Créer des perspectives positives

déi Lénk

Le 22 mai dernier, déi Lénk a dévoilé son programme électoral provisoire. Quelques jours plus tard, Carole Thoma, son porte-parole, a prêté sa voix au parti afin de nous communiquer ses ambitions pour le Luxembourg. A quatre mois des élections législatives, le parti de gauche s’attaque aux questions sociales, économiques, écologiques et démocratiques qui touchent le pays. Explications.

Quels sont les priorités de votre programme en vue des prochaines élections législatives?
Nous estimons que le Luxembourg a besoin de transitions sociales, écologiques, économiques et démocratiques; ce sont les quatre piliers sur lesquels notre programme est fondé.
Au Luxembourg certaines personnes travaillent 40 heures par semaine et vivent tout de même sous le seuil de pauvreté. Une de nos priorités est donc de relever le salaire social minimum pour que les personnes travaillant à temps plein puissent vivre dignement grâce à leur salaire.
Nous voulons également réduire le taux de chômage et à ce titre, l’Etat a un rôle majeur à jouer en se positionnant comme employeur en dernier ressort. Pour ce faire, l’offre de services publics au niveau de l’Etat et des communes devrait être développée pour offrir un travail, rémunéré au salaire minimum, à l’ensemble des personnes pour lesquelles l’Adem n’aurait pas trouvé d’emploi.

Peut-on parler de déficit de démocratie lorsque l’on analyse le système électoral luxembourgeois ?
Effectivement et c’est la raison pour laquelle nous aimerions également relancer la discussion sur le droit de vote pour les résidents étrangers. Ces derniers sont également des travailleurs, locataires ou propriétaires au Luxembourg et sont donc, à ce titre, concernés par les évolutions législatives du pays. Nous devrions déjà commencer par donner davantage de pouvoir aux délégations en entreprises, les salariés pourraient ainsi mieux se faire entendre à ce niveau.
Le volet démocratique de la campagne déi Lénk est par ailleurs mis en évidence dans notre programme électoral puisque nous invitons tous les citoyens à prendre connaissance de sa version provisoire et à la commenter pour la faire évoluer. Nous sommes par ailleurs le seul parti à avoir créer une proposition de nouvelle constitution, comprenant de nombreuses alternatives. Nous pensons qu’un débat public avec une participation active de la population est en tout cas nécessaire pour revoir en profondeur la constitution.

Pensez-vous que le pays puisse assumer une croissance prévue à 3,1% d’ici à 2021 au regard des problèmes de mobilité et de logement déjà existants à l’heure actuelle?
Nous ne critiquons pas la croissance en soi, mais nous ne pouvons pas la faire dépendre essentiellement de la place financière car cette situation n’est pas durable. Nous voudrions que la croissance concerne davantage de secteurs économiques et qu’elle débouche sur une meilleure répartition des richesses dans tous les secteurs et dans toutes les classes sociales. De plus, cette croissance n’a pas été planifiée, il devient donc urgent de se pencher sur des sujets tels que le logement et la mobilité.
Nous pensons qu’il faut investir dans les transports en commun afin de développer une plus grande offre et de les rendre gratuits pour tous dans le but de réduire l’impact de la mobilité individuelle sur le trafic. De plus, les infrastructures de mobilité doivent se développer au-delà des frontières luxembourgeoises et au sein de la Grande Région pour créer davantage d’offre de transport en commun frontaliers.
Au niveau du logement, nous travaillons depuis des années sur un projet à trois facettes. Tout d’abord, nous voudrions augmenter les taxes sur les logements et terrains inoccupés pour éviter la spéculation et inciter les propriétaires à leur mise sur le marché. Ensuite, nous devons dédier davantage de terrains publics à la construction. Enfin, nous devons renforcer les droits des locataires et leur information; par exemple, beaucoup ne savent pas que les loyers sont plafonnés par les commissions de loyer. De plus, nous avons émis une proposition de loi visant à donner la charge des frais d’agence immobilière aux propriétaires plutôt qu’aux locataires, mais elle n’a pas été retenue par les autres partis. Le Luxembourg a besoin de 6.500 nouveaux logements par an et le marché ne peut pas supporter une telle charge à l’heure actuelle, l’Etat doit donc jouer un rôle dans la construction massive de logements.

Comment opérer une transition écologique dans le pays?
Nous voudrions arriver à long terme à 100% de consommation d’énergies renouvelables. Pour cela, nous voulons commencer par inscrire les objectifs de la COP21 dans la législation. Par ailleurs nous estimons que nous pourrions fournir des efforts supplémentaires et pousser notre engagement plus loin. Par exemple, le Luxembourg pourrait produire davantage d’énergies renouvelables et pousser à la consommation des produits de l’agriculture biologique locale afin de réduire son export. Nous avons en effet une agriculture importante, mais peu consommée, nous voulons donc encourager la population à consommer davantage les produits locaux.
 
Comment trouver les ressources économiques pour financer de tels projets?
Nous souhaitons également une nouvelle réforme fiscale pour financer nos meures sociales. Par exemple, nous voudrions élever les taxes sur le capital et les rendre ainsi plus importante que celles sur les salaires. Nous voudrions également élever les taxes sur les entreprises et baisser en contrepartie les impôts sur les ménages. En mettant en place ces éléments, nous libérerions suffisamment de ressources pour nos projets.

Par Martina Cappuccio

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