Protéger pour viabiliser

Marks&Clerk

En pleine expansion sur le marché local, le cabinet Marks & Clerk a accueilli de nouveaux talents afin d’accompagner au mieux la diversification économique du Luxembourg. Dans ce cadre, et alors que l’EBAN Winter Summit s’est tenu les 22 et 23 octobre derniers, Luca Polverari, gérant et partenaire du cabinet luxembourgeois, est revenu sur l’importance de la Propriété Intellectuelle (PI) pour les startups. Interview.

 

Parlez-nous de votre récente expansion…

Depuis une dizaine d’années, notre cabinet connait une forte croissance. Nous avons donc décidé d’augmenter notre surface locative au Luxembourg afin d’offrir un cadre de travail plus épanouissant à nos collaborateurs et de leur donner la possibilité de se retrouver dans un espace commun convivial.

Si jusqu’ici notre activité se concentrait surtout sur des entreprises internationales, aujourd’hui nous voulons renforcer notre présence sur le marché local afin de devenir un acteur majeur en propriété industrielle au Luxembourg. Pour ce faire, nous avons décidé de nous spécialiser dans des niches en recrutant deux nouveaux collaborateurs: d’une part Anne Rivière, spécialiste en biotechnologie, nous aidera à aborder ce secteur montant au Luxembourg. Entre les activités du LIST, le développement de l’Université du Luxembourg et les financements grandissants des instituts de recherche, nous sommes persuadés que cette activité est vouée à se développer ces prochaines années et nous voulons être présents pour accompagner ce changement.

D’autre part, Stéphane Ambrosini, spécialiste des brevets logiciels et électroniques renforcera nos compétences dans ce domaine. Il apporte aussi une belle expérience en demande de brevets dans les métiers de de la digitalisation et des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, tout en connaissant bien le milieu des FinTechs.

 

Le Luxembourg veut fournir un cadre de développement favorable aux startups. Expliquez-nous en quoi la PI peut être un atout pour attirer des investisseurs?

Le ministère de l’Economie encourage effectivement la création d’incubateurs, surtout depuis la publication des résultats de l’étude Rifkin. J’ai confiance en la politique luxembourgeoise et je suis sûr que le prochain gouvernement poursuivra sur sa lancée à ce niveau.

Ne pas protéger son invention peut coûter bien plus cher que de la protéger…

Dernièrement, l’EBAN Winter Summit a permis aux startups de rencontrer des investisseurs. Dans ce cadre, la PI est alors un grand atout puisqu’elle permet de valoriser une activité et d’aider les jeunes entrepreneurs à trouver des investisseurs. Cela leur montre en effet que les recherches ont été effectuées et qu’un projet est viable, au-delà d’une simple idée ou d’une méthode de travail. De plus, les investisseurs sont réticents à l’idée de financer une entreprise qui ne détiendrait pas tous les droits pour son projet… Rechercher un investisseur sans aucun acquis est presque impossible!

 

Les startups sont-elles suffisamment sensibilisées aux enjeux de la PI?

Beaucoup d’initiatives sont prises au Luxembourg, notamment par l’IPIL, mais je pense qu’il n’y aura jamais assez de sensibilisation à ce niveau! De notre côté, nous essayons de nous mettre en relation avec les incubateurs de la Place pour réaliser des présentations ou des journées pendant lesquelles un de nos Conseils spécialisés se mettrait à disposition des startups pour répondre à leurs questions et favoriser une prise de conscience dans ce milieu, sans pour autant que nous ayons l’exclusivité sur ce type d’événements. Toutefois, il faudrait idéalement que cette démarche de renseignement sur la PI vienne des entrepreneurs eux-mêmes et pour cela, il faut que nous parvenions à créer une culture de la startup davantage axée sur la protection de leurs idées.

A l’heure actuelle, nous ne voyons pas encore le nombre de brevets augmenter de manière proportionnelle à celui des startups émergeant au Luxembourg. Il est encore trop tôt pour observer ce changement; nous sommes encore dans une phase de croissance du nombre startups et une sélection naturelle doit encore être effectuée parmi celles-ci. Cet environnement est encore assez nouveau au Luxembourg et l’Etat commence seulement à pousser les jeunes entrepreneurs à prendre des risques et à créer leur propre projet. Beaucoup de sociétés sont créées chaque jour et beaucoup d’entre-elles voient leurs activités cesser assez rapidement: la propriété intellectuelle sera un facteur déterminant dans la survie de ces jeunes entreprises et il faudra qu’elle devienne un réflexe pour assurer leur viabilité.

 

Quels premiers conseils adresseriez-vous à un jeune entrepreneur?

Il faut absolument qu’il assure sa propriété industrielle: il faut qu’il sache qui est l’inventeur, que celui-ci soit lié par un contrat comprenant une clause de confidentialité et qu’il n’en divulgue aucun aspect avant d’en avoir discuté avec un professionnel et d’avoir protégé son invention. En effet, si la moindre information a été divulguée au préalable, nous ne pourrons plus rien protéger et son projet tombera à l’eau, car il est difficile de prouver ses droits antérieurs dans de tels cas.

De plus, les brevets ne sont pas aussi onéreux qu’on pourrait le penser. Avec une simple protection luxembourgeoise, un entrepreneur aura un an devant lui pour trouver des investisseurs et ensuite se protéger dans d’autres pays si cela est nécessaire. Il est aussi possible de déposer une marque pour protéger un nom et ainsi se faire connaître, par exemple. Ne pas protéger son invention peut coûter bien plus cher que de la protéger… Nous leur conseillons donc de consulter un professionnel dès que leur idée se concrétise et qu’elle devient réalisable et applicable.

Chez Marks & Clerk la première consultation est gratuite afin de déterminer si le projet en vaut la peine et s’il est temps de le breveter. En effet, il faut trouver le bon moment pour déposer un brevet et nous pouvons les aider à identifier cette étape. Notre objectif est d’accompagner les entrepreneurs en tant que partenaires dans la croissance de leur société, et ce, à chaque étape de son évolution, ce qui implique que nous soyons experts dans leur domaine d’activité. Nous les écoutons attentivement, comprenons leur projet en profondeur, les aidons parfois à identifier la véritable innovation et les conseillons en conséquence sur la meilleure manière de la protéger.