Brexit : faut-il encore investir au Royaume-Uni ?

Le Royaume-Uni a obtenu de la part de l’Union Européenne un report de la date de sa sortie au 31 octobre 2019, ce qui lui laisse le temps pour tenter d’éviter un départ sans accord. Mais cela amène le pays à se préparer aux élections européennes de mai prochain. En effet les Britanniques devront participer à ce scrutin, sauf à signer un accord de sortie avec l’Europe d’ici là. Les premiers sondages voient le jour et ils sont riches d’enseignements.

Une enquête réalisée les 10 et 11 avril derniers par l’institut YouGov pour le journal The Times montre l’émergence de nouvelles forces politiques qui viennent mordre sur l’électorat habituel des tories et des travaillistes. Cette étude crédite les conservateurs de seulement 16% des intentions de vote à l’occasion du prochain scrutin européen tandis que les travaillistes recueilleraient 24% des faveurs des électeurs. En cas d’élections anticipées au parlement britannique, les résultats seraient un peu plus favorables pour les deux principaux partis avec 32% pour les travaillistes et 28% pour les tories, soit 60% des votes pour ces deux formations qui en 2017 totalisaient encore 80% des suffrages.

Dans le cas du scrutin européen apparaissent des forces pro-Brexit comme le Brexit Party de Nigel Farage avec 15% des intentions de vote ou l’UKIP avec 14%. Du côté des partisans d’un maintien dans l’Union Européenne, les Verts et la formation de gauche Change UK attireraient respectivement 8% et 7% des électeurs. C’est dire combien l’espace politique se modifie profondément au Royaume-Uni en raison de ce clivage désormais très structurant entre les partisans d’un Royaume-Uni pleinement intégré à l’Union Européenne et ceux favorables au retour d’une souveraineté plus forte.

Cette incertitude politique pèse sur la devise du pays. Le Sterling est particulièrement sensible à toute nouvelle sur l’issue potentielle des négociations entre les Britanniques et l’UE. En revanche la volatilité de la dette d’entreprise n’a pas tant été affectée par le flux de bonnes ou mauvaises nouvelles. L’économie anglaise s’est montrée en effet plutôt robuste. De plus de nombreuses grandes entreprises sont très présentes à l’international. Elles ne sont pas excessivement sensibles au cycle économique du pays. Il est important d’adopter une approche sélective, la dette des sociétés anglaises demeure donc un investissement à considérer, pour peu que le risque de change soit couvert.

Quant aux marchés des actions, le FTSE 100 Index a progressé de +10,41% depuis le début de l’année dans un contexte où le Sterling progressait de +2,78% par rapport au dollar et de 4,22% par rapport à l’euro. Le marché des actions anglaises demeure donc lui aussi porteur et surtout dépendant de la conjoncture mondiale. Dans le cas d’un investissement en actions un affaiblissement de la devise est moins à craindre car il augmenterait la compétitivité des valeurs exportatrices.

Par Florent Delorme, analyste macro chez M&G Investments