations sont définies par le bruit. La limite est de 37 décibels de nuit contre 42 en Allemagne. Quand on sait que 3 décibels de plus correspond au double du bruit entendu, les normes sont en effet plus strictes au Luxembourg. Certes il y a plus de contraintes techniques mais seule une approche de raison permet d’inclure les citoyens dans nos projets.
C’est dans cette même optique d’inclusion que nous proposons des participations au capital de la société d’exploitation aux communes et aux habitants.
Quelles sont les capacités de production?
PZ: Une éolienne de dernière génération affiche une production moyenne de plus de 7 GWh par an; ce qui équivaut à la consommation de plus de 1.700 ménages de 4 personnes. Les évolutions techniques du marché sont importantes et rapides et nous remplaçons régulièrement les plus anciennes éoliennes par de nouvelles générations.
Notre parc le plus ancien est le Windpower à Mompach qui se compose de 4 éoliennes avec une puissance installée de 2 MW au total. Elles seront très prochainement remplacées par une seule éolienne d’une puissance de 3,2 MW.
GU: Études, planification, présentation, construction, exploitation et remplacement; ce suivi à long terme est un gage de confiance auprès des communes et des populations.