Vieillir en santé dans son quartier, un enjeu sociétal majeur pour le Luxembourg de demain

De récents travaux[1] réalisés à l’échelle nationale par Marion PATTE, doctorante en géographie à l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne et au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), ont souligné l’existence d’un lien entre certaines caractéristiques du quartier où résident les personnes âgées et leur vieillissement en santé.

 

Un nombre de personnes âgées de 65 ans et plus en augmentation permanente

Le contexte actuel est caractérisé par un vieillissement démographique mondial. Ce phénomène est imputable à une augmentation du nombre et de la proportion des personnes âgées dans la population, conséquence directe d’une baisse de la fécondité et de la mortalité. Au Luxembourg, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus a triplé en 50 ans passant de 33,958 en 1961 à 99,986 en 2017 et ce nombre pourrait grimper jusque 200,000 en 2060 (STATEC, 2010). Afin d’anticiper au mieux les conséquences sociétales de ce phénomène démographique et de concevoir le vieillissement comme quelque chose de positif, la question d’un vieillissement en santé se pose inévitablement. Pour les personnes âgées, vieillir en santé se définit comme un processus permettant de conserver une bonne santé générale et une indépendance dans les tâches quotidiennes.

 

L’environnement résidentiel est un paramètre essentiel du vieillissement en santé

Plusieurs facteurs environnementaux conditionnent ce vieillissement en santé. Les quartiers dans lesquels vivent les personnes âgées ne sont pas homogènes, aussi bien du fait de leurs caractéristiques naturelles (ex. pollution), sociales (ex. groupe ethnique, niveau socio-économique) que bâties (ex. accès aux services, adaptabilité à la marche à pied, sécurité). La combinaison de ces caractéristiques implique des disparités en termes de qualité de milieux de vie d’un quartier à l’autre qui peuvent se répercuter sur la santé des résidents âgés et plus particulièrement sur leur vieillissement en santé.

Pour étudier ce phénomène, une analyse des liens entre certaines caractéristiques du quartier des personnes âgées et leur vieillissement en santé a été réalisée grâce à une enquête menée dans le projet CURHA. Cette enquête menée en 2015/2016 auprès de 500 personnes âgées de 65 ans et plus a permis de collecter des données détaillées sur leur quartier et leur santé.

 

Accès aux services de proximité et cohésion sociale, deux paramètres clés d’un vieillissement en santé

Selon les résultats de cette étude, l’accès aux services de proximité et la cohésion sociale sont deux caractéristiques du quartier qui influencent significativement le vieillissement en santé. En effet, les personnes âgées qui ont accordé une grande importance à la facilité d’accès aux services de proximité dans le choix de leur quartier et celles qui perçoivent de bonnes relations fraternelles entre les résidents ont plus de chances d’être en bonne santé et de rester indépendantes dans la réalisation de leurs tâches quotidiennes. Les personnes pour qui le quartier ne souffre d’aucun manque de transports en commun sont également plus susceptibles de rester indépendantes.

 

Une étude au service des politiques et de la société

La géographie s’inscrit dans une démarche scientifique qui vise notamment à appréhender la manière dont les populations vivent, pratiquent et s’approprient l’espace, peut contribuer à promouvoir une amélioration des politiques en termes de santé publique, d’accompagnement au quotidien et d’aménagement du territoire.

Afin de développer la cohésion sociale à l’échelle du quartier, les politiques devront se doter de cibles précises favorisant la lutte contre l’isolement et l’insuffisance des réseaux sociaux ou encore l’intégration de nouveaux arrivants. De plus, afin de contribuer à développer l’accessibilité des services de proximité, un exemple d’action politique serait d’optimiser la qualité de l’offre en matière de services de transport, particulièrement utile chez une population en perte de mobilité.

Marion Patte – Doctorante
Département Développment Urbain & Mobilité

[1] Ces travaux de recherche sont réalisés dans le cadre du projet international CURHA (Contrasted Urban settings for Healthy Aging) financé dans le cadre du programme européen ERA-AGE2. Au Luxembourg, le projet a été financé par le Fonds National de la Recherche (FNR, INTER/JCRA/12/6542889).

 

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