Transformer les défis en opportunités

Au terme d’un mandat particulièrement chargé dans la coalition DP-LSAP-déi gréng, François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures et tête de liste déi gréng pour le Centre, s’apprête à affronter de nouvelles élections. Le ministre a accepté de revenir avec nous sur son mandat et nous parle des ambitions des Verts pour l’avenir du pays.

 

Que retenez-vous de vos cinq années de mandat?

Nous avons fait un pas vers un changement de paradigme de la mobilité grâce aux investissements réalisés, notamment dans de nouvelles infrastructures (gares, tram,…), ou encore grâce à l’approche de la mobilité que nous avons développée avec le MoDu 2.0. Il est très important que la prochaine législature continue à développer les approches de mobilité tant pour le développement économique du pays, que pour la qualité de vie des habitants.

J’ai également pris le parti de revoir entièrement la loi sur l’aménagement du territoire, tout en considérant l’avis des communes concernant les nouveaux plans sectoriels. Cette première étape pourra, je l’espère, servir de base au prochain gouvernement pour entièrement reformuler le plan directeur de l’aménagement du territoire. Je pense également que la participation citoyenne devra continuer à être au centre des démarches pour une plus grande efficacité.

Le bilan de notre gouvernement est positif que ce soit au niveau du chômage, de la création d’emplois, des finances publiques, des investissements réalisés,… Si les électeurs nous confirment qu’ils souhaitent voir reconduire le gouvernement actuel, nous ne serions pas déçus puisque nous savons que cette coalition fonctionne. Quoi qu’il arrive, nous respecterons la volonté des électeurs et resteront ouverts à d’autres coalitions.

 

Quels sont les grands thèmes des prochaines élections législatives pour déi gréng?

La manière dont nous allons gérer la croissance et diversifier notre économie dans le futur est une question centrale pour les citoyens. A mon sens, nous devrions tendre vers une diversification de notre économie grâce au secteur qui a le plus de potentiel, à savoir les technologies de l’environnement.

Protéger l’environnement et la nature c’est protéger les conditions nécessaires à la survie de l’humain. La question de l’écologie est pour moi la plus importante du XXIe siècle. Derrière cela se cachent d’énormes opportunités, notamment de développement économique: créer des éoliennes, un tram, investir dans les technologies de l’environnement,… cela crée une croissance positive. Ce domaine nous offre de très grandes perspectives de croissance économique tout en améliorant la qualité de vie, c’est le levier d’une croissance qualitative.

Par exemple, la création du tram a profité à des entreprises luxembourgeoises en leur faisant bénéficier d’un rayonnement international en plus d’avoir créé de l’emploi au Luxembourg. Créer un tram dernière génération à la technologie de pointe a non seulement favorisé la mobilité douce dans le pays mais a également profité au tourisme. D’autres entreprises luxembourgeoises s’illustrent aujourd’hui dans la recherche de produits isolants durables et qualitatifs: ces produits nous aideront à avoir une meilleure efficience énergétique et représentent pour nous une opportunité économique.

Diversifier notre économie grâce au développement des technologies de l’environnement

 

La croissance prévisionnelle de 3,1% sur la période 2017-2021 ne risque-t-elle pas de déboucher sur des problèmes de logement et de mobilité…

Je ne pense pas que nous soyons arrivés à une impasse dans ces domaines, mais certains changements doivent être effectués au niveau du développement spatial du pays.

Aujourd’hui la plupart d’entre nous travaille à des dizaines de kilomètres de notre lieu d’habitation lui-même excentré par rapport à l’endroit où les loisirs sont consommés, ce qui crée des problèmes de mobilité puisque nous avons absolument besoin d’une voiture pour effectuer ces trajets. Il faut donc que nous réfléchissions à créer des zones d’habitation là où l’on retrouve des emplois.

De plus, parmi les 500 hectares inscrits dans le plan sectoriel dédié au logement, presque la moitié appartient au secteur public. Parmi ces 250 hectares, nous avons l’objectif clair de créer des zones de logements abordables, également locatifs, où nous devrons mélanger les fonctionnalités. Ces friches sont réparties à travers le pays et sont une grande ressource pour le développement économique et urbain du pays.

Bien que le Luxembourg soit limité dans son développement par ses frontières, les pays frontaliers ont des friches industrielles qu’il serait possible de valoriser. Le moteur économique luxembourgeois peut aider au développement de ces régions laissées à l’abandon depuis le déclin de la sidérurgie. A terme, des emplois pourraient être créés à la frontière et ainsi diminuer les trajets des frontaliers.

 

Suite au décès de Camille Gira et au départ de Françoise Folmer, déi gréng est-il prêt à affronter les législatives dans la circonscription Nord?

La perte de Camille Gira a été aussi soudaine que tragique et Claude Thurmes, son remplaçant, n’occupe pas une position facile. Son parcours politique est directement lié à celui de Camille Gira et je pense que nous avons fait le bon choix en lui demandant de prendre la relève. Il a très vite accepté, notamment en mémoire de son prédécesseur, et se lance à 100% dans cette bataille avec l’équipe soudée qui l’entoure.

De plus, nous avons réussi à rassembler une équipe jeune dans le Nord qui comprend aujourd’hui une majorité féminine et plusieurs candidats de moins de 40 ans. Tous ancrés dans leur région, ils sont menés par un Claude Thurmes expérimenté.

 

Le taux de résidents étrangers vivant au Luxembourg s’élève aujourd’hui à 47,9%. Existe-t-il un déficit démocratique au Luxembourg dès lors qu’une part aussi importante de la population résidente ne peut pas voter lors des législatives?

Nous avons déjà proposé un référendum à ce sujet qui n’a pas abouti et nous devons le respecter. Nous avons toutefois réformé le processus d’obtention de la double nationalité par la suite et avons d’ailleurs compté trois fois plus de naturalisation l’année dernière grâce à cette démarche; toutes ces personnes peuvent aujourd’hui voter.

L’Etat et les collectivités locales doivent motiver leurs résidents à utiliser davantage les instruments de participation active dont on dispose déjà, comme le vote aux élections communales et européennes, pour parvenir à un meilleur niveau de participation de la part des résidents étrangers.

Je pense que l’intégration des résidents doit être une question prioritaire et cela passe notamment par un apprentissage renforcé de la langue luxembourgeoise pour favoriser l’inclusion. Il faut toutefois empêcher de faire de cette langue un outil d’exclusion.

 

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