Les immigrants nous rendent-ils (les Européens) moins favorables à la redistribution ?

Dans l’ensemble des régions européennes d’Europe, on observe des niveaux plus faibles de soutien à la redistribution lorsque la proportion d’immigrants dans une région est plus élevée. L’impact anti-redistribution de l’immigration est beaucoup plus fort chez les autochtones qui se placent au centre ou à droite de l’échiquier politique, qui ont des opinions négatives sur les immigrants ou pensent que les immigrants ne devraient pas avoir droit aux prestations sociales. Les immigrants originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et des pays d’Europe de l’Est génèrent un effet anti-redistribution plus important (environ trois fois plus négatif) que les autres types d’immigrants.

Qu’en est-il…. du Luxembourg ?
Le Luxembourg ne fait PAS partie de notre échantillon, pour la simple raison que le Luxembourg est un pays mono-régional. En d’autres termes, nous ne pouvons pas faire de distinction entre le niveau national et le niveau régional, alors que notre méthodologie repose sur cette distinction. Cela ne signifie pas pour autant que notre étude n’apporte aucun éclairage pour le Luxembourg, bien au contraire. En fait, seulement 11 des 140 régions de notre échantillon comptent une proportion d’immigrants de plus de 20 % en 2010. Il s’agit essentiellement de six régions capitales (Dublin, Stockholm, Paris, Vienne, Bruxelles et Londres), quatre régions suisses (sur six) et les îles Baléares. Si le Luxembourg devait être inclus, il se classerait au deuxième rang en termes de proportion d’immigrants en 2010, précédé seulement par la région de Bruxelles. Pourquoi, dans ces régions, les résidents autochtones ne réagissent-ils pas aussi négativement à la présence d’immigrants ? La réponse est une combinaison de facteurs qui se résume comme suit : dans ces régions, on trouve différents répondants autochtones (ils sont plus riches et plus instruits) et différents immigrants (ils viennent d’un ensemble plus diversifié de pays d’origine et apportent un ensemble de compétences diverses), créant un cercle vertueux entre les caractéristiques des immigrants et les attitudes des autochtones. Si vous habitez ou travaillez au Luxembourg, cela semble probablement familier.

Publication LISER Policy Brief n°1 par Prof. Hillel RAPOPORT (Paris School of Economics) à l’issue du premier des séminaires du LISER
«Doctoral lecture series on cross-border labour mobility»

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