Les PME, le poumon économique du Luxembourg

Plus que dans tout autre pays de l’Union européenne, les PME constituent le véritable moteur de l’économie au Grand-Duché. D’après un rapport du Small Business Act (SBA) de la Commission européenne, celles-ci représentent à elles seules 99% des entreprises luxembourgeoises, plus des deux tiers de l’emploi et quelque 70% de la valeur ajoutée. Quels sont leurs défis et leurs perspectives d’avenir? Réponses avec une interview croisée de Jean Muller, CEO des Moulins de Kleinbettingen, et d’Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu.

 

D’après vous, quelle qualité première doit avoir un dirigeant de PME?

JM: C’est l’empathie. Il faut être capable de comprendre ses collaborateurs. Engager des personnes qualifiées ne suffit pas, encore faut-il pouvoir les faire travailler ensemble. Lorsque nous engageons un collaborateur, nous insistons beaucoup sur la culture d’entreprise. Il est impératif pour nous que celui-ci puisse adhérer rapidement à nos valeurs.

AM: La coopération est primordiale. Dans notre processus de recrutement, le candidat reste pendant une demi-journée au sein de sa future équipe. Nous pouvons ainsi juger si celui-ci s’intègre facilement, s’il se sent à l’aise et apprécie le contact avec ses futurs collègues. Une alchimie doit très vite se produire. Sinon, cela ne fonctionnera pas même si la personne a toutes les compétences requises pour le poste vacant.

 

Quels avantages présentent les petites structures par rapport aux grandes entreprises?

JM: La réactivité est également un de nos points forts. Le taux de rotation de nos collaborateurs est pratiquement inexistant et nous entretenons des relations sur le long terme avec nos clients. Ces deux facteurs font que nous sommes une équipe très soudée qui a une connaissance très approfondie de sa clientèle, analyse les problèmes avec rapidité et peut facilement s’adapter en fonction de l’évolution du marché.

AM: Tout d’abord le management humain de proximité. Chez jobs.lu, nous pratiquons la politique de la porte ouverte pour tirer au maximum profit de notre intelligence collective. Chacun est à la disposition de l’autre pour l’écouter et l’aider. En tant que directeur, je reste très accessible et tout le monde peut me solliciter en cas de besoin.

 

Moulins de Kleinbettingen et jobs.lu ont une forte présence locale avec une dimension internationale. Comment combinez-vous ces deux dimensions dans votre travail quotidien? 

JM: Toute entreprise établie au Luxembourg veut naturellement se développer à l’étranger étant donné la petite taille du marché local. De plus, étant donné la population multiculturelle qui vit et travaille dans notre pays, la plupart des dirigeants de PME luxembourgeoises ont intégré dans leur management cette dimension internationale. Aux Moulins de Kleinbettingen, nous ne faisons aucune différence entre le marché local dans lequel nous sommes fortement implantés et le marché international où nous écoulons 80% de notre production.

AM:  jobs.lu fait partie de StepStone, un des leaders mondiaux du recrutement en ligne. Cette dimension internationale nous est d’une grande utilité dans notre activité quotidienne car nous pouvons partager nos expériences et nos meilleures pratiques avec les autres sociétés du réseau partout dans le monde. C’est d’ailleurs grâce à cet échange permanent avec le réseau que nous sommes devenus en l’espace de quelques années l’expert dans notre secteur au Luxembourg et dans la Grande Région.

 

Comment percevez-vous le marché luxembourgeois? Qu’est-ce qui le distingue des autres?

JM: La confiance est un élément décisif pour faire du business au Grand-Duché. Ici, tout le monde se connaît et se parle. On attache beaucoup d’importance à la parole donnée et une promesse non tenue peut sérieusement entacher votre crédibilité. Ainsi, pour lancer notre gamme «Produits du terroir» issue de l’agriculture locale, nous avons auparavant dû gagner la confiance des fermiers luxembourgeois.

AM: Comme partout en Europe, le Luxembourg connaît une pénurie de compétences dans de nombreux secteurs. A cela s’ajoute une dimension multilingue. Au Luxembourg, quatre langues sont couramment utilisées dans le monde du travail: le luxembourgeois, l’allemand, l’anglais et le français. De plus, la préférence vers telle ou telle langue évolue d’année en année. Nous avons récemment constaté que des candidats sachant parler l’allemand étaient de plus en plus recherchés. Auparavant, c’était plutôt le français. Chez jobs.lu, notre rôle est précisément d’apporter tout notre savoir-faire pour aider les employeurs à trouver la perle rare.

 


Jean Muller

«Il faut savoir écouter et encourager»

Jean Muller est le descendant d’une longue lignée de meuniers. Avant de devenir le CEO de Kleinbettingen, il a suivi des études en économie et en finance et s’est formé au métier de meunier. «Ma formation en économie m’a beaucoup aidé car la meunerie est devenue complexe et implique un processus industriel important. Les compétences humaines sont également essentielles dans mon activité professionnelle et je pense que c’est le cas pour tous les métiers. Il faut savoir écouter, comprendre et encourager».


Arthur Meulman

«Je fais confiance à mes équipes»

Arthur Meulman a travaillé pendant 17 ans comme sales manager au sein du groupe StepStone avant de rejoindre le Luxembourg en février 2018. «Grâce à mon parcours professionnel, je comprends les défis auxquels sont quotidiennement confrontés mes collaborateurs. Pour les sales managers en particulier, je ne leur fixe jamais des objectifs que j’aurais été incapable d’atteindre moi-même quand j’occupais la même position qu’eux. Je fais aussi confiance à mes équipes. Elles connaissent mieux que moi la réalité du terrain au Luxembourg».


 

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