Un lieu de synergies

Technoport

L’aîné des incubateurs du pays vient de fêter ses 20 ans. Il a été créé par les pouvoirs publics en 1998 dans le but de soutenir l’innovation technologique et entrepreneuriale tout en créant des synergies avec la recherche privée. Interview de Diego de Biaso, CEO du Technoport.

 

Quelles sont les trois dates clés du Technoport?

De 1998 à 2001, une phase pilote de trois ans s’est conclue par une évaluation externe positive de la part d’experts internationaux et la décision des pouvoirs publics de continuer l’aventure.

En 2006, une étude de l’OCDE propose la fusion entre le Technoport et Ecostart qui était alors une initiative de support à l’entrepreneuriat technologique portée par le ministère de l’Economie.

Le dernier tournant majeur remonte à 2012, lorsque le Technoport est devenu une société anonyme, et a pris ses quartiers à Belval et Foetz. Lieux de synergies qui avec la fusion d’Ecostart, nous ont fait passer de 1.000 à 12.000 m2. Aujourd’hui nous disposons de quelques 16.000 m2 de surfaces.

 

Un mot sur votre fonctionnement et votre financement…

Le Technoport n’est pas un incubateur thématique; il accueille des entreprises qui ont toutes en commun l’innovation technologique mais évoluent dans des domaines très variés comme l’environnement, les matériaux, l’ICT, les plateformes sociales et autres.

De 7 à 10% des demandes sont annuellement acceptées

Nous comptons 40 sociétés dont 36 startups et 4 unités de recherche et développement de groupes plus établis. Elles restent en moyenne de trois à cinq ans pour les industriels qui ont des investissements plus importants. Selon les infrastructures nécessaires et la place occupée, elles paient un forfait mensuel variant entre au minimum 600 euro mais pouvant aller aussi jusqu’à 6.000 euro.

Pour ce qui est de notre financement, nous avons reçu une dotation initiale en numéraire par la SNCI et un apport en nature par le ministère de l’Economie via un bail emphytéotique sur les bâtiments. Nous ne recevons plus de dotations publiques annuelles depuis 2012. Après cinq ans nous avons trouvé un équilibre financier et aujourd’hui, ce sont nos activités qui financent notre budget annuel d’en moyenne  1,3 million d’euros.

 

Vous participez au rayonnement du Luxembourg à l’international, cela est-il dû à vos infrastructures de qualité?

La qualité d’un incubateur se définit par les trois principaux piliers que sont les services d’accompagnement, les infrastructures qui permettent de se concentrer sur le métier de base et l’environnement de travail propice aux synergies et aux échanges.

Le Technoport a su développer ses services d’accompagnement via différentes plateformes.

  • Le coworking est devenu une plateforme événementielle reconnue dans l’écosystème. En 2017 nous avons organisé, co-organisé et/ou accueilli une soixantaine d’événements dont neuf hackatons (développement d’idées sur trois jours).
  • Le FabLab laboratoire de fabrication numérique et de prototypage rapide hébergé au 1535° de Differdange. C’est l’une des plateformes les mieux équipées de la Grande Région pour la fabrication numérique et elle est ouverte au grand public.
  • Le Digital Experience Studio (DX-Studio) qui est une plateforme de soutien au développement, de validation et de test de nouveaux concepts dans le domaine de la création de contenu numérique et digital.

Les prix internationaux qui nous sont décernés de manière régulière depuis environ cinq ans relèvent de comparaisons avec ce qui se fait de mieux à l’étranger et sont un bon signe de santé de nos programmes d’incubation mais aussi de l’impact local et du rayonnement international.

 

Qui peut prétendre à une place?

Tout le monde mais à certaines conditions. Nous demandons une description du concept pour lequel on analyse les aspects technologiques et innovants. Si le projet est prometteur, on l’intègre dans un programme dit pré-commercial de quatre mois qui doit démontrer sa fiabilité.

Nous faisons ensuite appel à un panel d’experts externes qui rencontrent l’initiateur du projet. Une fois que tous les feux sont au vert, le dossier est soumis pour approbation finale à notre conseil d’administration qui valide le projet.

Nous essayons toujours d’être les plus flexibles possible pour ne pas bloquer l’entrepreneur et par la même, son idée mais pour l’heure, de 7 à 10% des demandes sont annuellement acceptées.

 

Est-ce que le marché actuel des startups n’est pas une surenchère d’offres sur un marché où la demande est relativement limitée?

Certes, mais je préfère un écosystème dynamique qui débloque de nouvelles initiatives et teste de nouveaux concepts plutôt que l’inverse.

L’écosystème luxembourgeois des startups est relativement jeune et il ne faudrait pas le comparer trop vite avec d’autres plus anciens comme Paris, Berlin ou San Fransisco. Nous avons une réelle carte à jouer et la régulation du système se fera de par les entrepreneurs qui sélectionnent les initiatives qui leur semblent les plus pertinentes.

La dynamique mise en place n’a plus rien à voir avec celle d’avant 2012; c’est un tout autre niveau. Nous avons de plus en plus de demandes et pour vous donner une idée: 38% des demandes que nous avons reçues en 2017 étaient émises d’au-delà du Luxembourg et de la Grande Région.

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