Quels visages pour le Luxembourg et l’Europe de demain?

Alors que le Luxembourg s’apprête à former son nouveau gouvernement, on voit déjà se construire au loin des enjeux politiques à plus large échelle sur le Vieux Continent. Au vu des programmes électoraux des principaux partis politiques du pays, le Luxembourg semble à l’abri du populisme, du nationalisme et de l’euroscepticisme. Ce qui est loin d’être le cas de ses voisins…  

L’Italie, la Pologne, la Grèce, l’Autriche et la Hongrie voient déjà leurs gouvernements dirigés par des partis situés aux extrêmes de l’échiquier politique. Les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède, le Danemark et la France ont quant à eux connu une montée en puissance des partis d’extrême droite lors de leurs dernières élections.

Selon le Commissaire européen aux affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, les tensions politiques que connait l’Europe seraient le résultat de la mauvaise gestion de la crise économique de 2008. Cet argument semble pourtant bien pâle lorsque l’on voit des pays à l’économie bien portante et au chômage en baisse céder aux tentations nationalistes ou populistes…

Les Salvini, Orban et Le Pen de la politique puisent plutôt leurs forces dans la question migratoire, la lutte contre le terrorisme, le contexte de mondialisation et l’insatisfaction liée aux partis traditionnels et en font autant de chevaux de bataille dans leur course au pouvoir. Les élections européennes se profilant à l’horizon, l’on voit même des tentatives d’alliances se former, à l’instar de la rencontre entre Matteo Salvini et Marine Le Pen, dont l’objectif était d’envisager les questions sociale et de croissance économique dans une Europe… des Nations! 

Les réactions des europhiles face à ces mouvements se font heureusement entendre et on se souvient d’ailleurs d’un Jean Asselborn exaspéré au son des explications avancées par le ministre de l’Intérieur italien quant à sa position défavorable sur l’immigration, allant jusqu’à la comparer à une forme moderne d’esclavagisme.

Contre les eurosceptiques, les partis traditionnels peinent toutefois à s’affirmer et pour cause, ces derniers connaissent un éclatement partout en Europe de par leur incapacité à se renouveler et à adapter leurs programmes aux nouvelles réalités sociales et économiques. Bravant la tempête à coup de critiques contre le camp adverse, ils ne semblent avoir pour seule arme que le sentiment de peur qu’ils distillent en alertant les populations sur les dangers qu’une Europe menée par les extrêmes pourrait impliquer.

Seuls les progressistes, dont le président français Emmanuel Macron semble être devenu le chef de file, pourraient encore faire rempart contre la formation d’une Europe eurosceptique. Les dirigeants du Benelux lui apportent leur soutien mais faut-il encore espérer que cette tendance s’affirme parmi les autres Etats membres…

Espérons qu’au sein de cette Europe divisée les électeurs luxembourgeois se souviendront que leur pays est non seulement au cœur mais aussi à l’origine de leur si fragile Europe et des valeurs qu’elle doit continuer à véhiculer…