4 avril : Journée mondiale contre les mines

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les mines, Handicap International s’alarme des nouvelles contaminations dues, lors de conflits actuels ou récents, à l’utilisation massive d’armes explosives dont celle, croissante, des mines artisanales. Souvent situées dans des quartiers urbains, ces zones contaminées sont plus complexes à déminer et posent des défis nouveaux pour le déminage humanitaire.

20 ans après l’entrée en vigueur du traité d’Ottawa, le 1er mars 1999, les besoins en déminage sont toujours immenses : en Irak, en Syrie, en Ukraine, etc., de vastes territoires sont nouvellement et durablement contaminés par les bombardements, les pilonnages et l’utilisation de mines – industrielles ou de fabrication artisanale.

Publié en novembre 2018, le dernier rapport de l’Observatoire des mines illustre un des aspects de l’utilisation intense des armes explosives dans le monde : le nombre de nouvelles victimes de mines – en particulier de mines artisanales – et de restes explosifs de guerre en 2017 était exceptionnellement élevé, et ce pour la troisième année consécutive. Au total, 60 États et territoires sont contaminés par les mines et les restes explosifs de guerre dans le monde.

Les nouvelles zones contaminées sont souvent complexes et plus longues à déminer (zones urbaines, présence de gravats, proximité des habitants, etc.). La recrudescence de mines artisanales, extrêmement sensibles et complexes à désamorcer contribue par exemple à compliquer le travail des équipes de démineurs.

« Depuis 2015, les cas recensés d’utilisation de mines artisanales sont exceptionnellement élevés. Ces nouvelles utilisations ainsi que les bombardements massifs engendrent des contaminations accrues par les restes explosifs de guerre dans plusieurs pays qui nécessiteront des opérations de déminage pendant de longues années, » explique Alma Al-Osta, responsable du plaidoyer ‘armes’ pour Handicap International.

« Des règles internationales existent : le Traité d’Ottawa, la Convention d’Oslo qui interdit les armes à sous-munitions ainsi que les Conventions de Genève ont pour objectif de protéger les civils. Il est de la responsabilité de tous les États de défendre ces règles, de les appliquer et les faire appliquer. »

Selon le rapport de l’Observatoire des mines 2018, au moins 7 239 personnes ont été tuées ou blessées par ces armes en 2017. Elles étaient 3 993 en 2014, année qui marquait un retour à la hausse du nombre de victimes après 15 ans de baisse quasi régulière. Le nombre réel de nouvelles victimes est probablement beaucoup plus élevé compte tenu des difficultés à recueillir les informations dans les zones de conflit actuelles ou récentes.

Ce bilan dramatique est en grande partie dû à celui enregistré dans les pays en conflit ou en proie à des violences endémiques : en 2017, la majorité des nouvelles victimes des mines – industrielles ou de fabrication artisanale – et restes explosifs de guerre ont été enregistrées en Afghanistan (2 300 victimes), en Syrie (1 906), en Ukraine (429) et en Irak (304). Au total, les victimes ont été dénombrées dans 53 État et territoires dans le monde.

2 716 personnes ont été tuées ou blessées par des mines artisanales, ce qui représente le bilan le plus lourd depuis le premier rapport de l’Observatoire en 2000. Les victimes de mines artisanales ont été recensées dans 18 pays, principalement en Afghanistan (1 093 victimes) et en Syrie (887 victimes). Les victimes de mines artisanales (2 716) et de restes explosifs de guerre (2 038) représentent les deux tiers du nombre total de victimes.

Les mines et les restes explosifs de guerre continuent de tuer et blesser très majoritairement des civils : 87 % des victimes étaient des civils en 2017, dont 47 % d’enfants : 2 452 enfants ont été victimes de mines et restes explosifs en 2017.

 

Un obstacle à la reconstruction

Selon Alma Al-Osta, « Les conflits récents ou actuels notamment en Irak, en Syrie, en Ukraine et au Yémen laissent de vastes zones urbaines ou péri-urbaines contaminées par des restes explosifs et des mines. Ces nouvelles contaminations posent un grave danger à la population et représentent un obstacle majeur à la reconstruction. Des centaines de milliers de déplacés ou de réfugiés ne peuvent pas rentrer chez eux à cause du danger posé par les restes explosifs de guerre. Ces contaminations s’ajoutent parfois à des contaminations antérieures dues à des conflits passés. Nous devons redoubler d’efforts pour déminer ces zones et sensibiliser les populations aux risques posés par les restes explosifs de guerre. »

Handicap International mène actuellement des opérations de déminage dans 7 pays différents : Colombie, Irak, Laos, Liban, Libye, Sénégal et Tchad. Plus de 200 démineurs HI – dont de nombreuses femmes – sont en action et ont libéré plus de 350 000 m2 de terres en 2018, soit l’équivalent de 50 terrains de football. Près de 3 500 engins explosifs de toutes sortes ont été sécurisées par les équipes HI. Pour répondre aux évolutions des différents types de contamination, HI explore des méthodes innovantes : entre autre, depuis janvier, HI et ses partenaires mènent des tests dans le Nord du Tchad sur l’utilisation de drones pour aider à repérer la présence au sol d’engins explosifs et faciliter l’intervention des démineurs.

Pour revoir le site dédié au Yémen, où l’utilisation de mines antipersonnel a été rapportée par l’observatoire des mines : « La guerre à l’aveugle » : http://bit.ly/HIYemen

Communiqué Handicap International
Légende photo :
Opération de déminage HI au Laos. Panneau à l’entrée de la zone d’opération des équipes HI. © Handicap International

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