La révolution de l’open banking

BGL BNP Paribas

D’application depuis janvier 2018, la directive européenne PSD2 (Payment Services Directive 2) favorise l’innovation dans le secteur bancaire en mettant en place des conditions permettant de créer de nouveaux produits et services. Dans ce contexte, BGL BNP Paribas se place au cœur de ce nouvel écosystème digital et Christophe Leroy, Head of Digital Strategic Planning, revient avec nous sur les projets innovants et les démarches de la banque pour se conformer à cette nouvelle directive et tendre petit à petit vers le concept d’open banking.

D’un point de vue stratégique, qu’implique la directive PSD2?
La directive PSD2 s’inscrit tout d’abord dans un contexte d’évolution des usages clients dont les attentes sont aujourd’hui portées par les grands acteurs du monde digital et par les innovations technologiques. Les banques se retrouvent aussi dans un contexte où l’économie change, l’évolution réglementaire et l’environnement de taux bas renforcent en conséquence la pression économique sur les marges.
La PSD2 s’inscrit comme un catalyseur de ce changement. On l’associe souvent à l’open banking car les banques se retrouvent confrontées à l’obligation d’ouvrir leurs données liées aux comptes de paiement à de nouveaux acteurs comme les FinTechs ou à d’autres acteurs majeurs de l’économie digitale et ceci dans un cadre défini et normé.
Les modèles économiques autour des services financiers vont changer et même si personne ne peut encore dire avec exactitude de quelle manière et à quelle vitesse, nous avons la certitude que la notion de plateforme va être centrale. Tout l’enjeu est de se positionner et de créer des partenariats de manière à pouvoir accompagner les changements relatifs à la PSD2 et à l’open banking.

Parlez-nous de la plateforme LUXHUB…
Le véritable impact de l’ouverture des données dont disposent les banques est attendu pour octobre 2019, lorsque les Regulatory Technical Standards sur l’authentification forte et l’accès aux comptes de paiement seront appliqués. Dans ce cadre BGL BNP Paribas, la BCEE, la banque Raiffeisen et POST Luxembourg ont lancé LUXHUB, une société qui opérera la plateforme commune de conformité PSD2.
La PSD2 impliquera en effet une interconnexion forte entre les FinTechs et les différentes banques. Avec cette plateforme centrale de connectivité qu’est LUXHUB, les banques luxembourgeoises et européennes pourront d’une part se connecter pour permettre l’accès à leurs données et d’autre part, proposer un point d’entrée unique aux «third party providers» (TPP) – qui sont entre autres des FinTechs, mais également de grands groupes qui pourraient fournir des services dans le cadre de la PSD2. LUXHUB se présente ainsi comme une interface centrale au cœur de cet écosystème de la PSD2 sur laquelle vont venir se connecter l’ensemble des acteurs.
Cette nouvelle directive demande donc la mise en place d’infrastructures pour l’ouverture des données comme des interfaces de programmation (ou API) disponibles 24h/7j, ce qui représente un financement très lourd. BGL BNP Paribas a voulu participer à ce projet pour mutualiser cet investissement et plus largement, nous voulions jouer notre rôle et offrir à l’ensemble des banques luxembourgeoises un moyen simple de se conformer à la PSD2. En effet, pour de nombreuses banques, le financement de ce type d’infrastructures est trop lourd ou non stratégique. LUXHUB se présente donc comme une alternative: en devenant clientes, elles bénéficient des services proposés par la plateforme à un coût sensiblement inférieur par rapport à une approche stand-alone.
La PSD2 harmonise aussi les «règles du jeu»: au niveau de la gestion du consentement, de la sécurité et de l’authentification forte des clients, tout le monde sera soumis aux mêmes règles. Le client devra donner son accord pour permettre l’ouverture de ses données à un «third party provider», qui va ensuite demander à la banque les données dont il a besoin. La banque s’assurera à ce stade que cet acteur est bien enregistré auprès d’une autorité de surveillance – la CSSF pour le Luxembourg – et que le client a donné son consentement. Il reste néanmoins encore des inconnues, à l’heure actuelle, tous les cas pratiques d’application de la PSD2 sont en cours de clarification au niveau de l’EBA – l’autorité bancaire européenne – et de groupes de travail spécifiques.
Au travers de LUXHUB, nous nous rendrons conformes à la PSD2. Notre première priorité est cependant de répondre aux attentes évolutives des clients. Pour ce faire, nous intégrons déjà des services proposés par des FinTechs lorsqu’ils peuvent être intéressants pour nos clients, et nous investissons dans la performance de nos canaux digitaux et plus largement de l’ensemble de nos points de contact avec les clients.

Quels seront les impacts de la PSD2 sur le fonctionnement de la banque?
Notre démarche de transformation s’effectue à plusieurs niveaux dont l’expérience client, les éléments de connectivité comme LUXHUB, les évolutions de nos systèmes d’information, les modèles de distribution via des partenariats,… La PSD2 marque la fin d’un système traditionnel où la banque contrôle toute la chaîne de valeur, mais elle aura tout de même un rôle central à jouer grâce à son expertise, son capital relationnel avec les clients et son réseau. L’innovation et la satisfaction des attentes-clients sont les défis des banques à l’ère digitale.
La banque va dès lors adopter un modèle de distribution plus diversifié. Nous proposons déjà plusieurs canaux pour interagir et servir nos clients et tous offrent des services spécifiques pour que chaque utilisateur puisse trouver le canal qui lui convient le mieux en fonction de son besoin mais aussi du contexte.
La PSD2, et au-delà le concept d’open banking, va ouvrir et accélérer nos perspectives puisque le cadre d’échange des données est plus clair, et va donc permettre de créer de nouveaux business modèles grâce aux plateformes qu’elle favorise.