L’AIS innove pour le logement

Toujours en quête de logements pour accomplir au mieux sa mission, l’Agence immobilière sociale (AIS) s’attaque aujourd’hui au dossier des Baulücken, ces friches urbaines constructibles. Gilles Hempel, directeur de l’AIS, revient sur ce projet.
 
En 2018, l’Agence immobilière sociale (AIS) a franchi la barre symbolique des 500 logements en gestion. Un jalon dans le développement de l’Agence créée en 2009, instrument de lutte contre l’exclusion sociale par le logement. «Nous transformons des logements vides en logements sociaux. C’est le cœur de notre métier. Nous essayons de trouver des logements inoccupés, par exemple de personnes qui sont parties en maison de retraite ou qui ont reçu un héritage mais qui n’en ont pas besoin, pour mettre ce bien à disposition des personnes à revenus modestes», détaille Gilles Hempel, directeur de l’AIS.
Trouver des logements au Luxembourg est une mission de haut vol, tant les biens sont rares et profitent en premier lieu au secteur privé. Pourtant, les avantages de proposer un logement à l’AIS sont nombreux: l’agence est inscrite sur le bail et elle garantit le versement des loyers. Les propriétaires n’ont aucune relation directe avec les occupants. Tout est géré par l’AIS et les services sociaux.
Loyers et entretien garantis
«Nous sommes les interlocuteurs des propriétaires, nous payons tous les mois le loyer. Mais nous garantissons aussi l’état du logement, son entretien et, éventuellement, sa rénovation. Le propriétaire peut aussi récupérer son bien en cas de besoin», continue-t-il. «Les propriétaires ont la garantie d’une location sans soucis, sans risques. Depuis 2017, ils ont aussi un avantage fiscal avec une exonération à 50% sur les revenus locatifs. Cela compense une bonne partie de la perte par rapport au marché dit classique. Ils n’ont également jamais de perte lorsque le logement est vacant puisque le loyer continue d’être versé».
Reste que le parc de logements est limité, d’où l’idée de se pencher sur les Baulücken, friches constructibles qui sont souvent laissées à l’abandon par leurs propriétaires. Ces derniers attendent souvent de réaliser une plus-value lors de leur vente, ou bien le bon moment pour y construire. «Nous proposons aujourd’hui de louer ces Baulücken, de les entretenir et d’en assurer la gestion», explique Gilles Hempel. Quel intérêt pour l’AIS de gérer de simples terrains? Tout simplement en les valorisant de manière temporaire.
Des préfabriqués bien intégrés
«Nous avons développé avec Polygone et Banice Architects une solution d’habitat préfabriqué qui pourrait être installé ou démonté en très peu de temps». Sur le modèle des préfabriqués de chantier, mais avec un habillage pour parfaitement s’insérer dans l’environnement urbain, ces conteneurs aménagés permettraient de valoriser les friches et, surtout, de loger ceux qui en ont le plus besoin.
«Nous nous proposons d’utiliser le terrain tant que le propriétaire n’en a pas le besoin et, comme dans le cadre de nos locations classiques, de le lui rendre dans les meilleurs délais quand il en fait la demande», continue le directeur de l’AIS. Une belle opportunité pour les propriétaires de fonciers qui verraient ainsi les réseaux d’eau et d’électricité arriver sur leurs terrains, les trottoirs entretenus, avant d’en reprendre possession.
«Nous recherchons aujourd’hui des Baulücken dans tout le pays. Cela permettra également aux propriétaires d’éviter d’éventuelles taxes sur les logements et terrains vacants». Une alternative positive pour mobiliser des terrains et favoriser l’intégration du plus grand nombre. «Notre objectif est d’en faire des logements qui ressemblent à des constructions classiques, pour ne pas déranger le voisinage».
L’autonomie au cœur du projet
Une fois le cofinancement de ce projet validé par l’Etat, les premiers Baulücken sociaux devraient pousser dans tout le pays. «L’idée est de poser les premier modules cette année. Ils s’inscriront en plus dans le cadre de l’économie circulaire, car ils pourront être récupérés, déplacés et seront fabriqués en matériaux recyclables».
Comme toujours avec l’AIS, les occupants resteront accompagnés, dans leur quotidien, par un encadrement social. «Nous ne faisons pas du logement social classique mais de l’inclusion sociale. Le logement est un tremplin vers l’autonomie pour ces personnes qui ne gagnent souvent que le salaire social minimum. En leur enlevant le poids du logement, elles peuvent se consacrer à la recherche d’un emploi. Notre travail commence vraiment quand nous remettons les clés à un locataire et il s‘achève lorsqu’elles nous sont rendues. Depuis huit ans, plus de 200 locataires nous ont ainsi quittés et 10% d’entre eux sont devenus propriétaires». Maisons individuelles, appartements ou modules temporaires sur les Baulücken: l’AIS met tout en œuvre aujourd’hui pour dépasser les objectifs ambitieux qu’elle se fixe.

Lire sur le même sujet: