Se transformer pour durer

PwC Luxembourg

Les inégalités croissantes de notre société et l’exploitation rapide et inquiétante des ressources de la Terre sont des enjeux qui ne peuvent plus être ignorés. En 2015, les pays membres des Nations unies ont tiré la sonnette d’alarme. Ensemble, ils ont établi le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et adopté 17 objectifs afin de mettre un terme à la pauvreté et parvenir à un développement durable dans le monde pour les générations actuelles et futures. Éclairage avec Philippe Pierre, associé en charge du secteur public à Luxembourg et responsable mondial Institutions européennes chez PwC et Jacques Vandivinit, directeur au sein du département secteur public chez PwC Luxembourg.

 

Où se situe l’Union européenne en matière de développement durable?

PP: Les 17 objectifs de développement durable, aussi connus sous le terme anglais «Sustainable Development Goals» (ou SDG), fixent une vision concrète à l’horizon 2030. Ils intègrent les trois dimensions du développement durable, à savoir les dimensions économiques, sociales et environnementales. L’Union européenne s’est engagée à mettre en place les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs, qu’elle a d’ailleurs repris dans l’ensemble de ses dix priorités pour 2014/2019. À ce sujet, l’Eurostat a publié en septembre dernier son rapport de suivi sur l’avancement de l’Union européenne sur les objectifs de développement durable au cours des cinq dernières années. Globalement, elle a progressé sur la réalisation des 17 objectifs, avec des progrès significatifs sur les trois piliers suivants: «Bonne santé et bien-être», «Éducation de qualité» et «Énergie propre et d’un coût abordable». Des améliorations restent à faire sur l’objectif «Inégalités réduites», qui s’explique par la montée croissante des inégalités de revenu au sein des pays membres de l’Union européenne, et ce depuis 2005.

JV: L’Union européenne a mis en place des actions concrètes pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici les douze prochaines années. Par exemple, l’Europe a développé une stratégie pour lutter contre le défi des déchets plastiques – entre 5 et 13 millions de tonnes de matières plastiques finissent dans les océans chaque année, représentant 80% des déchets marins! D’ici à 2025, l’objectif est de recycler dix millions de tonnes de matières plastiques pour pouvoir les intégrer dans de nouveaux produits mis sur le marché de l’Union européenne. Pour faire avancer la mise en place de ces programmes, l’UE a notamment inclus ces objectifs dans l’ensemble de ses politiques et de ses initiatives, en faisant du développement durable un principe directeur pour l’ensemble des politiques de la Commission européenne. Aussi, depuis 2017, l’Union européenne rend régulièrement des comptes sur l’avancement de la mise en place de ces objectifs.

 

Qu’en est-il au Luxembourg ?

PP: En 2017, suite à la conférence des Nations unies sur le Programme de développement durable, le Luxembourg a présenté son agenda 2030 avec un objectif précis: celui de contribuer à l’éradication de l’extrême pauvreté et de promouvoir la pérennité économique, sociale et environnementale. Dans la même veine, le pays a défini quatre priorités qui découlent des 17 objectifs de développement durable. À l’horizon 2030, le pays s’engage à améliorer l’accès à des services sociaux de qualité; encourager l’intégration socio-économique des femmes et des jeunes; promouvoir une croissance inclusive et durable; et développer une gouvernance plus inclusive. Le Luxembourg s’est doté d’instruments financiers et non-financiers pour soutenir ces priorités, et s’engage notamment à consacrer au minimum 0,70% de son revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD). Le pays a même été plus loin: en 2016, son APD a atteint 1,02% de son RNB. Ceci le place à la deuxième place des pays les plus généreux au monde en termes de coopération en faveur du développement durable.

Le Luxembourg a bien intégré la nécessité d’œuvrer en faveur du développement durable

JV: Faisant lui-même face à des défis économiques, environnementaux et sociaux, le Luxembourg a bien intégré la nécessité d’œuvrer en faveur du développement durable. L’économie des services et la prospérité que l’industrialisation a générées ont eu des effets contrastés sur la société et les écosystèmes. De plus, ces dix dernières années, le pays a connu une évolution démographique exceptionnelle – considérée comme ayant fait perdre à la société luxembourgeoise une partie de son homogénéité sociale – avec une projection de plus d’un million d’habitants d’ici 2080. En effet, l’impact des modes de vie actuels sur la cohésion sociale, l’accès à l’éducation, le financement des retraites, l’épuisement des ressources et la biodiversité ne peuvent plus être ignorés. La densité accrue des infrastructures de transport ainsi que les pressions exercées par l’intensification des pratiques agricoles ne sont que quelques exemples. C’est dans cette optique que le Luxembourg a adopté l’Agenda 2030 et commencé à mettre en pratique des actions concrètes pour atteindre ses objectifs.

 

Ne sommes-nous donc pas en train d’opérer une transition vers une économie circulaire?

JV: Un des outils clés permettant d’atteindre les objectifs de développement durable est l’économie circulaire. Utilisée à bon escient, elle aidera à réduire la consommation des ressources, à améliorer la qualité de vie ainsi que la qualité de la croissance économique. À terme, l’économie circulaire permettrait donc d’atteindre une meilleure harmonisation entre le développement économique, environnemental et social. Aujourd’hui au Luxembourg, un certain nombre d’entreprises ont déjà entamé leur passage vers l’économie circulaire. Et ce n’est qu’un début. Les enseignements de l’étude menée par l’économiste Jeremy Rifkin au Luxembourg en 2016 ont permis au pays d’avancer sur des projets concrets relatifs à la mobilité intelligente et à la digitalisation de l’économie notamment. Citons l’application mobile de covoiturage «Copilote» lancée il y a quelques mois par le gouvernement ou encore le projet «Digital Skills Bridge» qui a pour but d’investir dans la formation des employés et l’accompagnement des entreprises touchées par les effets de la digitalisation. De belles avancées, qui traduisent la volonté du pays de se transformer pour durer!

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