La déigrengolade…

Déclarés grands vainqueurs des élections en octobre 2018 au vu de leur grande progression, Déi Gréng vit un an plus tard une période autrement plus tumultueuse. Tout a commencé le 22 août, à l’annonce du malaise cardiaque du ministre de la Justice Félix Braz. Lorsque le gouvernement est averti de la nouvelle, il procède très vite à une redistribution temporaire de ses mandats. Un mois plus tard, la nouvelle tombe: le ministre ne pourra pas réintégrer le gouvernement.

Déi Gréng encaisse le choc et revoit ses structures gouvernementale et parlementaire. Les premiers ajustements semblent logiques: François Bausch conservera ses attributions et assumera la fonction supplémentaire de Vice-Premier ministre; Sam Tanson gardera quant à elle la tutelle de la culture mais devra se séparer de celle du logement pour reprendre le portefeuille de la justice. Son parcours professionnel d’avocate et son expérience au Conseil d’Etat donnent en effet à la ministre les compétences nécessaires à cette nouvelle fonction, indéniablement délicate.

Mais se pose encore la question de la reprise du portefeuille du Logement. A l’origine, Déi Gréng pensait trouver le candidat idéal en Roberto Traversini, bourgmestre de Differdange, arrivé deuxième dans sa circonscription aux élections. C’était sans compter sur les déboires qu’il a récemment connus avec la justice… Le bourgmestre avait en effet engagé des travaux sur une propriété située en zone naturelle protégée, et ce, sans autorisation. En cours de travaux, ce dernier en a toutefois fait la demande, alors validée par la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg. L’affaire ne s’arrête pas là, puisqu’il est également accusé d’avoir fait mener une partie des travaux par des employés du CIGL de Differdange, dont il est le président, sans en régler la facture. Faisant l’objet d’une enquête du parquet de Luxembourg et pointé du doigt par l’opposition, Roberto Traversini n’a eu d’autre choix que de renoncer à sa fonction de bourgmestre dans un premier temps et à celle de député dans un second.

Les conséquences de cette affaire ont été quadruple pour Déi Gréng: Roberto Traversini ne pourra non seulement pas prétendre à la fonction de ministre du Logement, mais il laisse aussi dans son sillage la vacance de ses deux postes, à la commune et à la Chambre. De plus, cette affaire aura entaché la confiance des citoyens quant à l’intégrité de leur ministre de l’Environnement, membre du même parti.

Qu’à cela ne tienne! Les Verts essuient ce nouveau revers et ont annoncé le 3 octobre dernier, lors d’un congrès extraordinaire, la nomination d’Henri Kox à la fonction de ministre du Logement. Lui qui jusqu’ici assumait le rôle de président de la commission Logement à la Chambre mettra donc ses compétences au service d’une des premières préoccupations du pays. Il épaulera également son collègue François Bausch en tant que ministre délégué à la Sécurité intérieure et à la Défense. Laissant ainsi son siège de député vacant, ce sont deux postes vides que Déi Gréng a décidé de combler avec la nomination de Chantal Gary et Semiray Ahmedova. Quant au mandat de bourgmestre de Differdange, il sera assuré par Christiane Brassel-Rausch.

Après un mois de funambulisme maladroit, les Verts semblent enfin avoir retrouvé leur équilibre. Les prochaines semaines seront déterminantes pour le parti dont les nouvelles équipes ministérielle et parlementaire devront faire leurs preuves tout en rétablissant la confiance des citoyens en leur stabilité.

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