Vers une société intelligente

Fujitsu

La transformation digitale est source de nombre d’incertitudes et de risques, mais elle est également créatrice d’opportunités et de valeurs. L’intelligence artificielle, la robotique, l’automatisation, la maximalisation des données, la cybersécurité, sont autant de briques technologiques qu’il nous faut assembler pour bâtir la société intelligente de demain. Interview de Marc Payal, directeur de Fujitsu.

 

Comment la transformation digitale peut-elle entraîner de la création de valeur?

La digitalisation des entreprises, en cours depuis près de cinq ans, engendre de nouveaux processus, technologies et produits. Ce qui a pour effet de susciter des comportements différents chez les utilisateurs. Les exemples sont nombreux et l’un des plus emblématiques est Netflix qui était à l’origine, spécialisée dans la location et l’achat de DVD. Crée en 1997, c’est bien l’évolution technologique des années 2000 qui a permis à cette entreprise américaine de disrupter son activité, de dématérialiser l’ensemble de son modèle commercial, de proposer une nouvelle expérience client, basée sur la simplification et de devenir le leader mondial de la VOD.

D’autres secteurs connaissent également des tentatives de métamorphoses, à l’instar des assureurs et des banques, exclusivement présents en ligne. Faisant l’économie d’un réseau d’agences physiques, il s’agit d’un autre modèle commercial, qui s’adresse à un marché, de facto, beaucoup plus grand.

La transformation digitale et les nouvelles technologies entraînent un changement d’approche des produits. Cela peut prendre différentes formes selon les secteurs d’activités, mais ce qui est commun à tous, c’est la différenciation concurrentielle, l’optimisation du fonctionnement interne et l’accès à un marché plus important.

 

La transformation digitale est créatrice d’incertitudes et de risques mais également d’opportunités et de valeurs; comment gérer ces deux aspects?

Quand le vent se lève, certains sortent pour construire des éoliennes là où d’autres s’enferment à double tour chez eux. Notre rôle est d’aider nos clients à maîtriser les risques et à transformer les menaces en opportunités. Bien souvent, les idées se trouvent au sein des entreprises, mais faut-il encore être en capacité de tendre des ponts transversaux entre les différents services pour les faire émerger. Car un même sujet peut concerner une multitude de services à la fois.

C’est pourquoi nous avons élaboré une méthodologie de cocréation qui consiste à réunir autour de la même table, une équipe pluridisciplinaire (informaticiens, économistes, comptables, commerciaux, juristes, etc.). Cet atelier de travail nommé «Activ8» est un lieu d’échanges. Animé par nos médiateurs, il se structure en huit étapes afin d’explorer de nouvelles idées. Lorsqu’une ou deux idées ont été identifiées comme intéressantes, nos consultants créent des prototypes pour illustrer les avantages de ces solutions.

«Activ8» a déjà été sollicité par une vingtaine de grands noms de la Place.

 

La donnée est-elle véritablement l’or noir du XXIe siècle?

Nombreux sont ceux à y croire, mais encore faut-il en extraire la valeur. La plupart des entreprises ne disposent pas encore de données structurées et les outils basés sur l’intelligence artificielle peuvent leur venir en aide.

La conscience collective associe l’IA à un robot très intelligent qui prendrait des décisions non contrôlées, mais la réalité est loin de ce fantasme cinématographique. Il faudrait plutôt parler d’une multitude de systèmes qui réalisent chacun, une tâche précise. L’IA, couplée à la robotique, peut automatiser les tâches répétitives et remplacer les processus souvent désuets.

Le workshop de John McCarthy en 1956 est fréquemment nommé comme la naissance de l’intelligence artificielle. Depuis, les algorithmes n’ont pas tellement évolué. Les raisons du succès récent de l’IA sont liées à la puissance de calcul devenue abordable et la quantité élevée de données disponibles sur les réseaux sociaux, permettant du «machine learning» (ML).

 

Quel rôle joue le cloud?

Le cloud peut être lié à l’avènement d’une société intelligente dans la mesure où il offre la consommation de services à la demande. Les entreprises peuvent bénéficier de nouvelles technologies, sans perte de temps et sans investissements lourds.

Il s’agit d’un moyen de proposer des services clients plus flexibles, potentiellement à moindre coûts, et de fournir un levier d’accélération pour l’adoption des nouvelles technologies.

 

Dans quelle mesure la sécurité informatique est-elle intrinsèque aux nouvelles technologies?

Les entreprises sont doublement exposées aux piratages informatiques. En effet, cela peut s’avérer très dommageable pour leur image de marque et même poser des problèmes au regard des réglementations en vigueur.

Les nouvelles attaques deviennent plus intelligentes et rendent ainsi leurs détections plus difficiles. Inactifs durant des mois, des softwares malveillants peuvent passer en dessous des radars et coordonner leurs activités depuis des lieux géographiques différents. De nouveaux outils, basés sur des moteurs d’intelligence artificielle, peuvent venir en aide aux entreprises.

D’où la nécessité pour l’Europe en général et le Luxembourg en particulier, d’identifier et de former les talents en cybersécurité. L’enjeu est d’autant plus grand à l’ère des réseaux sociaux, de l’instantanéité, résolument opposée aux temps longs des études.

 

Un mot sur la gouvernance pour conclure…

La réglementation nécessaire à l’encadrement doit impérativement s’accompagner d’une éthique de gouvernance dans les entreprises. Les politiques européennes et nationales et les normes internationales conduisent à instaurer des standards de bonnes pratiques. Mais les dirigeants pourraient aller plus loin en se dotant d’une éthique propre à la culture interne des entreprises. Ces valeurs propres à chaque entité, seraient autant de digues internes à ne pas franchir.

Les entreprises européennes sont désormais prêtes à prendre plus de risques dans la recherche et le développement de nouveaux produits. Ainsi, l’Europe pourrait prendre une place au juste milieu entre les Etats-Unis du «j’essaye tout» et l’Asie du «je planifie tout».

L’IA, la robotique, le cloud, la cybersécurité, les compétences et la gouvernance sont autant d’éléments qu’il nous faut imbriquer dans la société pour qu’elle devienne véritablement intelligente. C’est ce que Fujitsu propose comme approche à ses clients, tout en conservant une place centrale pour l’humain.

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