Une centenaire résolument moderne

Le nouveau siège des Voyages Josy Clement a été inauguré le 26 avril de cette année à Junglinster. Un peu plus de 8,5 millions d’euros ont été investis dans ce site ultra-moderne qui réunit l’atelier, le hangar, la ligne de lavage et le bâtiment administratif. Née en 1890, la société de transport sait ce qu’elle doit à son passé et n’a rien oublié du chemin parcouru. Quatre générations se sont déjà succédées à sa tête et Jean Clement, actuel directeur général, nous en fait la visite guidée.

 

129 ans d’histoire

Elle trône en noir et blanc dans le bureau du directeur, occupant un pan entier du mur comme le mémorial d’une histoire familiale. Le grand père Henri Clement, encore dans la fleur de l’âge, porte élégamment le costume à rayures et le chapeau Borsalino entre deux chevaux et non sans une certaine fierté dans le regard.

La photographie a été prise en décembre 1923 à Luxembourg-Ville, rue de Beaumont, immortalisant ainsi la dernière diligence de la famille. Le transport public allait être rendu obligatoire par les véhicules motorisés uniquement. La région de l’Est étant essentiellement paysanne et peu industrialisée, «cette ligne historique que nous desservons encore aujourd’hui part de Diekirch, passe par Larochette et rejoint la capitale», explique Jean Clement.

Le tourisme se développe doucement dans les années cinquante et de nombreuses associations sportives et culturelles font le déplacement dans la Grande Région et parfois jusqu’en Autriche ou en Italie. Le père Josy Clement reprend l’affaire familiale en 1963 et la développe plus encore, notamment grâce à la généralisation des congés payés. Les classes moyennes insufflent un tourisme de masse et de nombreux tours opérateurs étrangers s’intéressent au Luxembourg.

Tout gamin, Jean rêve déjà de prendre le volant des bus qu’il voyait rentrer le soir au garage (comme le prouve la photo du bébé en joie). Il commence à travailler dans l’entreprise qui compte neuf véhicules et dix employés en 1987. Il passe son permis et concrétise ses rêves en devenant lui-même chauffeur. Dix ans plus tard, il devient directeur, héritant des responsabilités d’une entreprise familiale centenaire. Aujourd’hui, la passion toujours intacte, il est fier de nous présenter le nouveau siège de son entreprise qui compte quelques 60 employés; une fierté qui n’est pas sans rappeler celle de son aïeul…

 

Un développement durable

Le parc de la société comprend actuellement 40 véhicules composés d’autocars de luxe, de bus interurbains modernes et à plancher surbaissé et de minibus. Tous sont au moins conformes à la norme d’émissions Euro 5 et deux tiers du parc respectent déjà la norme d’émissions Euro 6. En outre, sept nouveaux bus de dernière génération ont été mis en service et l’âge moyen de la flotte ne dépasse pas les quatre ans. Si les projets d’électromobilité ne manquent pas, «l’autonomie n’est malheureusement pas encore suffisante pour nos besoins», regrette le directeur. Les voitures électriques sont néanmoins utilisées pour les changements de conducteurs.

 

Le bâtiment administratif

Le nouveau bâtiment a été construit dans un style moderne et conforme aux dernières normes environnementales. La durabilité et la protection des ressources naturelles étaient les principaux critères dans la planification et la construction et alors que la loi n’imposait encore que la classe énergétique D, le choix de la direction était d’atteindre la classe énergétique B. Toits verts sur le bâtiment administratif, panneaux photovoltaïques sur celui du hangar, pompes à chaleur, systèmes solaires thermiques, bassins de captage des eaux pluviales sur toute la surface du toit, sont autant de systèmes qui assurent une quasi-autonomie du bâtiment. La climatisation a été délaissée au profit de plafonds de refroidissement à l’eau froide. Le système de lavage des bus est principalement alimenté par les bassins de captage des eaux pluviales et les eaux usées sont bien évidemment nettoyées et récupérées à 70%. L’ensemble du site est éclairé par des LED qui s’adaptent à la luminosité naturelle via des capteurs.

 

L’atelier

L’entreprise familiale effectue tous les travaux d’entretien et de réparation en interne. Une nouvelle fosse est équipée des derniers équipements de diagnostic (testeur de freins, d’essieux, de contrôle de la voie, etc.) et le système de levage est formé de quatre pistons, ce qui permet de lever deux bus en même temps. «Ce sont nos propres mécaniciens qui ont fait ces choix». Au sous-sol de l’atelier, se trouve les pièces de rechange, le stockage d’huile, le tri de la SuperDrecksKëscht et l’installation technique de la station de lavage. Le montage des pneus y est aussi réalisé et un monte-charge permet de remonter les machines et les produits sans efforts. L’ensemble du sol de l’atelier a un revêtement spécial en PVC recyclé vulcanisé et les joints ont été soudés afin d’obtenir une étanchéité absolue contre toute infiltration de produits nocifs pour la nappe phréatique.

Le site dispose également de sa propre station d’essence dont les réservoirs de 50.000 litres de diesel et de 10.000 litres d’Ad’Blue ont été pensés de façon à réduire le nombre de livraisons.

Le site est idéalement rattaché aux routes principales en direction de la Ville, de Diekirch, d’Echternach ou de Grevenmacher. La connexion directe avec le contournement de Junglinster permet aux deux tiers des bus d’éviter un passage par le village.

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