Quand volonté et opportunités se rejoignent

WIDE

Avide de nouvelles expériences, Marina Andrieu, Executive Director et Co-Founder de l’association Women In Digital Empowerment (WIDE), est arrivée à la tête de son entreprise suite à un parcours pour le moins atypique. Avec détermination et dynamisme elle partage avec nous sa volonté de faire partie intégrante des changements qui secouent la société et nous livre les détails de son cheminement, de ses succès mais aussi de ses espoirs.
 
Le changement au cœur
Les technologies de l’information et de la communication ont connu un véritable essor dans les années 90. L’invention du circuit intégré et du microprocesseur améliorant grandement la puissance des ordinateurs et l’ouverture de l’Internet au commerce ont fortement contribué à la démocratisation des ordinateurs, si bien que petit à petit, ils se sont immiscés dans l’intimité des foyers.
L’adolescente qu’elle était alors se souvient de ces bouleversements: «Au lycée, j’étais parmi les premières à avoir accès à la maison à un ordinateur connecté à internet», se souvient-elle. Très intéressée par ce secteur, c’est pourtant vers un bac en économie qu’elle se tournera et ne reviendra à son amour pour la technologie que bien des années plus tard…
A 18 ans, la jeune femme a besoin de changement. Décidée à apprendre une nouvelle langue, elle part pour le Royaume-Uni pour parfaire son anglais et travaille dans le secteur de l’hôtellerie. Elle y restera finalement plusieurs années. Observant déjà dans ce secteur l’importance d’une bonne gestion des ressources humaines pour l’épanouissement du personnel et celui de l’entreprise, elle revient en France à l’âge de 24 ans pour reprendre des études dans ce domaine.

Luxembourg, pays d’opportunités
En 2008, Marina Andrieu débute sa carrière dans les ressources humaines et le recrutement au Luxembourg. Pendant cinq ans, elle observe les modes de fonctionnement de son métier et dresse un état des lieux: «Avec l’avènement des nouvelles technologies, j’ai vite constaté que nos pratiques étaient vouées à évoluer et ai immédiatement voulu faire partie intégrante de ce changement», nous explique-t-elle.
A 32 ans, elle décide alors de concrétiser l’un de ses plus vieux rêves, à savoir fonder sa propre entreprise: «A ce tournant de ma vie je me suis dit que si je ne trouvais pas le courage de monter mon projet, je ne le ferais jamais. Je me suis alors lancée».
Mais la jeune entrepreneuse prend rapidement conscience des compétences techniques qu’elle doit acquérir avant de voir aboutir ses ambitions. «J’ai cherché des cours de code et de programmation au Luxembourg, sans succès. Pourtant, à l’étranger, ce type d’initiatives existait déjà!», raconte-t-elle. Inspirée par ces projets et venant déjà du monde de la formation, Marina Andrieu esquisse alors les premières ébauches de son projet…

La mise en place d’une collaboration
Il y a cinq ans, au détour d’un forum en ligne, Marina fait la connaissance de Marie-Adélaïde Gervis qui partage alors avec elle sa volonté d’organiser des événements pour les femmes dans les nouvelles technologies. «Nos objectifs étaient complémentaires: je m’intéressais plutôt aux formations de code et elle à l’organisation d’événements, nous avons donc très vite décidé de nous associer et de créer, la même année, l’association WIDE», se souvient-elle.
Et le succès est vite au rendez-vous: dès le premier événement en janvier 2014, une liste d’attente a dû être créée tellement l’engouement général était grand! Depuis, l’association redouble d’efforts et organise de nombreuses activités pour donner plus de visibilité aux femmes dans le secteur des technologies, notamment des ateliers de code ou sur d’autres sujets plus ciblés comme la blockchain ou les ICO. WIDE organise par ailleurs des conférences dédiées aux femmes entrepreneuses ou travaillant dans le domaine des technologies et met en place des collaborations dans le cadre de projets nationaux, européens et internationaux. On note également parmi leurs activités la mise en place de formations ou de projets éducatifs, seuls ou en partenariats. Les possibilités offertes par l’association sont presque infinies… «Nous développons nos activités en fonction des demandes des parties prenantes, ensuite nous cherchons à construire des projets qui pourraient répondre à ces besoins», précise-t-elle.

Un engagement parallèle
Son engagement pour la promotion du secteur des technologies va au-delà de l’association WIDE puisqu’elle a été mandatée par la Commission européenne pendant quatre années en tant qu’ambassadrice au Luxembourg pour la promotion des compétences informatiques dans le cadre de l’initiative EU Code Week. «Cette expérience m’a permis de rencontrer des ambassadeurs d’autres pays et de voir quelles étaient les pratiques et difficultés rencontrées». Elle poursuit: «Cet échange de pratiques est très enrichissant. On note par exemple que les pays de l’est de l’Europe comptent un taux de 50% d’acteurs féminins dans ce domaine alors que les pays plus à l’Ouest atteignent seulement 10 à 15%».
 
Opérer un changement de mentalités
L’association WIDE a noué de prestigieux partenariats depuis sa création, notamment avec des lycées luxembourgeois et le LIST pour la création d’une plateforme en ligne, ou encore avec l’ONU pour des événements tels que le «Girls in ICT day». Persévérante et déterminée, Marina Andrieu considère son travail comme une passion et elle n’entend pas changer de voie aussitôt: «Nous pensons qu’il est nécessaire de poursuivre nos efforts et de ne pas s’arrêter en si bon chemin».
Les stéréotypes présents dans la société éloignent les acteurs féminins de ces professions. Les études réalisées à la suite des ateliers organisés par WIDE montrent qu’au-delà de l’initiation qu’ils proposent, leur premier apport est d’encourager les participantes et de leur insuffler une certaine confiance en elles, car à l’heure actuelle, la seule caractéristique qui semble manquer aux jeunes femmes pour accéder à ces métiers est le courage d’entreprendre.

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