Les pouvoirs publics peuvent-ils faciliter l’inscription des étudiants étrangers dans leurs universités ?

La scolarité des étudiants étrangers est devenue un facteur clé dans la tendance à la mondialisation à laquelle nous assistons depuis des décennies. Le flux d’étudiants effectuant leurs études supérieures au sein d’un établissement étranger a en effet été multiplié par cinq depuis 1975. À l’heure actuelle, plus de cinq millions d’étudiants étrangers sont inscrits dans des universités ou autres établissements d’enseignement supérieur. Environ 80 % d’entre eux étudient dans un pays de l’OCDE. Le Luxembourg comptait plus de 3 000 étudiants étrangers en 2015.

Les deux grands acteurs que sont les pouvoirs publics et les universités possèdent un intérêt manifeste à encourager l’augmentation du nombre d’étudiants internationaux. Pour les universités, l’accueil d’étudiants étrangers recèle de multiples avantages, notamment celui de permettre l’ouverture de nouveaux programmes d’études qui ne pourraient sinon être lancés et maintenus grâce à la seule admission d’étudiants du pays. Dans de nombreuses disciplines, les programmes de doctorat illustrent ce phénomène de manière flagrante. Sur plus de 30 étudiants participant au programme de doctorat en économie et finance de l’Université du Luxembourg, deux seulement sont luxembourgeois. En 2015, la proportion d’étudiants étrangers de l’établissement au niveau doctoral, tous domaines confondus, était de 88 %. Si le Luxembourg représente un cas extrême, cet exemple démontre toutefois l’importance générale des étudiants étrangers pour la plupart des grands fournisseurs d’enseignement supérieur.[1] En un mot, l’admission d’étudiants étrangers est devenue un ingrédient essentiel de la stratégie de développement des établissements d’enseignement supérieur.

Il existe en substance deux types de politiques pour encourager l’immigration qualifiée grâce à l’accueil d’étudiants étrangers : les politiques qui affectent les étudiants avant l’obtention de leur diplôme et celles qui les affectent après. L’objectif de ce deuxième type de politiques est d’accroître la rétention de ces étudiants dans le pays de destination. C’est en effet important, car les taux de rétention sont généralement faibles dans les pays de l’OCDE : seuls 15 à 40 % des étudiants étrangers restent travailler dans le pays où ils ont obtenu leur diplôme. Émettre des visas de transition qui permettent aux étudiants de rester pour chercher un emploi une fois diplômés est l’un des moyens traditionnellement utilisés pour éviter de perdre des travailleurs fraîchement qualifiés à cause d’une migration de retour forcé. En 2018, le Luxembourg a introduit ce type de visa pour les étudiants non européens, leur permettant ainsi de prolonger leur séjour de neuf mois après l’obtention de leur diplôme.

Publication Policy Brief LISER n°2 par Prof. Michel BEINE (Université du Luxembourg) à la suite du second séminaire donné dans le cadre de la «Doctoral lecture series on cross-border labour mobility»

[Pour plus de détails conFor more sulter le Policy Brief n°2.]


[1] Dans d’autres grands pays, ce chiffre s’élève à : 53 % pour la Suisse, 42 % pour le Royaume-Uni, 38 % pour les États-Unis, 33 % pour l’Australie, 41 % pour la Belgique et 40 % pour la France. La proportion d’étudiants étrangers dans l’effectif total d’un établissement augmente généralement avec le niveau d’études. À l’Université du Luxembourg par exemple, cette part est respectivement de 71 % en maîtrise et de 45 % en licence.


Communiqué de LISER

 

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