Dernier hommage au Grand-Duc, ce grand homme

Le Grand-Duc Jean n’est plus. Cette triste nouvelle résonne au sein de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg – témoin des événements les plus festifs et les plus solennels de la famille grand-ducale – où le calme est revenu, après l’effusion des derniers jours. Un ballet de monarques et personnalités publiques du monde entier, autorités nationales et citoyens luxembourgeois avait en effet pris place dans la capitale le 4 mai dernier en hommage au Grand-Duc décédé à l’âge de 98 ans. En quelques heures à peine, toutes les places avaient été réservées pour assister à ce triste événement, tant et si bien qu’un écran avait été installé sur la place d’Armes, accueillant les plus courageux, venus bravés le froid pour ce dernier au revoir à l’ancien chef d’Etat.

En presqu’un siècle de vie, le dirigeant a marqué les esprits des Luxembourgeois, et plus encore, des Européens… L’histoire du Grand-Duc a débuté aux premiers jours de l’année 1921, au château de Berg. A l’aube de ses 18 ans, la Seconde Guerre mondiale éclate et à peine une année plus tard, sa mère, la Grande-Duchesse Charlotte, doit mettre son gouvernement et la famille grand-ducale à l’abri, en exil, suite à la violation de la neutralité du Luxembourg. Devenue un symbole de la résistance, la Grande-Duchesse n’aura de cesse d’y encourager les Luxembourgeois via les ondes anglaises et de l’organiser politiquement à distance. De son côté, le Grand-Duc héritier veut lui aussi être acteur de la libération et s’engage volontairement auprès des Irish Guards avec qui il participera vaillamment aux premières vagues du débarquement en Normandie. Il prendra également part à la bataille de Caen et à la libération de Bruxelles, en tant que seul monarque à combattre aux côtés des alliés. Plus tard cette année-là, père et fils – les Princes Félix et Jean – sont acclamés lors de leur retour dans une Luxembourg-Ville libérée et en fête. Les images du Grand-Duc héritier porté par la foule font partie des celles qui auront marqué l’Histoire. Mais la guerre n’est pas encore terminée et le futur chef d’Etat force le respect en poursuivant la campagne en Allemagne, et ce, jusqu’à la fin des combats.

La période d’après-guerre est plus douce pour le Grand-Duc qui épousera la princesse Joséphine-Charlotte, fille ainée de Léopold III de Belgique, opérant par la même occasion un rapprochement politique entre les deux pays. La même cathédrale qui a récemment accueilli ses funérailles avait alors vu la célébration de leur union, en 1953. Au cours de leurs 52 années de mariage, les souverains auront fondé une famille de 5 enfants et 22 petits-enfants.

Après avoir été membre du Conseil d’Etat pendant dix années, il devient Grand-Duc de Luxembourg suite à l’abdication de la Grande-Duchesse Charlotte, en 1961. L’héritage maternel qu’il recueille est impressionnant, pourtant le Grand-Duc assurera un règne florissant. Sous son patronage, le pays deviendra une place financière de renommée mondiale et connaîtra une période de prospérité qui se poursuit encore aujourd’hui. Europhile convaincu des premières heures, il insistera pour que le Luxembourg devienne un acteur majeur de la construction européenne et en fera un véritable carrefour de l’Europe.

Le cinquième Grand-Duc d’une dynastie fondée en 1890 abdiquera à son tour en faveur de son fils Henri au tournant du nouveau millénaire, après plus de 35 ans de règne. 19 ans plus tard, le souverain vient de tirer sa dernière révérence; décrit par le peuple comme un homme bienveillant, simple et humble, il laisse derrière lui un pays endeuillé par la perte du symbole d’une nation toute entière.

Le 4 mai dernier, alors que le ciel semblait joindre ses larmes à celles des Luxembourgeois, ces derniers ont fait leurs adieux à leur ancien souverain, tant apprécié et respecté, ainsi qu’à un morceau de leur Histoire.

 

Äddi Monseigneur…

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