Les Tech for Good, un accélérateur vertueux de l’innovation
Accompagner des projets associatifs et des startups aux projets impactants en mettant en œuvre les nouvelles technologies au service de l’économie sociale et solidaire, c’est le défi que souhaite relever au Luxembourg la société InTech en y développant le concept des «Tech for Good». Interview de Sébastien Larose et Nicolas Sanitas, respectivement directeur et manager du pôle Innovation & Développement.
Pouvez-vous nous présenter brièvement les activités de votre société?
InTech aide les acteurs de la place luxembourgeoise (finance, administration, startups) dans leur transformation digitale en développant des applications spécifiques dédiées à leurs besoins. Dès le début, il a été mis en place, dans cette entreprise aux valeurs familiales, un modèle d’organisation simple et flexible. Aujourd’hui, en se basant sur cet ADN, les 100 collaborateurs d’InTech mettent tout en œuvre pour faire évoluer la société dans des contextes de plus en plus incertains.
Pourquoi choisir de mettre vos talents et compétences au profit de l’économie sociale et solidaire?
La taille d’InTech ne cessant de croître, et les exigences du marché aussi, il est apparu essentiel de structurer la société afin de répondre de manière efficiente à ces nouveaux challenges. C’est ainsi que fut créé, au sein d’InTech, le pôle Innovation & Développement.
La vocation de cette entité est d’explorer au travers d’expérimentations, de participations à des conférences et d’échanges variés, les nouvelles technologies, mais aussi leurs applications. Elle propose ensuite, dès que cela est possible, sa propre lecture de ces nouveautés, au travers de démonstrateurs (ou proofs of concept) et d’articles.
C’est en cherchant un terrain capable d’accueillir nos envies d’innovation, et en accord avec nos sensibilités communes, que nous nous sommes intéressés entre autres domaines, à la «Tech for Good».
Derrière cette expression se trouvent tous les projets visant à répondre à des enjeux sociaux, sociétaux ou environnementaux. Aujourd’hui, tout un écosystème de startups prêtes à relever ces challenges émerge; mais cet écosystème est fragile, et même si les enjeux sont grands et que chacun des projets qu’il regroupe peut potentiellement atteindre des dizaines de milliers de personnes, les financements sont intimement liés à leur capacité d’impact, très difficile à évaluer a priori.
Les réalisations techniques ambitieuses que nous confient ces startups sont un formidable moyen pour nous de mettre en œuvre les innovations que nous identifions; en échange de cette liberté, nous soutenons techniquement des projets ambitieux et porteurs de sens.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’investissement d’InTech auprès des porteurs de projets?
Nous nous sommes rapprochés de l’incubateur ShareIT à l’été 2017, soit dès son démarrage. En septembre de la même année, nous avons commencé à suivre l’ONG WWoW («We are NOT Weapons of War») fondée par Céline Bardet qui combat le viol massif et organisé, utilisé comme arme de guerre, afin de le faire condamner de manière plus systématique. Nous l’avons accompagnée en créant une plateforme permettant le signalement par les victimes et témoins de faits de viols dans des contextes de conflits. La gestion de ces signalements se faisant au travers d’une application dédiée aux juristes. L’innovation sur ce projet a été apportée aussi bien par la blockchain, dans laquelle peuvent être notarialisés les signalements, que par l’intelligence artificielle, qui assiste les juristes dans le tri et le regroupement des informations. Les données traitées sont archivées de manière légale sur le territoire luxembourgeois grâce à EBRC, une société sœur d’InTech.
L’accès à de tels moyens numériques constitue une avancée majeure pour WWoW qui a pour ambition de disrupter la justice internationale; et nous sommes fiers de participer à cela. Notre action a permis à cette association de se doter d’un outil lui permettant d’une part de réaliser les premiers tests grandeur nature sur le terrain et d’autre part d’effectuer des démonstrations aux bailleurs de fonds pouvant l’aider à poursuivre son action.
Y a-t-il d’autres projets que vous avez accompagnés?
Dans un autre registre, nous travaillons avec l’association HAND (Hackers Against Natural Disasters), toujours par l’entremise de ShareIT.
Leur but est de couvrir de capteurs les territoires sur lesquels les risques naturels pour la population sont élevés. Dans une démarche d’autonomisation, les populations sont formées à utiliser, entretenir et réparer le matériel. InTech a pu aider ce projet en le mettant en relation avec POST Luxembourg, sa maison mère. Celle-ci lui a mis à disposition une plateforme capable de collecter les données issues des différents capteurs pendant la phase d’incubation dans l’accélérateur parisien dédié aux projets à impact.
Quelle place auront les projets sociaux chez InTech à l’avenir?
Forts de nos expériences et collaborations, nous nous sommes construit une légitimité dans le domaine de la Tech for Good et nous comptons bien multiplier les projets cette année, toujours au sein de notre partenariat avec ShareIT. Certains s’inscriront dans un plan international comme l’accompagnement technique de «Bibliothèque Sans Frontières», d’autres seront plus localisés, notamment en France avec l’association Lilloise «Signes de Sens» promouvant la langue des signes.
Enfin, et ce sera le point d’orgue de notre activité Tech for Good cette année, nous initions au Luxembourg les 12 et 13 octobre prochains le premier hackathon dédié à cette thématique: Lux4Good. Cet événement, gratuit pour les participants et qui se tiendra au Technoport, permettra la rencontre des acteurs du monde digital avec ceux de l’économie sociale et solidaire autour de la réalisation de projets concrets. Ceux-ci seront fournis par des associations ou startups essentiellement luxembourgeoises, et concerneront des problématiques variées: autant de belles occasions pour les développeurs, designers, data scientists ou product owners d’allier frugalité, imagination et innovation au service de causes nobles.
Sans oublier ses racines, InTech se transforme. En développant nos capacités d’innovation tout en faisant croître notre responsabilité sociétale, avant tout au Luxembourg mais aussi dans le monde, nous rendons chaque jour InTech plus inclusive, et donnons du sens à notre action.