Prière de respecter le climat

Edito

Paris simplifie sa politique de tri! L’Allemagne va sortir du charbon en 2038! Une trentaine de multinationales investissent un milliard dans la gestion des déchets!

Chacun prêche pour sa paroisse et diffuse sa fausse bonne nouvelle aux fidèles endoctrinés qui veulent bien y croire. Si ces initiatives ne sont pas fondamentalement mauvaises, elles donnent toutefois l’illusion que les gouvernements et les multinationales ont compris l’importance des questions climatiques. L’orgueil dont les Etats font preuve quant aux maigres efforts qu’ils déploient, la paresse d’en réaliser à plus grande échelle et l’avarice agissant comme motivation première à l’inaction sont autant de péchés capitaux qui condamnent la planète à un véritable enfer sur Terre.

Le rapport d’octobre 2018 du GIEC a pourtant lancé un message clair: il nous faut maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 degré. Pour ce faire, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030 par rapport à 2010, reconstruire davantage de forêts et développer des technologies pour absorber le CO2 atmosphérique.

Face à ces conclusions, les politiques font l’autruche et se cantonnent à des accords de changement insuffisants. Ainsi, au lieu de diminuer drastiquement, les émissions de gaz à effet de serre ont repris de plus belle, en 2017, avec une augmentation de 1,6%. En 2018, c’est une croissance de 2,7% qui a été enregistrée. Avons-nous vraiment compris le message?

A l’issue de la COP24 en décembre dernier, près de 200 Etats ont adopté le manuel d’application de l’accord de Paris. Or, même si ces mesures sont effectivement appliquées par toutes les parties prenantes, elles ne limiteraient le réchauffement qu’à 3,2 degrés d’ici 2030. Un réchauffement de plus de 1,5 degré impliquerait, entre autres scénarios apocalyptiques, une fonte de la banquise arctique dix fois plus fréquente, la mise en danger de 10 millions de personnes par la montée des eaux et la disparition de 99% des récifs coraliens. Mais tous semblent pourtant se féliciter pour cet effort collectif…

Pour justifier leur manque de courage politique, les Etats se cachent derrière de piètres excuses comme le manque de budget ou la priorisation de problématiques qu’ils jugent plus urgentes, mais qui ne menacent pourtant pas la survie de notre espèce. Dans le combat qui oppose logiques capitaliste et climatique, la première semble à l’heure actuelle l’emporter. Pourtant, la peur de manquer de ressources économiques n’est pas aussi fondée que l’on pourrait le croire! Des pays comme le Costa Rica ont prouvé que le développement durable pouvait être une mine de ressources. De plus, les dégâts occasionnés par les catastrophes climatiques qui nous attendent en cas d’inaction coûteraient bien plus cher aux caisses nationales…

Si les politiques déçoivent, les citoyens surprennent par les initiatives qu’ils déploient pour se faire entendre. L’Europe citoyenne marche régulièrement pour le climat et des associations et ONG de pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou la France ont rassemblé les signatures de milliers de citoyens dans le but d’attaquer leurs gouvernements respectifs en justice et de les obliger à respecter leurs engagements. Les recommandations des climatologues ne sont pas parvenues à fédérer une Europe gravement divisée sur le sujet, mais semblent avoir mobilisé l’attention des populations. Peut-être pourront-elles, à coups de pétitions et de rassemblements massifs, exercer une pression suffisante sur leurs dirigeants pour remettre l’humanité sur le droit chemin.

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