Premiers minibus autonomes au Luxembourg

Vous avez pu les remarquer à Luxembourg-Ville entre le Pfaffenthal et le funiculaire, ou encore à Contern entre la gare et la zone industrielle. Ce ne sont pas tant ses courbes futuristes qui attirent les selfies des touristes et les journalistes du monde entier mais bien le fait qu’il s’agisse de navettes électriques autonomes. Rencontre avec Georges Hilbert, directeur général technique chez Sales-Lentz qui nous présente le «Shuttle».

 

Genèse

Sales-Lentz a fait l’acquisition des premiers bus hybrides au Luxembourg dès 2009, puis de bus hybrides rechargeables via pantographe en 2016 et de bus 100% électriques en 2017. Les véhicules autonomes s’inscrivent donc dans la continuité technologique de la marque et favorisent sa transition vers l’électromobilité.

Sales-Lentz entretient des liens étroits avec les grands constructeurs du marché mais aussi avec de plus petites marques. «Cela fait trois ans que nous avons pris contact avec le constructeur lyonnais Navya dont la navette a déjà fait ses preuves dans plusieurs villes européennes comme Lyon, Copenhague et Genève», explique Georges Hilbert.

Les projets pilotes ont nécessité une année de préparation durant laquelle il a fallu étudier les trajets, la faisabilité et les risques. Les navettes autonomes sont programmées en fonction des spécificités de leurs trajets respectifs comme la présence des piétons, les pistes cyclables, les infrastructures, la végétation, les anomalies dans la circulation, etc. Dès lors, même si elles sont en tous points identiques, on ne peut les interchanger sans réinitialiser leurs mémoires.

 

Caractéristiques

Affichant des mensurations de 4.75m de long pour 2.65m de hauteur, les navettes sont très spacieuses. Elles offrent huit places assises, trois strapontins et quatre debout. On y est assis face à face dans une ambiance conviviale où l’on peut discuter et interagir avec d’autres passagers le temps du trajet. Vitrées et lumineuses elles offrent une vue imprenable sur les paysages urbains et il n’est pas rare d’y surprendre les touristes en plein selfie. Avec comme seule commande un large écran tactile, l’opérateur-accompagnateur est parmi les passagers, il leur donne les consignes de sécurité, répond aux nombreuses questions et s’improvise même de temps à autres guide touristique.

Les navettes affichent une autonomie de 9 heures de conduite et sont rechargées localement. Elles sont actuellement bridées à 20km/h mais pourront très prochainement monter à 25km/h. «Elles peuvent techniquement rouler jusqu’à 45km/h mais nous souhaitons augmenter la vitesse de manière progressive afin de laisser le temps aux automobilistes de se faire à leur présence».

Bardées de capteurs en tous genres, elles sont également de véritables bijoux de technologie. Équipées d’une douzaine de radars et de caméras 2D et 3D, l’ordinateur de bord reconnait l’environnement à 360 degrés. Elles sont aussi dotées d’un système de géolocalisation GPS via des antennes fixes qui leur sont dédiées. Durant les tests de juin et juillet 2018 qui ont été réalisés au QG de Sales-Lentz à Bascharage, la navette roulait, tournait et s’arrêtait au centimètre près.

 

Responsabilités et sécurité

Ces navettes s’inscrivent dans le cadre réglementaire du code de la route qui est régi par la convention de Vienne de 1968 et plusieurs groupes de travail sont actuellement à l’étude afin d’y introduire les véhicules autonomes.

Dans la mesure où il s’agit d’un transport public de personnes, l’autorisation de transport public de Sales-Lentz est naturellement engagée. Le chauffeur est responsable de sa conduite et c’est pourquoi un opérateur-accompagnateur doit être présent à bord afin de reprendre le contrôle de la navette en mode manuel s’il le fallait. Dans le cas d’un accident, c’est lui qui remplira le constat qui sera remis aux compagnies d’assurance. Il doit respecter la réglementation en vigueur, les temps de repos et avoir son permis de bus.

«Nous avons préparé ce chantier avec les assurances Axa qui ont prévu ce genre de scénarios», précise le directeur général technique. Le jour où le cadre légal permettra de se passer des accompagnateurs, les boîtes noires des véhicules devraient être utilisées afin de définir les responsabilités de chacun.

Mais «nous n’y sommes pas encore», assure Georges Hilbert et d’ajouter «que le travail des chauffeurs de bus n’est pas menacé» car ces navettes ont la vocation de transporter les personnes sur le dernier kilomètre qui les sépare de leurs lieux de travail. Il n’y aura donc aucune suppression de lignes de bus ni de postes de chauffeurs.

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