Stratégie nationale VISION ZERO

INDR

Lancée il y a un an par l’Association d’Assurance accident (AAA), l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) et l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), la stratégie nationale VISION ZERO vise à réduire le nombre et la gravité des accidents du travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles au Luxembourg. Interview d’Annick Sunnen et de Martine Peters, respectivement chef du département prévention de l’AAA et conseillère de direction à l’UEL.
Quelles sont les avancées significatives en matière de sécurité au travail?
AS: Le Luxembourg connait une croissance salariale significative, et c’est pourquoi nous préférons nous baser sur le taux de fréquence qui est plus précis que le nombre absolu d’accidents annuels. Aujourd’hui, 5% des travailleurs ont un accident de travail, contre 9,53% en 2004 et 27% en 1960. Pour descendre davantage ce taux de fréquence qui reste relativement stable, nous avons mis en place la stratégie pluriannuelle VISION ZERO.
MP: Les accidents de trajet entre le domicile et le lieu de travail comptent pour 20% des accidents, chiffre qui est lui aussi en stagnation. La VISION ZERO vise à faire baisser les taux en s’inscrivant dans un effort national.
Avec 20.000 accidents de travail par an, une vision zéro n’est-elle pas utopique?
AS: Nous n’avons pas le choix dans la mesure où aucun mort, ni aucune blessure grave ne saurait être acceptable. Nous essayons de faire changer les mentalités et d’instruire une culture de prévention dans les entreprises. C’est une vision qui s’inscrit dans un mouvement de réduction et qui vise tout particulièrement les secteurs à risques. Un accident de chantier est sujet à des blessures graves ou mortelles, c’est pourquoi nous avons élaboré une brochure spécifique pour la sensibilisation des ouvriers. Des images explicatives relèvent les bonnes et mauvaises pratiques selon différentes situations.
MP: La VISION ZERO part du principe que les accidents liés au travail peuvent être évités et qu’un monde sans accidents graves ni mortels est possible. Elle repose sur quatre principes: la vie est un bien non négociable, l’homme est faillible, l’homme a des limites de tolérance et chacun a droit à un lieu de travail sain et sécurisé. Rappelons aussi que la prévention coûte bien moins chère que les conséquences d’un accident du travail.
Quelle approche a été choisie pour la campagne de prévention VISION ZERO?
MP: Il était important que la campagne se fasse par des témoignages réels de personnes, qui ont été victimes d’un accident du travail ou de trajet. En donnant des visages et des voix à la campagne, le vécu des témoins touche les gens et les sensibilise à prendre davantage conscience des risques auxquels ils sont confrontés. Tout le monde est concerné par la sécurité et la santé au travail.
Comment peut-on améliorer les pratiques au sein des entreprises?
AS: La mise en œuvre de la stratégie pour réduire au maximum les sources potentielles de risques est fondée sur les «7 règles d’or» que sont:

  • faire preuve de leadership et d’exemplarité en matière de sécurité et de santé au travail,
  • analyser de manière systématique tous les risques et dangers,
  • mettre en place un programme d’amélioration continue doté d’objectifs mesurables,
  • veiller à une organisation systémique des aspects touchant à la sécurité et à la santé au travail en insistant sur la clarté des consignes,
  • utiliser exclusivement une technologie garante de sécurité et de santé,
  • veiller à la qualification et au développement des compétences des salariés,
  • investir dans la participation active et la responsabilisation des salariés.

Les entreprises peuvent s’engager dans la stratégie nationale en mettant en place un plan d’action basé sur ces 7 règles d’or et sur les recommandations de la VISION ZERO. Les modalités de cette adhésion sont consultables sur le site www.visionzero.lu où les entreprises peuvent également trouver une boîte à outils sur la prévention des accidents du travail, de trajet et des maladies professionnelles.
MP: Tous les deux ans, nous organisons un grand forum national et le dernier en date s’est déroulé le 19 avril à Luxexpo. Nous y avons enregistré 1.300 visiteurs et nous avons reçu des retours extrêmement positifs des entreprises venues en nombre. À travers 100 exposants mais aussi des ateliers de travail qui comptent comme formation continue pour travailleurs désignés, de nombreux professionnels ont pu être sensibilisés sur des sujets comme la responsabilité pénale du dirigeant (la salle était pleine), la prévention des troubles musculo-squelettiques ou encore la norme ISO 45001 (relative au management, à la santé et à la sécurité au travail) et la prévention des risques psychosociaux.
AS: A cette occasion, les ministères de la Santé, de la Sécurité sociale et du Travail se sont associés avec l’AAA, l’UEL et l’INDR afin de décerner le Prix national Sécurité-Santé au travail 2018. Cinq lauréats ont été récompensés pour des mesures ou produits particulièrement innovants dans le domaine de l’amélioration de la sécurité, de la santé et du bien-être au travail.
Quels sont les rôles du label ESR et du label SGS?
AS: La responsabilité sociale qui est distinguée par le passage de certification RSE et la remise du label ESR porte aussi bien sur les domaines techniques que sur le plan humain. Un des volets, qui concerne la sécurité et la santé au travail peut être couvert par l’obtention du label «Sécher a Gesond mat System» de l’AAA, lequel est destiné aux petites et moyennes entreprises. La VISION ZERO encourage les entreprises à suivre une procédure labellisante SGS et/ou ESR pour mieux comprendre les impacts de leurs activités.

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