Se former pour mieux se transformer

PwC Luxembourg

Les nouvelles technologies se développent à vitesse grand V, non sans conséquences sur la compétitivité, les emplois et notre manière de travailler. La majorité des professions se transforment pendant que certaines disparaissent et d’autres émergent. Philippe Pierre, associé en charge du secteur public à Luxembourg et responsable mondial Institutions européennes chez PwC et Christian Scharff, associé et People & Organisation Leader chez PwC Luxembourg, reviennent sur les défis de la digitalisation sur le marché du travail au Luxembourg.

La transformation digitale révolutionne notre manière de travailler. Est-on déjà en mesure de déterminer si, à long terme, les nouvelles technologies seront plutôt créatrices ou destructrices d’emplois?

PP: Il est clair que la digitalisation de notre économie et, plus largement, du monde dans lequel nous vivons, n’est pas sans conséquences sur le marché du travail. Ces dernières années déjà, on a vu émerger des métiers qui nous étaient inconnus auparavant – citons les «data analysts» ou encore les «UX designers». Aujourd’hui, avec le développement toujours plus rapide et pointu des nouvelles technologies, ce phénomène s’accélère et nous pousse à repenser notre manière de travailler. Un constat confirmé par la récente étude «Workforce of the Future» réalisée par PwC à l’échelle internationale. Si 37% des sondés craignent que l’automatisation ne détruise des emplois, 74% semblent avoir bien compris les enjeux de la digitalisation et sont prêts à se former pour pouvoir acquérir de nouvelles compétences et rester compétitifs dans le futur.

CS: Les nouvelles technologies vont certes mettre à mal certains secteurs, mais elles vont aussi transformer et créer de nouveaux emplois. Dans son rapport de juillet 2018 sur les perspectives économiques du Royaume-Uni, PwC UK a indiqué que l’intelligence artificielle créera autant d’emplois qu’elle n’en détruira dans les 20 prochaines années, avec 7,2 millions d’emplois créés pour 7 millions détruits.

 

Voit-on cette même tendance émerger au Luxembourg?

L’intelligence artificielle créera autant d’emplois qu’elle n’en détruira dans les 20 prochaines années

CS: Les petites économies sont très touchées par les conséquences de la digitalisation sur l’emploi car elles sont pour la plupart dépendantes des ressources extérieures. Au Luxembourg, on voit que beaucoup de métiers sont « upgradés » et sont en train de migrer, ce qui implique pour les employés de se transformer afin de pouvoir répondre aux enjeux posés par les nouvelles technologies. Le big data, la cybersécurité ou encore l’Internet of Things (IoT) font émerger de nouveaux métiers mais aussi de nouvelles problématiques que nous ne connaissons pas encore. Il en est de même des nouvelles législations comme le RGPD. La priorité pour le pays est de préparer les personnes actives comme celles sans emploi à ces nouveaux métiers, aussi bien sur le plan technique avec des efforts de formation qu’au niveau des compétences comportementales (ou «soft skills»). Il est clair que la digitalisation va détruire des emplois, mais elle en créera d’autres en parallèle, et les gagnants économiques seront les personnes dotées des compétences adéquates pour répondre aux défis posés par ces nouveaux métiers.

Justement, quelles actions concrètes sont mises en place pour préparer le marché du travail luxembourgeois à cette vague digitale?

PP: Le ministère du Travail a récemment lancé le programme Digital Skills Bridge, qui a pour objectif d’investir dans la formation des employés et l’accompagnement des entreprises touchées par les effets de la digitalisation. Cette initiative innovante permettra à terme de préparer les entreprises et leurs employés à la transformation de leurs métiers. Une phase pilote est actuellement en cours avec une quinzaine d’entreprises au Luxembourg de plusieurs secteurs et quelques 600 employés.

CS: Aujourd’hui, près de 8.000 postes sont ouverts au Luxembourg et n’arrivent pas à être pourvus. Dans un contexte où les nouvelles technologies se développement à une vitesse fulgurante, ce sont les initiatives qui favorisent la formation et la requalification qui garantiront la bonne marche de notre économie sur le long terme.

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