La réforme des services de secours

Actuellement, les services de secours se composent de la protection civile et des services d’incendies et de secours, le premier corps étant sous l’égide de l’Etat, le second relevant des communes qui toutes, sont obligées de disposer d’un corps de sapeurs-pompiers. Le 1er juillet 2018, le CGDIS unifiera les sapeurs-pompiers et la protection civile en un seul et même Corps grand-ducal d’incendie et de secours. Cet établissement public sera sous la responsabilité partagée de l’Etat et des communes; le conseil d’administration sera composé de 16 membres, dont 8 nommés par l’Etat et 8 par le secteur communal (2 par région). Interview de Dan Kersch, ministre de l’Intérieur, qui nous en dévoile les grandes lignes.
 
Des suppressions de centres de secours et par conséquent, un allongement des temps de réaction, sont-ils à craindre?
La loi ne prévoit aucune fermeture de caserne mais la création de quinze nouveaux centres régionaux à travers le territoire. De nombreuses synergies seront alors possibles et il revient aux communes de décider de la pertinence de garder ou non, leur corps de sapeurs-pompiers.
Pour ce qui est des temps de réaction, l’objectif de la loi est d’arriver en conditions normales, sur n’importe quelle zone du territoire en partance des quinze centres régionaux en un quart d’heure suivant l’appel.
 
Un mot sur la réorganisation des casernes et des effectifs…
Les casernes sont catégorisées selon leurs tailles: les plus petites sont des C1, la majorité des C2, les 15 centres régionaux des C3 et C4, dont le Centre national d’incendie et de secours du Ban de Gasperich, qui constitue une C4bis (voir photo).
Lorsque nous avons présenté le projet de loi en 2015, l’administration des services de secours comptait 98 personnes contre 250 actuellement. Les 200 pompiers professionnels de la Ville de Luxembourg, une soixantaine de pompiers de l’aéroport et une cinquantaine de sapeurs-pompiers viendront renforcer les effectifs de l’établissement public. Au 1er juillet 2018, l’effectif total comptera quelques 550 agents professionnels auxquels il faudra rajouter environ 5.000  bénévoles issus de la protection civile et des services communaux d’incendie et de sauvetage, ce qui fera du CGDIS, la plus grande administration du pays.
 
Les effectifs seront-ils néanmoins à la hauteur de la croissance démographique du pays?
Il y a actuellement une cinquantaine de candidats qui sont encore en formation et qui viendront renforcer les effectifs d’ici la fin de l’année. Il faut comprendre qu’un système composé essentiellement de professionnels est impossible à mettre en place au Luxembourg. Le bénévolat est indispensable aux services de secours et c’est pour cela qu’il nous faut continuer les investissements dans le volontariat.
 
Certaines communes ont avancé des craintes quant au financement du CGDIS…
Les communes finançaient jusqu’à présent près de 60% du montant total; au 1er juillet 2018, le financement sera assuré à parts égales avec l’Etat qui continuera de prendre à sa charge les services de l’aéroport, le SAMU ainsi que les interventions internationales.
Bien sûr, les ressources humaines vont également continuer de croître, ce qui représentera un coût non-négligeable mais des économies significatives seront réalisées grâce aux synergies de casernes, et donc de matériel.
Le budget annuel s’élève à 100 millions d’euros dont 21% sont supportés par les communes, 21% par l’Etat, 40% proviennent de la TVA, 5% de l’impôt spécial dans l’intérêt des services de secours, et le reste de factures payées à l’établissement. D’après nos estimations, la plupart des communes paieront moins que par le passé.
 
Par Julien Brun
 

Lire sur le même sujet: